Recycler les déchets de chantier peut bénéficier aux industriels autant qu'aux maîtres d'œuvre. C'est ce qu'a compris la société Armstrong, en lançant sur son site de production de Pontarlier un nouveau programme de recyclage des dalles de plafond. Si le système doit encore être optimisé pour devenir rentable, il participe à la diversification des matières premières pour le fabricant, et aide les prescripteurs à s'inscrire dans les programmes de développement durables imposés par la législation. Visite de l'usine.

«Rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme» : la société Armstrong a repris cette maxime d'Antoine Lavoisier pour l'appliquer au secteur du bâtiment, via le lancement d'un programme de recyclage de dalles de plafond en fin de vie. Ce processus, déjà en place depuis dix ans sur les sites américains du groupe et depuis un an en Grande-Bretagne, vise à revaloriser sur le site de Pontarlier (25) les dalles enlevées sur les chantiers de réhabilitation. Un service qui permet aux prescripteurs d'inscrire leur chantier dans une démarche HQE, tout en évitant d'avoir à organiser et financer le recyclage ou l'enfouissement. Pour Armstrong, cette source vient en complément des matières premières utilisées pour fabriquer les dalles, un processus qui intègre lui-même déjà le principe du développement durable. En effet, les dalles sont fabriquées à partir de laine de verre, de laitier (rebus issus de la fonte de l'acier dans l'industrie sidérurgique) et de journaux dont 80% des 3.200 tonnes annuelles sont récoltées via les associations locales.

 

Chutes de chantier
Le principe est simple : Armstrong vient récupérer les dalles sur les chantiers, puis les achemine vers son site de Pontarlier pour les réintroduire dans son procédé de fabrication. Les dalles ainsi fabriquées sont certifiées ISO 14.021.

 

Par ailleurs, l'entreprise expérimente actuellement un programme de recyclage des chutes de chantier, en menant une opération pilote sur le chantier de construction du Centre hospitalier Sud Francilien à Evry (91). En partenariat avec Veolia, en charge de la gestion des déchets sur ce chantier, Armstrong récupère les anciennes dalles pour les recycler ensuite. «Nous sommes agréablement surpris de l'état des sacs de dalles, qui contenaient très peu de déchets : il y a sur ce chantier un très bon travail de communication sur le tri», indique André Boisier, directeur de l'usine de Pontarlier.

 

Optimiser le programme
Le programme étant très récent, l'entreprise n'en tire pas encore de gain économique. Le challenge est désormais d'optimiser la partie logistique pour rentabiliser les coûts. La société pense notamment à mettre en place un système de récupération via les négoces, qui collecteraient les dalles amenées par les artisans, travaillant sur des surfaces inférieures à 2.000 m2 et qui n'entrent donc pas dans les critères d'éligibilité du programme pour l'instant, car trop peu rentables. De plus, toutes les dalles ne sont pas éligibles à ce process : elles doivent avoir été fabriquées par Armstrong et avant 2000 et ne pas être laminées en raison de la difficulté de retirer le voile en fibre de verre. Sur le recyclage lui-même, l'optimisation du programme consistera donc à trouver des solutions pour recycler des plafonds antérieurs à l'année 2000, et aussi ceux créés par d'autres fabricants.

 

Armstrong tend à proposer son programme de recyclage au plus grand nombre de chefs de chantier. «Nous nous apercevons que de plus en plus de maitres d'œuvre sont demandeurs de ce genre de programme», note André Boisier. D'autant qu'à l'horizon 2020, la directive 2008/98/CE de l'Union européenne les obligera à recycler ou valoriser au moins 70% du tonnage de leurs déchets de chantier non dangereux.

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Dalles

Armstrong
Armstrong © Armstrong
Le site d'Armstrong à Pontarlier vient de lancer un programme de récupération de dalles en fin de vie, pour les recycler. «Nous nous apercevons que de plus en plus de maitres d'œuvre sont demandeurs de ce genre de programme», note André Boisier, directeur de l'usine.

Chutes

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Armstrong © Armstrong
Les chutes de dalles récupérées sur les chantiers sont conditionnées puis récupérées par l'industriel qui les achemine ensuite vers son usine pour les réintégrer à sa production.

Programme de récupération

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Armstrong © Armstrong
Pour l'instant, l'industriel ne récupère que des dalles issues de sa fabrication, fabriquées après le 1er janvier 2000 et sur les chantiers qui représentent au moins 2.000 m2 de dalles. L'élargissement du programme de recyclage est l'un des objectifs du site de Pontarlier.

Journaux

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Armstrong © Armstrong
Sur le site de production de Pontarlier, Armstrong utilise 3.200 tonnes de journaux, dont 80% proviennent de la récupération opérée par des associations locales. La fabrication de dalles nécessite également de la laine de verre, dont les chutes sont aussi récupérées, et de laitier, issu de la fonte de l'acier. Ce matériau, qui est récupéré cristallisé auprès de différentes fonderies, est ensuite concassé pour être intégré dans la production de dalles.

Laine de verre

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Armstrong © Armstrong
La laine de verre utilisée pour les dalles est constituée à 85% de laitier.

Ponces

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Armstrong © Armstrong
L'usine de Pontarlier occupe quelque 100.000 m2, dont 40.000 sont couverts, et emploie 200 personnes. Elle sert essentiellement les marchés Français, Italien, Espagnol, et d'Europe de l'est.

Motif

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Armstrong © Armstrong
Un rouleau grave le motif sur les plaques. Elles passeront ensuite sous une presse afin d'être percées de multiples petits trous pour l'isolation thermique, puis peintes.

Découpage

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Armstrong © Armstrong
Découpage des dalles.

Site de Pontarlier

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Armstrong © Armstrong
Sur son site de Pontarlier, Armstrong produit environ 20 millions de m2 de dalles de plafond par an. Les deux autres sites de plafond minéral se trouvent près de Newcastle (Grande-Bretagne) et à Munster (Allemagne).