TECHNIQUE. Déconstruction par bras mécanique, grignotage ou foudroyage ? Les méthodes de démolition sont nombreuses et variées. En fonction de quels critères les maîtres d'ouvrages doivent-ils se décider ? Réponse avec les experts du groupe Ginger qui ont publié un mémorandum sur la question.
La démolition d'un bâtiment est une opération particulière pour un maître d'ouvrage. Au moment de décider de la méthode à adopter - déconstruction mécanique ou démolition par explosif - il convient de prendre en compte différents aspects, comme le soulignent les experts du groupe Ginger, spécialistes des questions d'ingénierie du bâtiment et des travaux publics. Dans un article publié sur leur blog, ils évoquent : "Si, pour des raisons de sécurité, la démolition d'une centrale thermique (…) est toujours réalisée à l'aide d'explosifs, la déconstruction mécanique reste la méthode la plus courante pour les logements sociaux ou les bâtiments industriels".
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Pour les maîtres d'ouvrage, la première caractéristique à considérer, est la nature même du bâtiment ainsi que sa configuration et les contraintes liées au site : la déconstruction mécanique sera préférentiellement utilisée pour des immeubles de logements sociaux en centre urbain ou des ouvrages industriels situés sur un site de production encore en activité. La technique de démolition par explosifs sera, en revanche, plus adaptée à des ouvrages de plus grande hauteur (R+10 au minimum) ou à des structures non conventionnelles (centrale électrique notamment) ou située en site contraint, à proximité d'axes routiers ou de lignes de transports en commun, afin de limiter les temps d'intervention. D'autres considérations rentrent en ligne de compte, comme les enjeux et objectifs de l'opération de démolition.
Si la maîtrise d'ouvrage choisit la première option, de déconstruction mécanique, elle pourra envisager de faire intervenir des pelles mécaniques "à grands bras". Ces engins sont munis de pinces hydrauliques destinées à saisir des blocs de béton ou des ferrailles, voire de brise-roche pour des bétons très compacts. Ils viennent "grignoter" le bâtiment de haut en bas, tout en restant eux-mêmes au sol. Ginger précise : "Si cette technique permet d'assurer la stabilité provisoire de l'ouvrage, elle nécessite cependant des conditions de sécurité strictes". Autre option, celle de procéder par "écrêtage", à l'aide d'une plateforme installée au sommet de l'édifice où s'activent des mini-engins de déconstruction qui le démantibulent, étage par étage. "Cette technique permet une meilleure maîtrise des chutes de matériaux", assure le groupe d'ingénierie français.
Chute contrôlée
Dans le cas d'une démolition par explosifs, là encore, plusieurs variantes sont proposées. Le simple foudroyage consiste à démolir un ouvrage de façon à ce qu'il s'effondre sur lui-même verticalement, ce qui permet de limiter la zone d'impact des matériaux. Comme le soulignent les experts de Ginger : "Cette méthode nécessite un savoir-faire technique approfondi, une grande connaissance des structures, et ce quel que soit le matériau, et une rigueur organisationnelle et sécuritaire spécifique". Le foudroyage lent, pour sa part, sera plus indiqué pour des immeubles allongés, comme des barres HLM. Enfin, pour certains édifices particuliers, la maîtrise d'ouvrage pourra opter pour le basculement qui consiste à placer des charges explosives au pied du bâtiment afin de l'orienter dans sa chute. Le recours à cette technique se justifie par la présence de machines industrielles de grande taille, telles des chaudières de plus de 2.000 tonnes, suspendues à des structures et impossibles à mettre en sécurité lors d'une déconstruction classique.
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Ginger conclut : "La démolition d'un ouvrage n'est pas une opération anodine, il est utile de rappeler qu'elle ne peut être entreprise aujourd'hui sans études spécifiques préalables, pour répondre précisément aux objectifs du maître d'ouvrage, et qu'elle doit être réalisée en respect de la réglementation en vigueur".