COP 21. En plein démarrage de la COP21, les architectes internationaux ont partagé, ce lundi après-midi, leurs visions sur les conséquences du dérèglement climatique et la place des concepteurs dans la transition énergétique. Compte-rendu.
Les conséquences du dérèglement climatique ne sont pas seulement débattues par les 150 chefs d'Etat en ce moment au Bourget. Près de dix architectes spécialisés sur ce sujet épineux ont exposé leurs visions au cours d'une conférence organisée, ce lundi 30 novembre, à la Cité de l'Architecture et du Patrimoine à Paris, intitulée "Architecture, le climat de l'avenir".
De longs échanges ont été conduits par l'Union internationale des architectes (UIA), le Conseil national de l'Ordre des Architectes (CNOA), le Conseil pour l'International des architectes français (CIAF) et enfin le Conseil des architectes d'Europe (CAE). C'était ainsi l'occasion de marteler "l'appel porté par ces institutions représentatives de la profession d'architecture et largement relayé par les architectes du monde", a introduit Esa Mohamed, président de l'Union internationale des architectes (UIA).
Le constat est clair et partagé par tous les professionnels internationaux de la construction : "La construction, la maintenance et la transformation des bâtiments sont responsables de 19 % des émissions de gaz à effet de serre et de 40 % de l'énergie consommée au niveau mondial, d'après le dernier rapport du GIEC", observe Sylvie Jousseaume, climatologue au CNRS. Avant d'ajouter : "Si nos dirigeants politiques veulent réduire de deux degrés l'effet de serre et les architectes devront suivre cet engagement".
"Comment impliquer l'habitation et faire changer la donne ?", Carin Smuts
L'architecte Carin Smuts, lauréate du Global Awards 2008, venue d'Afrique du Sud et attachée aux problématiques environnementales, rejoint l'avis de l'experte en climatologie. Avant d'interroger ses confrères : "Comment impliquer l'habitation et faire changer la donne ?". Tout en rappelant particulièrement l'importance du facteur humain notamment dans la périphérie d'une ville. Et de poursuivre : "C'est toujours la périphérie d'une ville qui est la plus fascinante, à l'image de la construction du stade de rugby Green Point stadium (5 milliards de Rand), dont l'essentiel de l'enceinte a été conçu en Allemagne pour en faire un bâtiment environnemental". Elle tacle au passage la surconsommation de l'énergie utilisée à Cap Town à travers des parcours de golf éclairés jours et nuit et des stations balnéaires illuminées...
"Les terres crues et les bambous sont les matériaux de demain", Anna Heringer
De son côté, Anna Heringer, architecte allemande, lauréate du Prix Aga Khan 2007 et Global Award for Sustainable Architecture 2011, les terres crues et les bambous sont les matériaux de demain. "On doit construire avec plus de matériaux naturels comme la terre crue et le bambou au Bengladesh", répète-t-elle au cours de son exposé.
"Aujourd'hui, dans la conception, on ne sait pas trop où on va !"
Au sujet de la performance énergétique, Pascal Gontier, architecte à Paris, reconnaît "l'importance de la prise de conscience de la maîtrise d'œuvre", martelant qu'aujourd'hui, "on ne sait pas trop où on va !" Sur des projets réalisés pour la Siemp, au passage Frequet ou rue Myrha, il y a dix ans, il avait souhaité "urbaniser le passif allemand en mettant l'accent sur le chauffage". Mais il s'est rendu compte que "le bilan carbone des bâtiment était extrêmement important, notamment par la production du ciment."
De son côté, Patrick Coulombel, fondateur des architectes de l'Urgence, prévient sur les effets néfastes d'un urbanisme "idiot", ce qui a conduit à ce qui est arrivé à Cannes, par exemple. Enfin, l'architecte norvégien Kjelil Traedal Thorsen, de l'agence Snohetta, conseille, pour sa part, de "revoir l'outil de l'architecture". Avant de conclure : "Nous travaillons pour que la forme suive l'environnement. En tant qu'architecte, nous devons revoir notre rôle avec des systèmes de coopérations".