Vivre le plus écolo possible pour contribuer - à son échelle - à la préservation de la planète, c'est l'adage de Philippe Bouchard. Ce marseillais a supervisé la réalisation de sa maison bois, qu'il a voulu à la fois bioclimatique et écologique. Explications.
"Un petit coin pour soulager la planète", cette inscription placardée sur la porte des toilettes sèches s'applique à toute la maison de Philippe Bouchard. Bioclimatique, la bâtisse est organisée en fonction du climat pour être la plus fraîche possible en été et utiliser le soleil de façon optimale en hiver. Egalement écologique, elle utilise un maximum de matériaux non traités et fonctionne grâce à des énergies propres.
La véranda : serre chaude
Orientée plein sud, la véranda est le principal système de chauffage en hiver. Semblable à une serre chaude, elle accumule la chaleur du soleil et la restitue grâce au principe du "mur Trombe" : "Le procédé est simple, explique Philippe Bouchard. Des 'ouies' placées en haut et en bas du mur sud véhiculent de l'air réchauffé par la véranda vers l'intérieur de la maison. Dans le même temps, l'air frais des pièces est rejeté dans la véranda où il va être à nouveau chauffé". Quand le froid est plus rude, un poêle alimenté par des granulés de bois est activé.En été, cette convection naturelle est fermée et un pare-soleil protège des rayons trop chauds. Mais c'est la nuit, que la maison se rafraîchit : "Toutes les portes et fenêtres sont ouvertes, stipule Philippe Bouchard. Des moustiquaires placées au-dessus des lits préservent des insectes et j'ai disposé des grilles roulantes au rez-de-chaussée pour éviter tout risque d'intrusion". Pour compléter le tout, un puits provençal composé de tuyaux posés jusqu'à deux mètres sous terre, assure une climatisation naturelle en propulsant de l'air à 14° pour l'ensemble de la maison.
Le recyclage de l'eau
Tout de bois vêtue, cette construction atypique de 145 m² permet de stocker pas moins de 51 m³ de CO2, affirme Philippe Bouchard. La barrière thermique de ses fondations est en liège et les murs sont en panneaux de fibres de bois de 14 cm d'épaisseur. Quant au toit, s'il n'est pas en bois, il est également isolé par un matériau naturel et propre : la ouatte de cellulose.La volonté écologique de Philippe Bouchard se retrouve aussi sous terre, dans son double réseau d'évacuation d'eau courante. L'ensemble des eaux grises provenant des salles de bains, de la machine à laver et de l'évier sont recyclées grâce à un système phyto-sanitaire : "Les eaux usées sont distribuées dans deux bacs, précise Philippe Bouchard. L'un possède un filtre de pierre volcanique, l'autre un système de bactéries, qui permettent tout à tour de piéger la saleté. En quelques heures, l'eau est nettoyée avant d'être rejetée dans la mare. Elle peut ensuite être réutilisée pour l'arrosage du jardin". Un "gadget" qui illustre le caractère écologique de cette habitation, des réseaux sanitaires intérieurs... jusqu'au bout du jardin.
Pour avoir un aperçu de la maison "éco-bio", cliquez sur suivant.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur : http://www.labedouide.net
"Eco-bio"
Ecologique et bioclimatique, Philippe Buffard a voulu donner la double casquette à sa maison. Résultat : le bâtiment suit la course du soleil par le biais de pare-soleils qui s'adaptent à la saison. Et à l'intérieur, les matériaux verts et les systèmes propres sont privilégiés.
Plein sud
Un système d'ouïes situées en haut et en bas du mur attenant à la véranda (qui fait office de "serre chaude") permet de réchauffer l'air intérieur de la maison.
Des matériaux écologiques
L'ossature et les murs sont en bois. L'isolant utilisé pour le toit est de la ouatte de cellulose. Même les peintures utilisées sont garanties non traitées ou faiblement émettrices de COV. Quant au mur du salon (voir photo), il n'est pas en béton armé mais se compose d'un mélange de chaux et de sable. Outre son aspect esthétique, il permet de renforcer l'inertie thermique de la pièce.
Maison bois
La maison n'a occasionné aucun surcoût par rapport à une construction classique, selon Philippe Buffard. En revanche, l'ensemble des installations bioclimatiques et écologiques ont accru le budget de près de 30% à un peu moins de 400.000 € pour 145 m².
Chantier
Le montage de la maison, une fois que les fondations étaient installées, n'a pris que 6 semaines. Les panneaux bois déjà fabriqués en usines n'avaient plus qu'à être acheminés puis assemblés.
Puits provençal
Un puits provençal a été aménagé. Composé de tuyaux posés de 1,60 m jusqu'à 2 m sous terre, ils assurent une climatisation naturelle en propulsant de l'air de 14° à 17° pour l'ensemble de la maison.
Chauffe-eau solaire
L'eau sanitaire est chauffée par des panneaux solaires thermiques. En revanche, il n'y a pas de capteurs photovoltaïques car l'investissement était trop conséquent, précise Philippe Buffard.
Grilles de protection
Des grilles de protection ont été disposées au sud. Elles permettent d'aérer et de rafraîchir les pièces situées au rez-de-chaussée pendant les nuits d'été, sans pour autant craindre les effractions.
Toilettes sèches
Outre des toilettes utilisant les eaux de pluie, des toilettes sèches ont été mises en place. Leur fonctionnement est simple: il suffit de recouvrir les déjections avec de la sciure. Le seau est vidé toutes les semaines et servira ensuite de terreau aux plantes. Outre son caractère écologique et peu contraignant, ce système est, selon Philippe Buffard, inodore.
Epuration phyto-sanitaire
Les eaux usées sont distribuées dans deux bacs qui nettoient l'eau avant de la rejeter dans la mare du jardin. Elle peut ensuite être réutilisée pour l'arrosage des plantes et des arbres.
Economies réalisées
Le compte des économies réalisées n'a pas encore été fait par Philippe Buffard et sa femme. Seule certitude : 180 € de bois et de granulés bois ont été utilisés pour activer le poêle et chauffer l'habitation de 145 m², sur l'ensemble de l'hiver.
Blog
Philippe Buffard a fait un blog de l'aventure de sa maison. Etape par étape, il a mis à jour le permis de construction, les premiers travaux, les difficultés et les bonnes surprises pendant les quelque 10 mois de chantier.
Associations
Pour l'aider dans sa démarche, Philippe Buffard a fait appel à plusieurs associations et entreprises spécialisées dans le développement durable. Pour les connaître, rendez-vous sur son blog : http://www.labedouide.net.
Surface habitable de 145 m²
Travaux : décembre 2006 à fin août 2007
Coût : un peu moins de 400.000 €