Frédéric Lefebvre a reçu mardi le rapport annuel sur les délais de paiement remis par Jean-Hervé Lorenzi, Président de l'Observatoire des délais de paiement. Si, globalement, les pratiques en la matière se sont largement améliorées, tous les secteurs d'activité ne sont pas logés à la même enseigne, notamment le bâtiment. Explications avec les principaux protagonistes du BTP.
La tendance à la baisse des délais de paiement se confirme en 2010. Alors qu'à fin 2009, la moyenne des délais de paiement des entreprises s'est réduite pour atteindre 49 jours de chiffre d'affaires pour le crédit clients et 56 jours d'achats pour le crédit fournisseurs, la tendance baissière se prolonge en 2010, et surtout la baisse des délais de paiement des entreprises est entrée dans une nette phase d'accélération depuis 2007. Rappelons que le thème des délais de paiement est une des principales réformes de la Loi de modernisation de l'économie (LME) lancée en 2008.
Mardi, Jean-Hervé Lorenzi, Président de l'Observatoire des délais de paiement, a présenté un rapport au secrétaire d'Etat en charge des PME, Frédéric Lefebvre. Ce dernier, alerté, il y a plusieurs mois, par la situation des entreprises bénéficiant d'accords dérogatoires arrivant à échéance en 2012, a demandé que soit rédigé un état des lieux et des propositions d'accompagnement pour ces entreprises. Et particulièrement celles du secteur de la construction, qui souffrent de problèmes de trésorerie réguliers. « Il y a encore des réticences dans l'application de la LME et des tensions perdurent dans les relations interentreprises », souligne le rapport Lorenzi. En effet, « si la réduction des délais a procuré des ressources supplémentaires à la majorité des PME - quelque 3 milliards d'euros, ndlr - elle a aussi accru les besoins de trésorerie des très petites structures (…) », ajoute-t-il. Un constat que fait bien évidemment la Fédération française du bâtiment : « Il y a eu une réduction effective des délais fournisseurs de 2.2 jours, mais une aggravation des délais clients. Soit au final, une perte de 4.5 jours de trésorerie, ce qui est énorme ! », s'inquiète Didier Ridoret. Mais ce qu'il pointe du doigt, c'est le problème des délais cachés. « Avec des modes de facturation à différents niveaux liés aux spécificités des métiers, le temps pris pour vérifier les factures n'est pas pris en compte dans le décompte des délais de paiement. Nous demandons donc à ce qu'il soit intégré dans les délais de paiement », explique-t-il.
Le Bâtiment pas forcément vainqueur
Aussi pour répondre à ces tensions et anticiper une sortie des accords dérogatoires à leur échéance le 31 décembre 2011, comme le préconise l'Observatoire, des mesures d'accompagnement sont prévues. Elles vont particulièrement toucher les très petites entreprises (TPE), qui sont impactées de façon différente des grosses et moyennes entreprises, et dont la situation n'a pas été prise en compte dans cet Observatoire, comme le déplore Sabine Basili, Présidente de la Commission des affaires économiques du bureau national de la Capeb. « Nous comprenons bien la préoccupation de l'Etat de mettre en place une économie plus saine, mais nos entreprises ont souffert et souffrent encore de problèmes de trésorerie, qui restent trop souvent sans réponse », renchérit-elle. Car la question des retards de règlement des particuliers, non traitée dans le cadre de la LME, appelle probablement un examen : depuis le départ, la filière du bâtiment indique qu'une partie des difficultés de trésoreries des entreprises provient des retards de paiement des ménages, qui ne sont soumis à aucune réglementation. Mais la Confédération des entreprises artisanales du bâtiment garde l'espoir d'une avancée, puisque les représentants du gouvernement ont indiqué entamer dès à présent un travail sur les TPE, avec notamment une étude spécifique sur l'impact sur les trésoreries de ces entreprises. Cela devrait se faire « rapidement », a indiqué Sabine Basili.
Au final, la situation du Bâtiment reste plutôt mitigée à l'issue de la présentation de cet Observatoire. SI la capeb met de l'espoir dans les mesures d'accompagnement annoncées, la FFB fait davantage un constat négatif, estimant que « le bâtiment a perdu dans cette opération ». D'ores et déjà, les deux organismes prévoient de ne pas lâcher prise et de poursuivre leurs efforts déployés depuis le premier jour des négociations.
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