Après vingt mois de manifestations et de polémiques, la Lorraine a tourné, mercredi 24 avril, une page de son histoire industrielle avec la mise à l'arrêt définitive des hauts-fourneaux de l'usine ArcelorMittal à Florange (Moselle). La procédure complète de mise sous cocon de l'usine à chaud devrait être achevée d'ici à fin juin. Précisions.
La procédure d'extinction définitive des hauts-fourneaux du site ArcelorMittal à Florange (Moselle) a commencé ce mercredi 24 avril auprès de la direction de l'entreprise. Ainsi, la plupart des 122 salariés de la filière à chaud, dans l'attente d'un reclassement ont été mobilisés pour opérer à la fermeture du site, a confirmé la direction. Au final, cet arrêt concerne les quatre tours de chauffe (ou cowpers) qui il y a encore quelque jours, étaient en état de marche à Florange : trois sur le haut-fourneau P6 et une sur le P3.
Ce processus complexe, visant à couper l'alimentation en gaz des tours de chauffe - maintenues en veille depuis octobre 2011- prendra plusieurs semaines, jusqu'à la fin juin. "L'arrêt des tours de chauffe marque bien le début du lancement de la procédure de mise sous cocon", a déclaré ainsi Henri-Pierre Orsoni, directeur général d'ArcelorMittal Atlantique.
Fermeture inéluctable
La procédure complète de mise sous cocon de l'usine à chaud, qui devrait être achevée d'ici fin juin, comprend précisément l'arrêt et la consignation de toutes les installations de la phase "liquide" de Florange, ainsi que la mise en sécurité du site.
Cette fermeture d'une partie de l'usine, qui conserve ses activités dites à froid (packaging et automobile), était prévue dans l'accord conclu fin novembre dernier entre le Gouvernement et le numéro un mondial de l'acier, qui la jugeait inéluctable en raison du contexte économique.
Ce texte prévoit aussi qu'il n'y aura aucun licenciement sec pour les 629 salariés concernés (sur les quelque 2.500 du site) : 206 d'entre eux ont atteint l'âge de la retraite depuis la signature de l'accord et 423 ont obtenu une promesse de reclassement. Les négociations avec les partenaires sociaux vont débuter bientôt.
32 millions d'euros supplémentaires pour le projet "Lis"
En outre, ArcelorMittal a pris l'engagement d'investir 180 millions d'euros en cinq ans dans la filière à froid. Par ailleurs, interrogé sur l'abandon du projet "Ulcos" visant à réduire les émissions de CO2 dans le processus de fabrication de l'acier, ArcelorMittal a assuré qu'il poursuivrait ses programmes de recherche en France, autour d'un nouveau projet baptisé "Lis".
Lundi 22 avril, le groupe a annoncé 32 millions d'euros supplémentaires d'investissements dans ce programme par le biais d'un partenariat public-privé, mais les possibles applications industrielles ne seront pas connues avant six ans... "Ces engagements seront tenus et j'en serai, avec le Gouvernement, le garant", avait assuré pour rappel François Hollande en décembre dernier.
Par ailleurs, comme ils l'avaient fait pour Nicolas Sarkozy, une vingtaine de représentants syndicaux Force ouvrière d'ArcelorMittal ont déposé ce mercredi sur le site de Florange, une stèle en mémoire des "promesses non tenues" et de la "trahison" du président François Hollande…