ENDETTEMENT. "Blocage" ou "normalisation" ? La baisse des crédits immobiliers octroyés observée ces derniers mois a mis la Banque de France sous les projecteurs. Elle réplique dans un post de blog, alors qu'un assouplissement doit être discuté au sein du HCSF le 13 juin.
Face à la multiplication des critiques sur les critères d'octroi des crédits immobiliers, jugés trop sévères par les banques et le secteur de l'immobilier, la Banque de France a répliqué, dans un post daté du 8 juin sur son blog, évoquant plutôt une "normalisation" du crédit.
Evoquant le recul du nombre de crédits accordés récemment, la sous-gouverneure de la Banque de France Agnès Bénassy-Quéré a estimé que cette baisse relevait "essentiellement à une normalisation après les exubérantes années de taux d'intérêt très bas". En avril, hors renégociations de prêts, 12 milliards d'euros de nouveaux crédits à l'habitat ont été accordés, contre "autour de 20 milliards par mois" en 2021.
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Au-dessus de plusieurs pays européens
Malgré ce recul, "la France se situe au-dessus de l'Allemagne pourtant plus peuplée (9 milliards d'euros, en très net recul sur un an), et largement au-dessus de l'Italie et de l'Espagne (chacune à moins de 4 milliards d'euros)", a noté Agnès Bénassy-Quéré.
Cette réaction intervient alors que doit être discuté, le 13 juin, un possible assouplissement des règles d'octroi de crédit au sein du Haut conseil à la stabilité financière (HCSF), instance qui réunit notamment le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, plutôt ouvert à la question, et le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, jusqu'ici réticent.
Très lourd endettement des Français
A 65% du produit intérieur brut, "la dette des ménages français est la plus lourde des quatre grands pays de la zone euro, alors qu'elle était parmi les plus faibles il y a dix ans", fait également valoir Mme Bénassy-Quéré, pour défendre un statu quo sur les règles d'attribution.
Actuellement, les banques doivent respecter certaines limites concernant le niveau et la durée d'endettement. Elles peuvent toutefois y déroger pour 20% des crédits, mais à condition que ces exceptions concernent essentiellement l'acquisition d'une résidence principale et, dans un tiers des cas, des primo-accédants. Les banques souhaiteraient quant à elles un assouplissement pour financer davantage d'investisseurs locatifs ou de résidences secondaires.
Limiter résidences secondaires et meublés touristiques
Mais pour Mme Bénassy-Quéré, les prêts pour investissement locatif sont "avant tout" freinés par leur "faible rentabilité notamment en zone tendue". Selon elle, "la normalisation du crédit" n'est de surcroît pas nécessairement une mauvaise chose si elle limite "le bourgeonnement de résidences secondaires et meublés touristiques".