Entre la poursuite de la baisse d'activité au premier trimestre 2015, une chute de l'emploi et un bond de 10% de la sinistralité des TPE par rapport à la même période en 2014, tous les indicateurs du bâtiment sont dans le rouge, constate ce mardi la Fédération française du bâtiment (FFB). Explications.
Le bâtiment est "l'homme malade de l'économie" et "aucun signe tangible montre une reprise" est en vue, a lancé sur un ton grave Jacques Chanut, président de la FFB lors d'une présentation de conjoncture. C'est pour le moment un tableau noir qui se dessine... "Gardons tout de même espoir pour fin 2015 et les perspectives pour l'année 2016.", a tenu à indiquer Jacques Chanut, ajoutant que si sortie du tunnel il y a en 2015, "elle sera chaotique".
Depuis le début de l'année 2015, tous les indicateurs sont dans le rouge dans le secteur du bâtiment : poursuite de la baisse d'activité, chute de l'emploi, y compris dans l'intérim et enfin une forte sinistralité des entreprises, notamment chez les TPE. Au final, en rythme annuel, les ouvertures de chantiers ressortent à 333.360 logements contre près de 356.000 en 2014.
"Cette tendance est aussi en net recul dans le non-résidentiel neuf sur la même période : -13,2% et -10,5% pour les surfaces de plancher autorisées et commencées hors hôtellerie et locaux agricoles, détaille Jacques Chanut. Tous les segments participent de cette chute singulière de la commande publique. Quant au marché de l'amélioration-entretien, la tendance reste, pour l'heure, baissière."
La FFB assiste là à une vraie rupture, liée au non-redémarrage de l'activité dans l'amélioration-entretien qui représente 55 % de l'activité et qui touche en particulier les petites entreprises.
Jacques Chanut explique à ce sujet : "C'est vraiment la surprise et la déception de ce trimestre, car des mesures d'accompagnement fortes ont pourtant été mises en place (TVA à 5,5 %, CITE), mais il faudra peut-être tirer des leçons sur l'impact du décalage entre la mise en place d'une aide et son décret d'application, car cela repousse l'investissement des clients privés. Au final, on a pu constater que peu d'entreprises ont pu résister à ce nouveau coup d'arrêt."
L'emploi en berne
En revanche, la tendance serait toutefois "moins mauvaise" au deuxième trimestre, selon les chefs d'entreprise interrogés par l'Insee sur leurs perspectives de production, insiste la FFB. "Nous constatons avec un peu d'étonnement une véritable amélioration dans le secteur du non-résidentiel alors que le logement ne connaît qu'une moindre dégradation, précise Jacques Chanut. Les effets du crédit d'impôt transition énergétique (CITE) resteraient, pour l'heure, peu visibles, alors qu'on peine à comprendre le sursaut du hors logement."
S'agissant de l'emploi, les chiffres sont "très mauvais", reconnait la FFB. "Et c'est d'ailleurs le plus mauvais score enregistré depuis l'entrée en récession en 2008, signale le président de la FFB. Après un premier trimestre très difficile, marqué par 51.500 postes de travail en moins en 2015 par rapport au premier trimestre 2014, soit une baisse -4,3% sur un an, "le rythme de dégradation se modèrerait un peu dans le bâtiment, aux dires des chefs d'entreprises interrogés par la Banque de France comme par l'Insee, ajoute la FFB. Mais, on craint que le second trimestre soit dans la même veine."
L'aménagement du PTZ+, un levier d'amélioration
Dans l'optique de soutenir le secteur, la FFB compte sur de nouveaux aménagements du Prêt à taux zéro (PTZ+) et une mise en place "très rapide de la mécanique de financement de la rénovation énergétique des équipements publics au sein du plan Juncker de relance économique."
De plus, en matière de logement neuf, le dynamisme du crédit immobilier, les ventes des Cmistes (constructeurs de maisons individueles) ou des promoteurs devraient conduire à "une hausse des permis de construire et des mises en chantier d'ici à l'entrée dans l'hiver", suite à la liquidation de leurs stocks, espère Jacques Chanut.
Parmi les autres sujets abordés ce mardi 30 juin, Jacques Chanut, s'est insurgé contre l'hypocrisie générale en matière de lutte des travailleurs détachés. "On ne peut plus accepter que le BTP soit emporté par l'hypocrisie générale des entreprises, maîtres d'ouvrage, maîtres d'oeuvre, architectes et des forces de contrôles sur le sujet, a-t-il tonné. La fraude étant basée sur les dépassements d'heures principalement. Nous demandons toujours plus de contrôles et surtout des douanes le soir, le week-end et chez les particuliers et des sanctions pour tous y compris chez les entreprises adhérentes à la FFB.", a-t-il complété.
Le Pacte de responsabilité toujours au ralenti dans la branche bâtiment
Enfin, interrogé de nouveau par Batiactu, sur l'avenir du Pacte de Responsabilité, Jacques Chanut reconnaît que la signature de la branche bâtiment prend plus de temps que prévu. "On a toujours espoir de le signer d'autant qu'on a d'ores-et-déjà un signataire, la CFDT, souligne-t-il, avant de préciser que la FFB reprendra les discussions à la rentrée. Avec la CGT, ce sera très difficile d'autant plus lorsqu'ils viennent nous saccager nos bureaux. Nous comptons beaucoup plus sur FO et la CFTC avec qui on a des rencontres régulières."