Les travaux de l'un des plus grands parcs éoliens d'Afrique devraient commencer dans quelques mois dans le nord semi-désertique du Kenya autour du Lac Turkana, une fois définitivement bouclé le montage financier du projet, ont indiqué ce samedi ses promoteurs. Le pays espère ainsi ajouter 2.000 MW de capacité électrique durable d'ici à 2013 grâce aux énergies renouvelables. Détails.
Alors que le plus important parc éolien en Afrique est aujourd'hui celui de Melloussa, près de Tanger (Maroc), avec 165 éoliennes et une puissance installée de 140 MW, ce projet de grande envergure au Kenya, d'un coût total de 585 M €, vise à le dépasser. Chiffres à l'appui, il compte élever 365 éoliennes sur 162 km² à proximité du Lac Turkana, dans l'une des régions au monde où le vent souffle à la fois le plus fort (11 mètres/seconde en moyenne) et de façon la plus régulière et prévisible.
Pour rappel, la plupart de l'électricité du Kenya est produite par des centrales hydroélectriques, qui sont sujettes aux caprices des sécheresses fréquentes, qui réduisent le niveau d'eau dans les puits, conduisant à des pénuries d'électricité et obligeant le pays à dépendre des générateurs alimentés par du diesel.
Après sept ans d'études, de négociations et de contretemps, le montage financier du projet kényan est désormais bouclé, même s'il reste suspendu à des garanties des institutions Ida et Miga de la Banque mondiale, espérées pour juin, a indiqué à l'AFP Carlo Van Wageningen, président du projet Lake Turkana Wind Power. « Tous les contrats sont en place, nous sommes prêts à démarrer les travaux sitôt ces garanties obtenues », a-t-il ajouté.
Construction de 204 km de route dans le Nord du pays
Tout d'abord, il faudra réhabiliter ou construire 204 km de route dans le nord du Kenya, qu'emprunteront les camions qui assureront 12.000 rotations pour amener le matériel dans cette région déshéritée. « Nous sommes au milieu de nulle part là-bas, il n'y a aucune infrastructure », relève M. Van Wageningen, pour qui l'endroit évoque « les photographies de la surface de la lune ».
En même temps sera édifiée sur 428 km une ligne électrique haute tension reliant le parc éolien au principal échangeur électrique du pays, à Suswa, pour un coût supplémentaire de 142 M €. De plus, celle-ci sera construite par la compagnie espagnole Isolux Corsan et cofinancée par des prêts des gouvernements espagnol et kényan.
Une production de 50 MW en 2014
Le parc éolien doit commencer une production de 50 MW courant 2014 et arriver à pleine capacité « fin 2014, début 2015 », date à laquelle il disposera d'une puissance installée de 300 MW, soit une puissance effective de 160 MW délivrée au réseau kényan, d'une capacité actuelle de 1.400 MW.
Le consortium a signé avec le fournisseur public Kenya Power un contrat de vente sur 20 ans à 7,52 centime d'euro/kWh, le plus bas du marché au Kenya avec l'énergie géothermique.Par ailleurs, la Banque africaine de développement (BAD) indique pour sa part « être à la tête du processus de financement » du projet, en tant que principal facilitateur du prêt couvrant 70% du coût de ce dernier, aux côtés des banques britanniques Standard Bank et Netbank (Afrique du Sud). Le financement des 30% restant est assuré par plusieurs fonds d'investissement et co-développeurs du projet, dont Aldwych et les fonds d'aide au développement norvégien et sud-africain.