DISPARITION. L'architecte Henri Gaudin est décédé dans la nuit de jeudi à vendredi à l'âge de 87 ans, a annoncé son entourage à l'AFP. Parmi ses oeuvres, le stade Charléty (avec son fils Bruno), l'extension-restructuration du Musée Guimet à Paris, ou encore, l'école normale supérieure de Lyon et la Cité de la musique et de la danse de Strasbourg.
Un discret s'en est allé : peu connu du grand public alors que son apport à l'architecture contemporaine est incontestable, l'architecte Henri Gaudin est décédé dans la nuit de jeudi à vendredi à l'âge de 87 ans, a annoncé son entourage à l'AFP. Même s'il fut deux fois lauréats de l'équerre d'Argent, médaille d'or de l'Académie d'Architecture en 1994, il reste aussi celui qui refusa en 1989, le Grand Prix d'architecture : "Je n'ai jamais cherché la moindre reconnaissance, j'ai toujours essayé de m'enfouir au contraire dans la discrétion la plus grande, parce que je trouve d'abord, que l'on n'est pas juge de soi-même et qu'il n'y que le temps qui est capable de dire si on a existé, si on a eu un jugement pertinent sur l'architecture." Il le redit ici à Laure Adler, sur France Culture, dans un de ses rares entretiens (à écouter ci-dessous). Diplômé des Beaux-Arts, pétri de culture, nourri de philosophie, d'histoire de l'art, de littérature, Henri Gaudin raconte qu'il est devenu architecte par nécessité, car il fallait qu'il "parte de chez [lui]" : "je suis devenu architecte parce qu'il y a quelque chose qui me tenait : le regard. J'ai une passion du regard. C'est là où je suis le plus vrai, quand je regarde (…) Qu'est-ce que j'ai devant moi ? Cette question suffit à remplir votre vie." Il fut également professeur à l'École Nationale Supérieure d'Architecture de Versailles.
"Dans la création, c'est comme si on attendait le moment où quelque chose va être juste (…)" Henri Gaudin, entretien avec Laure Adler, émission Hors Champs, France Culture, 21 mars 2014.
Parmi ses œuvres emblématiques : le stade Charléty (avec son fils Bruno Gaudin), l'extension-restructuration du Musée Guimet à Paris, l'école normale supérieure de Lyon ou encore la Cité de la musique et de la danse de Strasbourg, les Archives diplomatiques à la Courneuve et le Grand Théâtre de Lorient.
Alors que son architecture expressive et humaniste interpelle, Henri Gaudin refuse de considérer qu'il fait une architecture singulière, comme il l'explique à nos confrères de Libération à l'occasion d'un portrait publié en 1995 ( Henri Gaudin, l'architecte hors du sens commun, Marie Borgia, 8 avril 1995) : "Dans cinquante ans, personne ne saura identifier mes ouvrages (…) Il ne s'agit pas de moi, mais d'un bâtiment. L'architecte, avec ses fantasmes personnels, n'a aucun intérêt."
Le monde de la culture lui rend hommage
La ministre de la Culture Roselyne, Bachelot-Narquin, a salué dans un communiqué hommage "son œuvre et son influence sur l'architecture contemporaine" : rappelant sa modestie et reprenant ses mots, elle a ajouté, "Avant que le temps ne passe longuement sur son œuvre, il est certain qu'il a intensément existé, et eu 'un jugement pertinent sur l'architecture'".
De son côté, le Musée national des arts asiatiques-Guimet, a également rendu hommage à Henri Gaudin, notant que la réhabilitation majeure qu'il avait menée en ses murs et à laquelle son fils Bruno avait contribué, vient de fêter son vingtième anniversaire. "Cette rénovation offrit au musée une muséographie, où les liaisons et les enchaînements avaient été pensés les plus logiques possibles sur le plan scientifique mais aussi esthétique, précise le musée. Avec Henri Gaudin (1933-2021) disparaît un homme de culture, un architecte-esthète et aussi un artiste de l'espace public."
À ÉCOUTER. Le 21 mars 2014, dans son émission Hors Champs sur France Culture, Laure Adler recevait Henri Gaudin, un entretien à écouter ici.
Hors les murs, un essai publié en 2012 aux éditions Nicolas Chaudun ;
Considérations sur l'espace aux éditions du Rocher, 2003 ;
Naissance d'une forme aux éditions Norma, 2001 ;
Seuil et d'ailleurs aux éditions du demi-cercle, 1992 ;
La cabane et le labyrinthe aux éditions Mardaga, 1984.