Selon les professionnels de l'immobilier, il est de plus en plus difficile de se loger sur la Côte d'Azur en raison d'une pénurie des appartements disponibles et d'une augmentation substantielle des prix, souvent supérieurs à 3.500 euros le m2.

"Le prix moyen a été de 2.850 euros le m2 en 2001, en hausse de 12%, mais les deux tiers des ventes d'appartements neufs se sont négociés au-delà de 3.050 euros", selon l'Observatoire de l'immobilier de la Côte d'Azur.

La situation, qualifiée de "véritable crise" par les professionnels, concerne le neuf et l'ancien, la vente et la location. "Il n'y a aucun produit disponible. Nous sommes dans un entonnoir", souligne Eric Hass, propriétaire d'une agence immobilière du centre de Nice.

En 2001, 3.600 appartements neufs ont été vendus sur l'ensemble des Alpes-Maritimes. Au cours du premier trimestre 2002, seuls 300 ont été proposés à la vente. "Si le recul se confirmait, ce serait dramatique", estime Christian Laroque, président de l'Observatoire de l'immobilier.
Les prévisions les plus pessimistes tablent sur une diminution des ventes de 10 à 15% en 2002.

La pénurie, à l'origine de la flambée des prix, est due, avant tout, à l'attrait qu'exerce la Côte d'Azur auprès d'une clientèle européenne qualifiée de "haut de gamme" par les agents immobiliers et qui, désireuse d'une "retraite au soleil", accepte une "surestimation" des prix.

Au cours des cinq dernières années, la majorité des appartements achetés à Nice, qui représente 50% du marché immobilier de la Côte d'Azur, l'ont été par des étrangers, notamment des Italiens.

Pour les professionnels, cette situation menace l'économie régionale. "De plus en plus de personnes refusent leur mutation professionnelle dans les Alpes-Maritimes en raison du coût du logement. Des administrations achètent des immeubles pour loger les fonctionnaires", dit Eric Haas.

"Le décalage entre l'augmentation des prix et le pouvoir d'achat des acquéreurs potentiels, actifs locaux ou d'autres régions françaises, laisse présager un ralentissement économique", selon Christian Laroque.

Le marché immobilier de la Côte d'Azur est composé de "petites surfaces". 76% des ventes concernent des studios, des 2 et 3 pièces. Les 100 m2 et plus sont rares à la vente et se louent à partir de 1.400 euros par mois. Les prix du locatif ont augmenté de 10% en 2001.

Le marché est aussi "spéculatif". "Echaudés par le recul des valeurs boursières, nombre de propriétaires refusent de vendre leurs biens. En un an, la pierre est redevenue une valeur refuge sur la Côte d'Azur", affirme Eric Haas.

Pour sortir de la crise, les professionnels réclament "une politique volontariste en faveur de l'habitat neuf". Mais la Côte d'Azur est confrontée à un problème foncier. Une ville comme Nice est coincée entre la mer et les collines qui, toutes, sont déjà envahies par des constructions.

"Les promoteurs privés sont en outre de plus en plus réticents à investir face aux recours massifs des défenseurs de l'environnement auprès des tribunaux administratifs et à la mansuétude des juges devant les mauvais payeurs", souligne Eric Haas.

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