FAILLITES. L'année 2024 aura été marquée par une forte hausse des défaillances d'entreprises, notamment dans le secteur de la construction et de l'immobilier. Pour l'observatoire du groupe Banque populaire - Caisse d'épargne (BCPE), cela s'explique notamment par un rattrapage du "quoi qu'il en coûte".
66.500 : il s'agit du nombre de défaillances d'entreprises recensées par l'observatoire du groupe Banque populaire - Caisse d'épargne (BCPE) en 2024. Un niveau qui n'avait pas été atteint depuis au moins 2009, menaçant 260.000 emplois.
"Ce record de défaillances et leurs conséquences économiques, notamment en termes d'emplois, constituent une alerte pour les acteurs économiques et politiques, au tournant d'une année 2025 qui s'annonce déjà difficile sur le plan économique et incertaine sur le plan politique et budgétaire", commente ainsi l'observatoire dans une étude publiée le 8 janvier 2025.
Jusqu'à 3,5% des emplois menacés dans la construction et l'immobilier
Le secteur de la construction connaît traditionnellement de nombreuses défaillances. Cependant, ces dernières se sont accélérées en 2023 et 2024. Il est aujourd'hui particulièrement exposé, tout comme celui de l'immobilier. "La situation est plus préoccupante pour l'hébergement-restauration et surtout pour la construction et l'immobilier, où les emplois menacés représentent entre 2% et 3,5% des emplois salariés de la branche", précise ainsi l'observatoire.
Le bilan 2024 de l'AGS, publié début 2025, confirme le constat du groupe BPCE. Ce régime de garantie des salaires, qui permet de régler des rémunérations, préavis, congés payés ou encore indemnités de licenciement aux employés en cas de défaillance de leur entreprise, a ainsi noté une hausse de 6% de ses bénéficiaires dans le secteur de la construction.
Les PME et ETI particulièrement impactées par les défaillances
Mise en place pendant le Covid, la politique du "quoi qu'il en coûte" devait permettre aux entreprises d'éviter les faillites grâce au soutien de l'État. Cette mesure semble cependant bien avoir reporté et non pas annulé les défaillances. "Le 'rattrapage' des défaillances évitées par le 'quoi qu'il en coûte' atteint 100% pour les PME et les ETI. Autrement dit, statistiquement, toutes les défaillances de PME évitées de 2020 à 2022 grâce aux dispositifs de soutien se sont finalement manifestées depuis 2023", explique ainsi l'observatoire. D'ailleurs, les faillites de 2024 concernent principalement des entreprises ayant au moins 6 ans d'ancienneté, et non pas celles créées après la crise.
Si les entreprises plus petites sont pour l'instant moins victimes de cet effet de report, certains signes appelant à la vigilance apparaissent tout de même. "Les microentreprises et les TPE de moins de 3 salariés […] enregistrent une accélération des plus marquées depuis un an alors qu'elles étaient jusque-là moins vulnérables", constate l'observatoire.
Vers une hausse des défaillances des TPE en 2025 ?
Les prévisions de l'observatoire pour 2025 ne sont pas optimistes. Il prévoit en effet 68.000 défaillances et 240.000 emplois menacés, sous l'effet d'une croissance économique limitée, de la poursuite des remboursements de prêts garantis par l'État (PGE), de l'attentisme causé par les incertitudes politiques ainsi que de la baisse limitée des coûts de financement.
Cette situation devrait toucher surtout les petites entreprises. "Contrairement aux deux dernières années, cette progression s'expliquerait surtout par les petites entités, les défauts se stabilisant pour les PME et ETI", affirment ainsi Alain Tourdjman et Julien Laugier, respectivement directeur des études et prospective et économiste du groupe BCPE.