CONTESTATION. Les mouvements Extinction Rebellion et Soulèvements de la terre dénoncent les chantiers du Grand Paris, qu'ils jugent polluants et destructeurs de terres en Ile-de-France. Pour se faire entendre, ils occupent toute la semaine des sites clés de l'industrie de la construction de la région.
"Qui sème le béton aura bientôt la dalle." Derrière cette banderole se cachent les 400 activistes des mouvements Extinction Rebellion et Soulèvements de la terre, venus occuper quatre sites majeurs de l'industrie de la construction d'Ile-de-France, dans le Port de Gennevilliers, le mardi 29 juin. Un terminal cimentier, une centrale à béton et un dépôt de sable et granulat de Lafarge Holcim, ainsi qu'une centrale à béton d'Eqiom sont concernés.
D'autres slogans se sont illustrés sur des banderoles déployées sur les sites. Les activistes ont repeint les bâtiments et allumé des fumigènes. Les mouvements prévoient de bloquer d'autres sites dans la région cette semaine pour dénoncer les chantiers du Grand Paris, qu'ils qualifient de "ravages" sur les "terres fertiles d'Ile-de-France" et parlent même de "désastre écologique" en évoquant l'industrie de la construction.
Une action coup de poing
Le choix d'occuper Gennevilliers se justifie par l'emplacement majeur que représente le port pour la filière. "C'est une plaque tournante du BTP en Île-de-France car c'est par là que les barges chargées en matières premières pour créer le béton arrivent et que les déchets repartent", explique Adrien, membre du mouvement joint par Batiactu. "Ce grand projet ridicule qu'est le Grand Paris détruit notre avenir. Malgré le fait qu'on soit alerté par l'urgence climatique depuis des années, rien ne change", a-t-il regretté. "On est dans une logique de produire toujours plus béton, d'hyper-croissance et d'artificialisation des sols qui détruisent les terres pour les Jeux olympiques."
🚨 Le blocage du port de Gennevilliers continue.
- Les Soulèvements de la Terre (@lessoulevements) June 29, 2021
Nos bloquons 4 sites stratégiques de l'industrie du béton.
Nous décidons de dormir sur place pour engager un bras de fer contre @LafargeHolcimFR, la Société du Grand Paris et multinationales du BTP.#SoulevementsTerre pic.twitter.com/ztMMWJ0Ie1
Se basant sur des chiffres de l'émission "Complément d'enquête", diffusée en mars 2021 sur France 2, le militant s'inquiète du non-recyclage de certains déchets et l'avenir de ceux-ci. "70% des déchets des chantiers du Grand Paris ne sont pas recyclés. D'ici 2025, il n'y aura plus de place pour les garder en Ile-de-France et il faudra donc les dispatcher partout dans le pays." Surtout, il pointe les déchets qui seraient déversés dans certaines décharges et qui pollueraient les terres. Outre la répartition des débris, il accuse le projet de ne pas avoir été mené en concertation avec les citoyens et craint que cette "mascarade" crée de la gentrification autour des zones d'activités commerciales, poussant certaines populations toujours plus loin de la capitale.
"On n'est pas contre le métro par principe"
Le mouvement insiste pour rappeler qu'il ne s'oppose pas aux futures lignes 15 et 16 du métro, qu'il juge "utiles" pour la population mais ne comprend pas "l'utilité" des lignes 17 et 18, qu'il qualifie de "spéculation économique". Contactée par notre rédaction, la société du Grand Paris n'a pas souhaité réagir. De son côté, les représentants de la filière béton et le syndicat national de l'industrie cimentière n'ont pas répondu à notre demande.
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Mardi en fin d'après-midi, lors de l'échange entre Batiactu et le membre d'Extinction Rebellion, le groupe était toujours sur place. Les dirigeants de Lafarge tout comme les forces de l'ordre étaient également présents mais n'étaient pas encore intervenus. "Les patrons [de Lafarge, ndlr] ne nous ont pas parlé", a ajouté Adrien. "Ils avancent qu'ils respectent les chartes environnementales et qu'il n'y a rien à leur reprocher, ils ne veulent pas entrer dans le dialogue."
De son côté, Extinction Rebellion demande aux industriels de prendre conscience de l'urgence climatique, "d'arrêter le béton pour passer à la rénovation des bâtiments, une action moins polluante." Le mouvement espère aussi que les pouvoirs publics vont "prendre conscience du mécontentement d'une partie de la population. On sait que, malgré nos actions, les chantiers ne s'arrêteront pas mais on veut toucher le portefeuille de Lafarge." Suite à cette action, les activistes se sont donné rendez-vous, ce mercredi 30 juin, sur le site stratégique le Lafarge Mirabeau situé au Port de Javel, à Paris. Les mouvements de contestation devraient durer jusqu'à vendredi.