Le chantier du Viaduc de Millau, premier grand projet du siècle en France, qui représente une prouesse technique du fait de la hauteur de ses pylônes, sera lancé officiellement vendredi par le ministre des Transport et de l'Equipement Jean-Claude Gayssot.

Prévu depuis 1987, cet ouvrage d'art destiné à franchir le Tarn est un chantier d'une importance considérable à la fois sur le plan technique - les pylônes supportant l'ouvrage seront les plus hauts du monde, supérieurs à la hauteur de la Tour Eiffel -, et économique (320 millions d'euros pour le coût de la construction). Il permettra aussi de désenclaver la région du sud du massif central.

Pendant les grandes migrations estivales, ce viaduc sera particulièrement bienvenu. Il permettra de terminer le tracé de l'autoroute A75 (La Méridienne) et fera de cette artère la voie la plus directe entre Paris, la Méditerranée et l'Espagne.

Les automobilistes devront attendre 2004, date prévue de la fin des travaux, pour emprunter cette traversée qui sera payante: 6,10 euros (40 francs) pour les véhicules légers en juillet et août et 4,57 euros (30 francs) les 10 autres mois de l'année.

Dessiné par l'architecte britannique Norman Foster, cet ouvrage "haubané", suspendu par des câbles en acier à des pylônes en béton, de 2,6 km de long, sera fidèle au style de l'architecte: sobre, sans détails sophistiqués et réalisé en acier et béton, les deux matériaux préférés de Lord Foster.

L'objectif était avant tout de créer un ouvrage léger pour respecter le décor naturel du site et s'inscrire parfaitement dans le paysage, soulignent les ingénieurs d'Eiffage, le groupe de BTP choisi par l'Etat, à la suite d'un appel d'offres européen, pour réaliser cet ouvrage.

La difficulté première du chantier a été de concevoir des appuis suffisamment hauts pour pouvoir franchir la vallée du Tarn et être aussi capables de résister aux vents violents qui soufflent dans cette région, a souligné la direction technique d'Eiffage.

Le caractère exceptionnel du chantier réside dans la pose et la construction des pylônes (le plus haut mesure 342 mètres, dont 260 mètres au-dessus du niveau du Tarn) mais aussi dans la mise en place du tablier (la structure qui franchit les deux rives) et qui sera "poussé" de chaque côté du Tarn.

Réalisé en acier, le tablier nécessite 36.000 tonnes de charpente métallique (7 fois le poids de la Tour Eiffel) mais permet une finesse esthétique (4,20 m d'épaisseur contre près de 5 m pour un tablier classique en béton).

Le groupe Eiffage assure la totalité du financement du projet sans aucune aide de l'Etat et se rétribuera sur l'exploitation de l'ouvrage, en concession pendant 75 ans. Au-delà de cette période, le viaduc redeviendra la propriété de l'Etat Français, selon le même principe que le tunnel sous la Manche dont la durée de concession est de 99 ans.

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