L'installateur d'éoliennes allemand Prokon a déposé le bilan, entraînant des pertes significatives pour les 75.000 petits épargnants qui constituaient son actionnariat. Une faillite de plus dans les énergies renouvelables outre-Rhin où le gouvernement a choisi de baisser drastiquement les subventions afin de freiner la hausse du prix de l'électricité.
Le développement des énergies renouvelables en Allemagne connaît des soubresauts. Après avoir décidé de sortir du nucléaire en 2011, au lendemain de la catastrophe de Fukushima, Berlin avait poussé les EnR à grands coups de subventions. Mais la décision de revenir sur ce système vient de faire une nouvelle victime, le développeur de parcs éoliens Prokon. L'entreprise, qui emploie environ 1.300 personnes, avait été créée au milieu des années 1990 et exploitait 54 parcs d'une puissance totale de 504 MW (avec 314 turbines), dont 43 sites en Allemagne (436 MW) et 11 en Pologne (68 MW). Optimiste, la société prévoyait, en outre, de construire 29 autres parcs éoliens en Allemagne (19), Pologne (7) et de s'implanter en Finlande (3) dans les années à venir. En tout, depuis leur entrée en service, les différentes fermes éoliennes de Prokon avaient délivré 5,915 TWh de courant électrique.
75.000 épargnants dans la tourmente
La particularité de l'entreprise résidait dans son actionnariat : il reposait sur une myriade d'épargnants à qui la société promettait de mirobolants taux de retour sur investissement, de l'ordre de 6 à 8 %. De quoi séduire des nombreux petits investisseurs qui se retrouvent aujourd'hui pris au dépourvu, avec le dépôt de bilan. Le groupe se veut toutefois rassurant : cet épisode, qui fait suite à un redressement judiciaire, "ne signifie en aucun cas la fin de Prokon. (…) Nous sommes toujours bien positionnés opérationnellement et nous sommes sûrs que nous surmonterons ces difficultés". L'administrateur judiciaire aurait également assuré que la société était "sur la bonne voie" et qu'il n'était pas évident qu'il s'agisse bien d'un cas de faillite. La demande auprès du tribunal d'Itzehoe (Schleswig-Holstein) aurait été déposée "par précaution".
Face à cette situation, qui risque de générer des pertes importantes pour les 75.000 épargnants concernés, le gouvernement allemand a annoncé que de nouvelles dispositions de protection allaient être étudiées. Angela Merkel, elle-même, a déclaré : "Nous devons toujours examiner de nouvelles formes de participations de citoyens et la sûreté de tels produits".