EN CHIFFRES. En 2022, la rémunération moyenne des travailleurs indépendants a fait, tous secteurs confondus, du sur-place. Exception faite des entrepreneurs de la construction, qui ont vu leur rémunération progresser, même après le rattrapage post-pandémie. Mais attention au retour de boomerang de l'inflation.
Le rattrapage post-Covid des rémunérations des indépendants n'a pas fait long feu, sauf dans certains secteurs. D'après les données qu'elle a compilées pour l'exercice 2022 et qu'elle vient de rendre publiques, l'Urssaf indique que le revenu moyen des travailleurs indépendants (TI) dits classiques - ce qui exclut les auto-entrepreneurs - a baissé de 0,5% par rapport à 2021, s'établissant à 45.531 €, tous secteurs d'activité confondus.
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Une stagnation d'autant plus marquée que ce même revenu avait bondi de 10,7% cette année-là, du fait de la reprise économique faisant suite aux confinements sanitaires. Si certains secteurs affichent une diminution particulièrement marquée de leur revenu moyen (métiers de bouche, poste et courrier, médecine générale...), d'autres présentent au contraire une rémunération en hausse.
Le nombre d'indépendants exerçant dans le BTP a progressé de 1,6% à 3,1% selon les métiers
C'est le cas du bâtiment et des travaux publics. Selon les données de l'Urssaf épluchées par Batiactu, on a recensé 74.200 TI dans le gros-oeuvre en 2022 (des effectifs en hausse de 3,1% sur un an), 63.700 dans les travaux d'installation (+2,7%) et 76.100 dans les travaux de finition (+1,6%). Ce qui démontre une certaine attractivité de ces métiers, qui ont continué à grossir leurs rangs malgré la crise.
Le revenu d'activité global de ces professions s'est élevé à 2,4 millions d'euros pour le gros-oeuvre (en progression de 4,9% sur un an), 2,1 millions pour les installations (+3,9%) et 2,3 millions pour les finitions (+4%). Non seulement ces segments d'activité ont attiré davantage d'entrepreneurs sur la période, mais ils ont aussi généré un plus grand chiffre d'affaires.
Leur revenu moyen hors inflation a progressé de 1,1% à 4,8%...
En moyenne, les professionnels du gros-oeuvre se sont dégagé un revenu de 33.265 € en 2022, 34.115 € pour ceux des installations et 31.325 € pour ceux des finitions. On note que ces revenus moyens ne cessent de croître depuis 2019, et ce malgré les perturbations économiques provoquées par le coronavirus.
En effet, si le revenu moyen des indépendants du gros-oeuvre n'a augmenté que de 1,7% en 2022 en comparaison à 2021, la hausse est en revanche de 4% par rapport à 2019. Idem pour les travaux d'installation : +1,1% par rapport à 2021, mais +4,8% par rapport à 2019. Et les travaux de finition ne font pas exception : +2,4% en comparaison à 2021, +5,3% en comparaison à 2019.
Non seulement les indépendants du BTP semblent avoir gagné plus en 2022 qu'en 2021, mais ils ont également gagné plus qu'en 2019, donc avant que la pandémie ne survienne et ne bouleverse durablement l'économie mondiale. Ce qui semble, a priori, confirmer une certaine résilience du secteur.
... mais leur revenu moyen avec inflation a chuté de 1,6% à 4%
Las, il s'agit ici des rémunérations en euros courants, autrement dit telles qu'elles sont indiquées à une période donnée. En se penchant sur les revenus moyens exprimés en euros constants, c'est-à-dire corrigés de la variation des prix et prenant donc en compte l'inflation (qui s'est élevée à 5,2% en 2022), la réalité est toute autre.
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Les TI du gros-oeuvre ont ainsi vu leur rémunération moyenne baisser de 3,4% en 2022 par rapport à 2021, et de 3% par rapport à 2019. Le revenu moyen des professionnels des installations a fondu de 4% en 2022 en comparaison à 2021, et de 2,2% en comparaison à 2019.
Celui des artisans spécialisés dans les finitions s'est également rétracté de 2,8% par rapport à 2021, et de 1,8% par rapport à 2019. Ce qui veut donc dire que si les professionnels du BTP ont théoriquement gagné plus en 2022, la hausse générale des prix les a rattrapés et a malgré tout rogné sur leurs revenus professionnels.
37,5% des indépendants sont employeurs
Tous secteurs confondus, les données de l'Urssaf s'attardent sur d'autres indicateurs, tels que l'emploi de salariés, le sexe ou encore l'âge des entrepreneurs.
"En 2022, 37,5% des travailleurs indépendants classiques sont employeurs (711.000) et ont déclaré 40,4 milliards d'euros de revenus, soit 46,9% du montant déclaré par l'ensemble des TI classiques. Le revenu moyen des TI employeurs (56.861 €) est 1,5 fois plus élevé que celui des TI non employeurs et croît avec le nombre d'employés", précise l'organisme public dans un communiqué.
En outre, "les écarts de revenus entre femmes et hommes sont plus prononcés parmi les employeurs que parmi les non employeurs, de même qu'entre les plus âgés et les plus jeunes". Sur certains sujets, la route est visiblement encore longue.