Un consortium national s'est constitué pour développer un fil photovoltaïque pouvant être tissé et donner naissance à des textiles producteurs d'électricité. Les utilisations potentielles sont nombreuses et variées mais plusieurs années de R&D sont encore nécessaires. Entretien avec Jean-Luc Ledys, le directeur Technologie Innovation de Sunpartner.
Après les capteurs solaires à concentration qui réduisent les panneaux photovoltaïques à la taille d'une simple barrette, après le film photovoltaïque translucide qui rend quasiment invisible la cellule, Sunpartner continue d'étendre les limites des technologies de production d'électricité. Dernier projet en date, le développement d'un tissu photovoltaïque, baptisé "Soltex".
"Notre projet de R&D est né en 2013, avec la mise en place d'un consortium d'acteurs français (voir encadré en page 2) aidé par les équipes d'Oséo devenu BPI France depuis. Il a été labellisé par le pôle de compétitivité CapEnergies en octobre et a démarré officiellement le 1er février 2014", nous précise Jean-Luc Lédys. L'objectif ? "Développer un textile qui intègre un dispositif de production énergétique photovoltaïque sans toutefois impacter le poids, les propriétés mécaniques et le prix de ce textile", poursuit-il. Pour autant, Sunpartner ne cherche pas à plaquer du photovoltaïque laminé à la surface d'un textile. Une solution qui modifie ses caractéristiques physiques (rigidité, poids) et son apparence. "Il y a des tentatives industrielles sérieuses. Mais nous sommes partis dans une direction différente. Notre approche consiste à développer un fil photovoltaïque intégré au tissage ou au tricotage, permettant un respect de l'esthétique du tissu", fait valoir le directeur Technologie Innovation.
Du silicium amorphe tissé
Techniquement, le fil sera composé de silicium amorphe, comme certains panneaux photovoltaïques, un matériau choisi pour sa capacité à bien convertir la lumière diffuse en énergie, et sa moindre sensibilité à l'orientation. "Il est solide mécaniquement et facile à mettre en œuvre", soutient Jean-Luc Lédys, qui enchaîne : "Le silicium amorphe est plus fiable que les cellules photovoltaïques organiques et présente un meilleur rendement que cette autre technologie, qui est en plus sensible à l'oxygène, nécessitant alors une encapsulation dans du verre, ce qui la rend peu compatible avec une utilisation textile". Une fois intégrés dans une nappe, les fils, de quelques dizaines de micromètres d'épaisseur, deviendront imperceptibles tout en conférant la possibilité de produire de l'électricité. La puissance sera certes limitée, de l'ordre de 10 à 20 W/m² de textile. "L'idée n'est pas de produire un maximum d'énergie mais d'en produire localement sans perturber le matériau, sans trop l'alourdir", explique le responsable du programme de R&D. Le surpoids serait en effet contenu à environ +5 % de masse surfacique.
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Découvrir les applications proposées pour le tissu photovoltaïque en page 2.