La translucidité est une propriété que l'on ne s'attend pas à rencontrer dans le béton. L'apparition, au milieu des années 2000, de différents produits comme le "LiTraCon" (Light Transmitting Concrete) hongrois, a repoussé les limites de la créativité architecturale. Plus résistants que le verre et plus transparents que le béton classique, ces matériaux innovants intègrent le plus souvent des fibres optiques (environ 5 %) afin de permettre à la lumière de filtrer au travers du matériau opaque. Les panneaux en béton translucide, dont les fabricants ont multiplié les déclinaisons ("Lucem", "Luccon"…), sont désormais utilisés en architecture pour réaliser des façades et des parements de murs intérieurs. Le groupe Italcementi a, pour sa part, choisi d'incorporer une résine et des adjuvants à son ciment, plutôt que des fibres optiques, afin de baisser les coûts de production, jugés trop élevés. Les éléments béton "i.light", dont la surface transparente atteint les 20 %, affichent une résistance aux UV, mais restent destinés aux applications non structurelles (bardages rapportés et cloisons). Ciments Calcia (filiale d'Italcementi Group) annonce également pouvoir proposer une version autonettoyante, grâce à des propriétés photocatalytiques.
Le producteur de ciments a également développé un produit d'une grande blancheur, spécialement pour le projet d'église du Jubilée de Rome par Richard Meier, le "Bianco TX Millenium". Très fin, il contient des agrégats de marbre de Carrare, plus doux que le granit, qui confèrent une grande brillance. Il incorpore également du métakaolin pour un effet de matière lisse, tandis que le fluidifiant comporte du dioxyde de titane, permettant de renforcer la blancheur et la brillance. Le pigment apporte, là aussi, ses capacités de dégradation des polluants organiques afin de maintenir les qualités esthétiques du béton dans le temps. Les progrès réalisés dans la formulation du ciment entrant dans la composition du béton ultra-blanc se retrouvent, depuis, dans d'autres produits plus généralistes.
Quid du futur ?
L'avenir réserve encore de nombreuses surprises, comme nous le dévoile Isabelle Pirès : "Pour la résistance aux rayures des vitrages, nous travaillons sur la transformabilité des couches, pour que nos clients transformateurs n'aient pas de problèmes lors de leurs opérations. Elle réside donc dans le process et pas dans le produit lui-même. Pour l'esthétique, nous travaillons sur des textures par impression, des teintes dans la masse et des effets miroirs. Il y a des choses prévues en 2015 pour faciliter l'intégration du verre en façade ou en intérieur". L'industriel travaille notamment sur les différents aspects de ses procédés de production afin de limiter l'impact environnemental en réduisant les étapes de cuisson. Le but ? Diminuer l'empreinte écologique des produits. Un axe que suivent tous les acteurs des matériaux de construction.