TECHNOLOGIE. Qu'il s'agisse de simples ergosquelettes de posture ou de véritables exosquelettes robotisés, l'arrivée de ces technologies d'assistance des travailleurs de force ne doit pas être faite dans l'improvisation. L'INRS étudie de près des questions relatives à la sécurité de ces machines et propose une information à destination des entreprises intéressées par leur éventuelle acquisition.
Ce n'est pas encore demain que tous les ouvriers du BTP seront équipés d'exosquelettes. Mais ces technologies d'assistance font une entrée remarquée dans le quotidien de certains travailleurs, qu'il s'agisse de logistique chez Point.P, de travaux de voirie chez Colas ou de second-œuvre chez SOE Stuc & Staff. Et loin de réjouir l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS) pour leurs capacités à réduire la pénibilité de certaines tâches, elles questionnent voire inquiètent sur l'apparition possible de problèmes aussi nouveaux qu'inattendus, comme le report de certaines contraintes sur d'autres parties du corps, ou des risques de déséquilibre.
Aussi l'INRS mène-t-il des travaux sur l'intérêt et les limites de l'utilisation de ces nouvelles solutions robotisées ou non. Il explique : "Des entreprises de toutes tailles et de différents secteurs d'activités se lancent aujourd'hui dans l'expérimentation voire l'acquisition d'exosquelettes pour gagner en productivité, innover ou améliorer les conditions de travail. Si les premières études expérimentales démontrent que ces nouvelles technologies d'assistance physique peuvent s'avérer efficaces pour limiter les contraintes musculaires, leur usage en situation réelle de travail soulève néanmoins de nombreuses questions pour la prévention des risques professionnels liés à la charge physique et, en particulier, des troubles musculo-squelettiques". Le dirigeant de SOE Stuc & Staff par exemple, qui a développé et adopté un exosquelette Exhauss pour soulager ses compagnons tenant des outils de ponçage à bout de bras pendant des heures, nous expliquait récemment avoir été scruté par l'INRS et l'OPPBTP. Les deux organismes ont procédé à des observations et effectué des mesures, afin d'évaluer l'impact - positif ou négatif - de la machine sur l'employé. Mais ils n'avaient rien trouvé à redire.
Non, l'exosquelette n'est pas l'arme absolue du travailleur
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Jean-Jacques Atain-Kouadio, ergonome à l'INRS répond : "Loin d'être une solution clé en main, le recours à ces aides doit s'intégrer dans une véritable démarche de prévention. Les effets de leur introduction à un poste de travail doivent être évalués et suivis dans le temps". L'Institut a donc décidé de mettre en place une offre d'information afin d'éclairer les choix des entreprises avant qu'elles ne se lancent. Elle prend la forme d'un guide intitulé "10 idées reçues sur les exosquelettes". Les experts rappellent par exemple que tous les systèmes ne sont pas actifs et motorisés mais que certains sont constituées d'armatures élastiques, et que ces harnais ne constituent pas la solution absolue contre les TMS. Ils signalent également que ces équipements peuvent ne pas être adaptés à certaines morphologies ni à toutes les tâches. Et martèlent : "Il est indispensable de prévoir une phase de test de l'exosquelette hors situation de production, puis en situation réelle de travail, afin de s'assurer de son appropriation par l'utilisateur". Avant d'ajouter : "L'intégration d'un exosquelette dans le milieu professionnel nécessite par ailleurs une réflexion sur l'aménagement (espace, circulation) ou la réorganisation (temps d'équipement, temps de réalisation de la tâche) de la situation". Pour eux, ce sont à ces conditions que l'adoption de ces ustensiles sera vraiment profitable… Avant que les robots ne nous remplacent tous ?