Pour autant, les professionnels des différentes filières renouvelables listent d'autres actions à mener afin de parvenir à approcher les chiffres prévus pour 2020. "Pour l'éolien terrestre, il reste 9.000 MW à raccorder en cinq ans. Ce qui impose un rythme annuel de 1.800 MW, qui n'est pas accessible. Nous avons besoin d'accroître les volumes pour atteindre un rythme d'au moins 1.000 MW par an, comme en 2014. Mais dans le même temps, il y aura 4.000 MW mis en service en Allemagne, comme l'an passé…", fait remarquer Jean-Baptiste Séjourné, le président de la commission Eolien du SER. Le syndicat estime qu'un gros effort de simplification a déjà été entrepris avec le permis unique mais qu'il reste à traiter la question des doublons existants entre les autorisations ICPE et les permis de construire. De même, pour les possibilités de raccordement, il souhaite que les Schémas régionaux de raccordement au réseau des EnR (S3REnR) puissent être révisés, comme en Picardie ou en Champagne-Ardenne où l'éolien a connu un fort développement, avec une saturation du réseau s'approchant à grands pas. "Les questions de simplification concernent aussi d'autres énergies comme la méthanisation où obtenir des autorisations relève de la croix et la bannière", glisse Jean-Louis Bal.
Photovoltaïque et bois-énergie relancés
Pour le photovoltaïque, Arnaud Mine, le président de la commission solaire au SER, déclare : "Le doublement des appels d'offres nous a fait un bel été. Mais on peut regretter que ces choses n'arrivent qu'après des années 2013 et 2014 très compliquées pour nous… D'autant qu'en 2016, les carnets de commandes resteront vides et qu'il faudra attendre 2017 pour voir un réel impact". Concernant la biomasse, et la mobilisation de la filière autour des questions d'approvisionnement, le SER demande que l'appel à manifestation d'intérêt "Dynamic Bois" soit poursuivi en 2016, plus de 90 projets (représentant 171 M€ de financements) ayant été soumis pour qu'une douzaine soit finalement sélectionnée (pour 30 M€). Quant à la question du bois énergie dans l'individuel neuf, le syndicat suggère qu'une facilité d'intégration ultérieure soit accordée, sous la forme de réservation en toiture et d'un pré-équipement, permettant d'installer, si besoin, un conduit de cheminée. Le SER déplore d'ailleurs que le chauffage bois d'appoint ne soit pas valorisé au même titre que les autres énergies renouvelables, alors qu'il fournirait environ 25 % des apports dans les maisons françaises.
Enfin, le SER souhaite que les zones non-interconnectées (Corse et DOM-COM), qui sont des territoires fortement dépendants des énergies fossiles et où le coût de production électrique est élevé, fassent l'objet d'une attention particulière quant au développement de leurs énergies locales, dont les gisements sont variés et abondants : solaire, éolien avec les alizés, géothermie grâce à l'activité volcanique… Autant d'initiatives que les professionnels des filières impliquées souhaitent transformer en opportunités.