RENOUVELABLES. Une amende de 150.000 € a été requise contre l'énergéticien, qui exploite une centrale biogaz à Châteaulin, dans le Finistère. L'installation serait à l'origine de la pollution d'un fleuve qui a ensuite privé d'eau potable 180.000 personnes en août 2020.

Voilà qui risque de faire tâche d'huile au moment où l'industrie gazière pousse ses molécules renouvelables. Ce 28 septembre, une amende de 150.000 €, dont 75.000 avec sursis, a été requise contre Engie qui exploite la centrale biogaz de Châteaulin, dans le Finistère. En cause : l'installation serait à l'origine de la pollution d'un fleuve qui a ensuite privé d'eau potable 180.000 personnes en août 2020.

 

 

D'après l'AFP, le procureur de la République Jean-Baptiste Doubliez a relevé devant le tribunal correctionnel de Quimper la "négligence" de la société dans cette affaire. "Rien n'a été fait pour s'assurer que les niveaux d'alarmes soient suffisants", a-t-il affirmé. Le 17 août 2020, une cuve du méthaniseur, qui injecte dans le réseau gazier du méthane produit à partir de fumier, de lisier ou encore de déchets de l'industrie agroalimentaire, avait débordé à la suite d'un incident technique.

 

Environ 400 m3 de digestat, c'est-à-dire la matière organique issue du processus de méthanisation, s'étaient alors écoulés dans l'Aulne, en amont d'une usine d'eau potable, provoquant un pic d'ammoniaque et rendant l'eau impropre à la consommation. L'usage de l'eau potable avait par conséquent été restreint par arrêté préfectoral pour une cinquantaine de communes, affectant au total 180.000 habitants. Châteaulin, une large partie de Quimper et la touristique presqu'île de Crozon avaient notamment été touchées.

 

Le "développement déraisonnable" d'une "filière récente" en cause ?

 

Le magistrat a demandé une condamnation d'Engie pour deux infractions, dont le "déversement de substances nuisibles dans les eaux souterraines, superficielles ou la mer". En revanche, il a requis la relaxe pour le délit de "pollution par rejet en eau douce ou pisciculture de substances nuisibles aux poissons". Le même magistrat a reconnu que "cette procédure est à trous. Il y a des carences. On n'a pas d'éléments sur la destruction des poissons."

 

 

Quoi qu'il en soit, les collectivités et associations qui s'étaient portées parties civiles ont réclamé pour leur part une condamnation pour ce délit, considérant qu'il y avait peu de doutes qu'un rejet d'ammoniaque soit nuisible pour les poissons. L'avocat de l'association Eau et rivières de Bretagne, Thomas Dubreuil, a estimé qu'on "s'est servi de l'environnement comme d'une variable d'ajustement" dans cette affaire, pointant du doigt au passage le "développement déraisonnable de la méthanisation en Bretagne".

 

Antoine de La Faire, le directeur général d'Engie Bioz, filiale du groupe Engie, a reconnu à la barre un "problème de conception" dans cette "filière récente" qui est "en amélioration continue", selon lui. "Tout a été réalisé pour qu'il n'y ait plus d'écoulement en milieu naturel", a-t-il encore assuré. Les avocats de la défense ont demandé une dispense de peine, au vu des travaux réalisés par l'exploitant. La peine maximale encourue est une amende de 375.000 €. L'affaire a été mise en délibéré au 16 novembre. Cette affaire intervient dans un contexte où les pouvoirs publics poussent justement la production de biogaz, particulièrement sur le plan réglementaire en facilitant les raccordements.

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