CONJONCTURE. Les chiffres de la construction, à juillet 2017, sont plutôt bons. Mais les promoteurs immobiliers identifient déjà des signes précurseurs d'un éventuel retournement et alertent les pouvoirs publics. Ils demandent notamment la suppression du projet d'impôt sur la fortune immobilière, censé remplacer l'ISF.
Le gouvernement présentera sa stratégie globale pour le logement le 13 septembre prochain. Elle donnera lieu à une loi, où il devrait être notamment question de l'avenir des dispositifs fiscaux d'aide au secteur, à savoir le Pinel et le prêt à taux zéro (PTZ). La Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) vient de profiter de la publication des chiffres de la construction à juillet 2017 pour lancer un avertissement aux pouvoirs publics, en évoquant un possible "renversement de tendance". Une façon de mettre la pression sur le gouvernement avant la présentation des grandes lignes de sa politique logement ?
Une chose est sûre, les derniers chiffres sont encore bons, dans la lignée des trimestres précédents. "En un an, d'août 2016 à juillet 2017, les logements autorisés progressent de 13,3 % par rapport au cumul des douze mois précédents ; les mises en chantier augmentent de 14,5 % sur la même période", précise le ministère de la Cohésion des territoires dans un communiqué du 29 août. Sur le trimestre mai-juillet 2017, la hausse est de 2,7% par rapport au trois mois précédents. "L'activité est très soutenue pour les logements individuels purs (+ 15,7 %) et pour les logements ordinaires collectifs (+ 15,6 %). Les logements individuels groupés augmentent également (+ 6,0 %) et les logements en résidence stagnent à + 0,2 %."
Enfin, en matière de logements mis en chantier, entre août 2016 et juillet 2017, on dénombre 402.500 unités, soit +14,5% par rapport aux douze mois précédents.
Le projet d'impôt sur la fortune immobilière saperait la confiance des acquéreurs
Mais ces performances ne satisfont qu'à moitié la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI). "Si la croissance des ventes reste forte sur un an (+13,3%), le niveau des ventes sur le dernier trimestre est quant à lui inférieur au second trimestre (-9,4%)", explique Alexandra François-Cuxac, présidente de la FPI, dans un communiqué de presse. "Cette tendance à l'essouflement n'est pas une surprise pour les promoteurs, qui constatent depuis quelques semaines une forme d'attentisme chez leurs clients." La raison, selon l'organisation : les incertitudes qui pèsent sur l'avenir des mécanismes de soutien au secteur que sont le dispositif Pinel et le prêt à taux zéro. La FPI estime également que la transformation de l'ISF en impôt sur la fortune immobilière "sape la confiance des acquéreurs".
Pour illustrer le ralentissement du marché, la FPI avance deux autres chiffres : le + 10,6% de permis de construire délivrés de mai à juillet (au lieu de hausses supérieures à +15% depuis le début de l'année) et l'augmentation de 7% du nombre de logements mis en chantier sur mai-juillet (+18% au premier trimestre 2017).
"La balle est dans le camp du gouvernement" pour maintenir la tendance positive
Toutefois, les promoteurs immobiliers se "félicitent" de l'ouverture d'une concertation par le gouvernement dans le cadre de la future loi logement. Mais ils restent prudents. "Face aux premiers signes d'essouflement, la balle est dans le camp du gouvernement pour recréer les conditions de croissance de l'immobilier neuf, en maintenant les mécanismes de soutien et en renonçant au projet d'impôt sur la fortune immobilière", affirme Alexandra François-Cuxac.