DISPARITION. Le philosophe et urbaniste français Paul Virilio est décédé le lundi 10 septembre 2018, d'un arrêt cardiaque, à l'âge de 86 ans. Également essayiste, il s'est notamment distingué par ses nombreux écrits, comme le manifeste sur la "Fonction Oblique", rédigé avec Claude Parent.

Une figure de l'architecture s'en est allée. Paul Virilio, urbaniste, philosophe et essayiste est décédé le lundi 10 septembre 2018, d'un arrêt cardiaque, à l'âge de 86 ans. Il s'est distingué tout au long de sa vie par ses réflexions sur l'architecture. Il est d'ailleurs le co-auteur du manifeste sur la "Fonction Oblique" (1964), avec Claude Parent (décédé en 2016), qui a inspiré notamment les constructions de Jean Nouvel. Marqué par son expérience de la Seconde Guerre Mondiale et le bombardement de Nantes en 1943, il théorisera également la "désintégration des territoires".

 

Engagé auprès des sans-abris

 

Paul Virilio est né à Paris en 1932. Il débute sa carrière auprès d'Henri Matisse après un passage à l'École des métiers d'art. Les deux hommes travaillent alors sur les vitraux des églises parisiennes. Après la guerre d'Algérie, Paul Virilio devient architecte-urbaniste et s'inspire de la phénoménologie, philosophie qui écarte toute interprétation abstraite et se limite aux phénomènes perçus. En 1963, il devient président et rédacteur en chef du groupe Architecture Principe, où il publiera "Fonction Oblique" l'année suivante. A partir de 1968, il intègre l'École Spéciale d'architecture (ÉSA) en tant que professeur, puis directeur des études en 1973. Cette même année, il devient directeur du magazine L'Espace Critique, à Paris.

 

En 1975, Paul Virilio prend le poste de directeur général de l'École Spéciale d'architecture. Cette année-là, il co-organise l'exposition Bunker Archeologie, au musée des Arts décoratifs de Paris. Les images, issues du fonds photographique de l'essayiste, sont l'aboutissement de ses recherches sur les fortifications de la Seconde Guerre mondiale. Après avoir gagné le Grand Prix national de la critique d'architecture en 1987, il devient président de l'ÉSA et directeur des études du Collège international de Philosophie de Paris. A sa création, en 1992, Paul Virilio intègre le Haut Comité pour le logement des personnes défavorisées, pour qui il s'était déjà engagé aux côtés du père Patrick Giros dans les années 1980. Enfin, en 1998, il prend sa retraite de professeur pour s'occuper de ses écrits et de ses actions auprès des sans-abris. Paul Virilio est cependant resté actif, peu de temps avant son décès, il travaillait avec Jacques Arnould en vue de la publication d'un ouvrage et songeait avec un ancienne élève, l'architecte Hala Wardé, à une nouvelle exposition.

 

 

Dans un communiqué diffusé ce mercredi 19 septembre, la ministre de la Culture, Françoise Nyssen fait part de son émotion à la suite de la nouvelle de sa disparition : "Grand intellectuel à la pensée libre, [Paul Virilio] développe une réflexion visionnaire sur la ville et la métropole, le progrès et l'accélération du temps, jusqu'à envisager les notions d'accident et de catastrophe (...) Avec sa disparition le monde de l'architecture et de l'urbanisme perd un grand théoricien qui a su porter un regard d'anticipation sur la ville et les sociétés dans leur évolution croissante."

 


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