Des arcs en béton, clés de voûte de la restauration d'une piscine parisienne

 

Malheureusement, au fil des années, la piscine avait un peu perdu de son âme d'antan. Sans compter ses normes obsolètes (notamment en termes de confort, d'énergie et d'accessibilité). C'est pour retrouver son esprit que la ville de Paris a confié le chantier de rénovation à l'agence TNA Architectes.

 

Inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1990, l'équipement a donc connu une remise à plat des installations techniques. "Nous avons posé une centrale à air pour le bassin, un système double flux pour la ventilation et nous avons dû travailler sur la maîtrise de l'hygrométrie. Sur ce dernier point, il était essentiel de trouver un équilibre de l'air pour procurer une sensation de chaleur mais aussi pour préserver le bâtiment", explique Thierry Nabères de TNA architectes. Toujours côté technique, certaines parties du bâtiment ont été isolées par l'intérieur avec du verre cellulaire, et d'autres s'appuient sur la récupération de la condensation des chambres à buées. Chantier de grande envergure oblige, les architectes ont eu leur lot de surprises dont une tout particulièrement : "La piscine est implantée au-dessus d'une carrière présentant un vide. Ce dernier s'est avéré instable en raison de fuites passées dues à des installations techniques en sous-sol. Il a donc fallu le combler par 300 m3 de béton. Résultat : nous avons mené deux chantiers en même temps", raconte Thierry Nabères.

Des dégradations à réparer pour un espace tout en sobriété

Outre la technique, le projet devait bien sûr revoir le principal atout du programme : l'espace bassin. Entre une halle dégradée (éclatements de béton sur les faces externes, poteaux endommagés, etc.), un bassin avec une mauvaise étanchéité, un plafond constitué de pavés de verre abîmés, de nombreux éléments étaient à refaire, voire à changer. Mais le premier objectif fut de redonner au site son caractère initial et d'ôter la couleur qui avait été posée lors d'une première réhabilitation dans les années 90. Exit le jaune et l'orange, place à la sobriété du béton blanc. L'idée résidait surtout dans la mise en valeur des structures porteuses et des lignes épurées. Pour cela, un travail d'orfèvre a été effectué : "Nous avons coulé le béton des voûtes à la main, seau par seau, pour créer les arcs. Quant aux pavés de verre du plafond, certains étaient cassés, d'autres encrassés. Il a donc fallu les refaire à l'identique", précise Thierry Nabères. Pour parachever l'ensemble, les vestiaires ont subi eux aussi une cure de jouvence pour retrouver leur aspect d'autrefois, notamment à travers des petites touches telles que la couleur rouge foncé de la frise décorative, ou la forme des portes en bois. Reste les douches modernes qui, elles, ont été créées de toutes pièces : "Nous avons eu carte blanche pour cette partie que nous avons souhaitée épurée. Un monolithe central noir abrite les douches", ajoute Thierry Nabères. Inauguré en juillet 2014, le complexe accueille désormais les nageurs et les scolaires. Et le succès est au rendez-vous puisque cet été, la capacité du complexe a grimpé à 1.500 personnes par jour. Toutefois, le projet est loin d'être achevé puisqu'une deuxième phase se profile avec la rénovation des bains douche, du bassin en plein air et de la façade extérieure.