COLÈRE. Un collectif de dix organisations professionnelles de la filière logement appelle le gouvernement à préciser sa vision pour ce secteur et à engager un plan d'urgence pour le soutenir.
Alors que la Première ministre vient à nouveau d'engager, ce 14 décembre 2023, la responsabilité du gouvernement avec l'emploi de l'article 49.3 pour faire passer le Budget 2024, l'alliance pour le logement monte une nouvelle fois au créneau. Ce groupement, composé de dix organisations professionnelles représentant divers échelons de la filière (1), gardait visiblement l'espoir de voir certaines de ses propositions insérées dans le projet de loi de finances. Mais elle ont été "balayées par la succession de 49.3", comme on peut le lire dans un communiqué de presse diffusé ce 15 décembre.
Le gouvernement vise un rééquilibrage des prix
Les professionnels se retrouvent ainsi dans la situation initiale, à savoir confrontés à des pouvoirs publics ne souhaitant pas prendre de décision forte permettant d'endiguer la chute de la construction neuve, et maintenant en place le calendrier d'interdiction à la location des logements mal isolés. Comme l'avait expliqué le ministre du Logement, Patrice Vergriete, lors du dernier congrès de la Fnaim, le gouvernement ne souhaite pas risquer de remettre le secteur sous perfusion d'un dispositif fiscal, et laisse volontairement s'opérer un rééquilibrage des prix de l'immobilier du fait de la difficulté des Français à se loger. Un positionnement qui ne convainc absolument pas "les dix", établissant un inventaire à la Prévert des difficultés rencontrées par les Français : "blocage des parcours résidentiels, freins à la mobilité professionnelle et à la réindustrialisation, difficulté d'acquérir son logement pour ceux qui souhaitent être propriétaires, réduction de l'offre locative sociale et privée, nombre d'agréments Hlm au plus bas et de demandeurs au plus haut, étudiants qui renoncent à des études faute de logement, complexification de MaPrimeRénov'"...
Une politique construite par "à-coups budgétaires"
Les représentants de cette alliance avaient demandé un rendez-vous avec la Première ministre en octobre, et déplorent de n'avoir toujours pas été reçus, alors que les mesures budgétaires décisives pour 2024 sont en passe d'être actées - l'idée d'assouplir le PTZ a ainsi été jetée aux oubliettes. Le ministre du Logement avait promis que le projet de loi sur la décentralisation de la politique du logement, prévu pour 2024, apporterait des réponses aux acteurs. Mais "les dix" n'y voient qu'un "vague projet [...] qui conduirait à masquer l'absence de politique en matière de logement".
"Force est de constater que la politique à l'œuvre aujourd'hui est construite par à-coups budgétaires et couperets cinglants, sans vision globale, stigmatisant tout un secteur essentiel à
la cohésion sociale et à l'économie", tonnent les membres de l'alliance. "La France a besoin d'un plan d'urgence compte tenu de la catastrophe largement annoncée."
(1) FFB, USH, Fnaim, FPI, Pôle Habitat FFB, Procivis, Unis, UNNE, Unsfa, Untec.