Une cinquantaine d'élèves-ingénieurs et étudiants en architecture originaires des quatre coins du monde s'étaient donné rendez-vous la semaine dernière au château d'Epinal pour participer aux Défis du Bois. Sept jours durant, ils se sont attelés à la construction d'ouvrages en bois innovants. Un travail qui restera visible pendant quinze jours. Petit aperçu.
Pour participer aux Défis du Bois, challenge universitaire destiné à valoriser l'usage du bois dans la construction, il ne faut pas avoir peur de l'inconnu. Et pour cause : le thème de la réalisation, le lieu précis du défi ainsi que la composition des équipes sont tenus secrets jusqu'au coup d'envoi du concours. Des conditions de participation qui, au lieu de faire fuir les candidats, les attirent. Pour preuve, ils étaient encore cette année plus d'une cinquantaine d'élèves-ingénieures et étudiants en architecture venus des quatre coins du monde - Brésil, Belgique, Autriche, Canada... - à faire le déplacement jusqu'à Epinal.
Le mystère a pris fin pour eux le 21 mai dernier. Réunis à "La Plomberie", centre culturel dédié à l'art contemporain, ils ont d'abord été répartis par tirage au sort en dix équipes avant d'être invités à... prendre possession des ruines du château d'Epinal, édifice datant du XIIIème siècle situé au cœur d'un parc de 27 hectares ! Une invitation à renouer avec le passé tout en le réinventant, comme l'explique l'un des organisateurs : "Les compétiteurs devront imaginer, travailler, concevoir, tester, usiner, échafauder, construire en s'appuyant sur les vestiges d'un passé récemment trouvé. Comme des palimpsestes [se dit pour un objet qui se construit par destruction et reconstruction successive, tout en gardant l'historique des traces anciennes, ndlr], leurs réalisations devront construire de nouvelles traces en révélant les précédentes".
Créer à partir de contraintes fortes
Comme chaque année avant de donner le coup d'envoi de la compétition, les organisateurs, à savoir l'ENSTIB d'Epinal (Ecole Nationale Supérieure des Technologies et Industries du Bois) et l'ENSA-Nancy (Ecole Nationale Supérieure d'architecture) ont incité les participants à mettre en commun leurs compétences et à faire preuve d'originalité. Des conseils qui, visiblement, ont été entendus étant donné la diversité des œuvres réalisées : escaliers déstructurés, pont-levis revu et corrigé, tourelle futuriste... Bref, de quoi métamorphoser complètement le château !
Pour découvrir le palmarès des Défis du Bois 2010, cliquez sur suivant.
Les Défis du Bois 2010
Parc du Château d'Épinal
88000 Épinal
Plus de renseignements sur le : www.defisbois.fr
52 participants
Une cinquantaine d'élèves-ingénieurs et étudiants en architecture originaires des quatre coins du monde ont participé cette année aux Défis du Bois, challenge universitaire destiné à valoriser l'usage du bois dans la construction.
Château d'Epinal
Les étudiants ont été invités à prendre possession des ruines du château d'Epinal, édifice datant du XIIIème siècle situé au cœur d'un parc de 27 hectares !
1er Prix : 'Drague on'
Equipe composée de Julien Bitsch, Michael Auray, Petr Ovesny, Michal Sladek et Bérangère Choserot.
Commentaire du jury : "Comment rejoindre une princesse ? Comment l'atteindre si haut pour aller, bien sûr, la délivrer ? Un dragon merveilleux offre son échine rugueuse pour gravir la paroi pierreuse. Un perron liteauné puis une galerie organique s'esquissent alors sous nos pas et nous invitent à rejoindre la belle emmurée".
Prix de la spatialité : 'Coulée-tissée'
Equipe composée de Benjamin Bergmann, Ana Patricia Gomes Da Silva, Martin Somora, Ulric Hoareau et Mathieu Beraut.
Commentaire du jury : "Il était tentant d'évoquer l'éboulement de l'angle et d'opposer à la géométrie sévère de la forteresse la fluidité du bois. Ici donc, le bois s'écoule pour former une échauguette labile faite de trois fragments de coupoles graciles".
Prix de l'audace : 'Haut-stair'
Equipe composée de Alexandre Voegele, Iris Reuter, Alexandre Besson,
Pierre Geffray et Alexandre Moreel.
Pierre Geffray et Alexandre Moreel.
Commentaire du jury : "Le mur est droit, fort et grave comme celui d'une prison. Quelques anfractuosités soulagent le lourd appareil de blocs gréseux. Juste un coin habile et deux consoles suffisent pour soutenir une plateforme ou plus précisément un degré. Car il s'agit bien d'un escadrin de géant qui est fabriqué ici pour nous conduire à la porte du paradis".
Prix de l'élégance : 'Vertige ligneux'
Equipe composée de : Martin Becquart, Jane Perocheau, Fabien Deschand, Manuel Stamenkovic et Anabelle Rahal.
Commentaire du jury : "À l'origine il y avait un puits. Cylindre profond de pierres pour aller cueillir l'eau si précieuse à la vie. Et l'eau a rejailli sous forme de perches et de baliveaux à la verticalité assumée. Il a suffi alors de quelques girons platelés pour se glisser avec volupté entre les gouttes gisant dans la mémoire du lieu".
Prix de l'éxécution : 'Il était un pont'
Equipe composée de : Mandy Tran, Étienne Menguy, Antoine Gerard, Selina Veit et Aurélie Moser.
Commentaire du jury : "Un pont a laissé quelques traces aux abords du château. Une portion d'arc en treillis s'élance en porte-à-faux dans le paysage pour en reconstruire le souvenir. La triangulation des nervures verticales rythme le déplacement du spectateur. Elle forme une colonnade mécanique issus directement des principes de la statique".
Prix du lien : 'Temps cadré'
Equipe composée de : Jakub Spaniel, Lisa Bolz, Danica Pistekova, Antoine Corrieri et Guy Willem.
Commentaire du jury : "Un paysage est toujours construit par le regard de celui qui scrute l'horizon. Même bloquée par d'épais murs en pierre, la vue n'est pas donnée. Ici, un platelage suspendu montre la direction et des membrures ligaturées dressent les limites. Enfin, deux bras terminaux tendus vers le lointain nous guident sur le chemin".
Prix de la statique : 'Porte à fort'
Equipe composée de : Rémi Jacquinet, John Schrayen, Sandrine Rubin, Manuel Angevin, Francis Mariette et Gabriela Trojakova.
Commentaire du jury : "On entre dans une antre sombre pour jaillir par une baie lumineuse. Un grand jet de bois nous invite à quitter le monde chtonien pour atteindre l'univers olympien. Figure éprouvée de la console triangulée, la structure nous conduit au-dessus de la pente en nous laissant la deviner par des clins d'œil hachurés".
Prix de la pureté : 'Sentier palissé'
Equipe composée de : Pauline Rouyer, Pauline Lespinasse, Thibaut Bortier, Elzbieta Delinowska et Julien Favreau.
Commentaire du jury : "La palissade est une figure primale de la fortification. Ici, elle est plus qu'une défense, elle est le soutien d'une sente. Tangentant un mur de gré, un plateau en planches de chant ajourées nous conduit d'une origine sûre vers un point incertain ouvert à tous les paysages, ouvert à tous les souffles, ouvert à tous les devenirs".
Prix du paysage : 'Passe-sage'
Equipe composée de : Eva Jerabkova, Milan Petricak, Xuan Dai Nguyen, Benjamin Mermet, Anne-Laure Chartrain et Marie-Charlotte Chandes.
Commentaire du jury : "Les vignes ont gagné le côteau du château en s'accrochant sur des supports bien ordonnés. Il fallait ici respecter ce sage ordonnancement de pieux pour en faire la structure d'un passage. Onde paysagère, le chemin de planche trouve alors une liberté pour s'écarter du mur puis le rejoindre et enfin se dissoudre dans une ruine romantique en bois".
Prix de la légèreté : 'Désaxographe'
Equipe composée de : David Martin, Lia Simonatto, Anaïs Bleuzen, Minh Chau Nguyen et Amélie Goossens.
Commentaire du jury : "Nous sommes tous invités en permanence à « marcher droit ». Mais ce sont ceux qui prennent les chemins de traverse qui défrichent les possibles pour demain. Il faut dans cette galerie se retourner sur soi. Il faut aussi se laisser guider par un chemin penché bordé de fragiles brins de bois pour aller découvrir un monde que l'on ne soupçonnait pas".