Le conseil de Paris a réduit les surfaces de bureaux au profit des commerces, universités et espaces verts. Ce programme est le plus ambitieux depuis Haussmann.

Depuis le lancement du programme d'urbanisme pour la ZAC Rive-Gauche, à Paris, en 1981 par Jacques Chirac, alors maire de Paris, le projet a subi de nombreuses modifications. Pour certains, elles illustrent les difficultés à mener un programme aussi ambitieux, qui s'étire sur 130 hectares et qui doit relier la capitale à la ville d'Ivry. Pour d'autres, elles sont le signe d'une adaptation aux besoins et d'une écoute des attentes des parisiens.

A l'origine du projet, la volonté de transformer une vaste zone occupée par les voies ferrées partant de la gare d'Austerlitz , les anciens frigos de Paris, l'usine Sudac, les Grands Moulins ou la halle aux farines.

Ce vieux quartier industriel bloque l'expansion de la capitale, à l'époque où les besoins en logements et en bureaux se font ardemment sentir. Aussi, il faut rétablir une continuité entre le 13ème arrondissement et la Seine, ce que sera chargé de permettre le pont Charles de Gaulle, construit entre 1987 et 1996.

La ZAC devient vite un laboratoire d'idées et le lieu où s'imagine l'urbanisme de demain. Ainsi, l'architecte Yves Lion, lorsqu'il propose un programme de construction de " tours modérées " (25 étages), décrit ce que sera la ville dans dix ans.

" Les voitures feront moins de bruit, la pollution sera nécessairement moins forte, le périphérique toujours aussi fréquenté mais de façon moins agressive. " Cette description, jugée " naïve " ou au moins " hasardeuse " par ses confrères, le pousse à concevoir l'aménagement du périphérique comme une zone d'habitat.

Dans une autre direction, le recouvrement des rails par une dalle, dont 10 ha sur 28 ont déjà été réalisés, pourrait permettre l'érection de logements. " C'est une aberration urbanistique et financière de continuer à construire sur dalle jusqu'au boulevard périphérique ", a contredit Fabrice Piault, président de l'association Tam-Tam, l'une des plus active de l'arrondissement.

Le débat était donc tendu depuis bien longtemps, et nombreux furent ceux qui jugèrent l'avancement des travaux hasardeux, par à-coups, au gré des volontés de chacun. Mais aujourd'hui, le temps presse. Les futures orientations de la ZAC doivent être inscrites dans le prochain plan local d'urbanisme, qui doit remplacer le POS actuel.

C'est dans cette perspective que le conseil de Paris a rectifié hier l'acte créateur de la ZAC, qui date de 1981 et avait déjà été revu en 1997 par Jean Tibéri. Ce dernier avait prévu de consacrer 130.000m² à des locaux universitaires.

"Evolutions considérables"

Depuis, la convention " Université du troisième millénaire " (C3M) avait monté la barre à 210.000m². Et la nouvelle municipalité a dû en tenir compte. " Cette priorité, bienvenue pour donner une nouvelle dynamique à l'opération, n'est pas sans poser des problèmes. Car les terrains libres deviennent rares et le rectorat très exigeant ", avait ainsi indiqué Jean-Pierre Caffet, l'adjoint au maire chargé de l'urbanisme, en juin dernier.

Les modifications présentées hier vont dans ce sens. Le maire PS de Paris a souligné les " évolutions considérables du projet depuis deux ans " et " dans la mixité logements-activités, et dans le type d'activité, et dans le nombre d'espaces verts ".

" Le principe, c'est moins de bureaux, plus de logements, plus d'équipements collectifs, plus de concertation ", a pour sa par souligné Serge Blisko, le maire PS du 13ème arrondissement et maire de la SEMAPA, la société d'économie mixte de la Ville en charge du dossier.

Dans le nouveau programme, les bureaux passent de 900.000m² à 700.000m², les commerces, équipements collectifs et services de 252.000m² à 405.000m². la surface universitaire occupera désormais 210.000m², contre 130.000m² précédemment. Quant aux logements, leur surface totale diminue légèrement, avec une augmentation sensible du nombre de logements étudiants, sachant que trois logements étudiants équivalent à un logement familial. Enfin, la surface d'espaces verts passe de 80.600m² à 98.000m².

La conception de ce futur Quartier Latin du troisième millénaire pose un problème financier aux élus de droite. " En infléchissant le programme [de bureaux], on pose le problème de fond de l'équilibre financier ", a souligné Patrick Trémège (UMP), qui fait référence à la baisse programmée des recettes de la taxe professionnelle.

La ZAC, qui comptait 12.000 emplois en 2002, dont 2.000 à la Bibliothèque de France devrait en totaliser 28.000 en 2006 et 65.000 en 2012.

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