CONJONCTURE. Selon une étude de la Coface, le troisième trimestre 2018 a enregistré une hausse de 2,3% des défaillances d'entreprises en France, par rapport à la même période un an auparavant. Le secteur de la construction représente à lui seul 27% du nombre total de sociétés en redressement.

La Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur - Coface - vient de publier une étude portant sur les défaillances d'entreprises en France : le troisième trimestre de l'année 2018 a enregistré une augmentation de 2,3% des sociétés placées en procédure de redressement judiciaire, en comparaison à la même période un an auparavant. C'est la première fois depuis deux ans que ces statistiques repartent à la hausse, une évolution qui s'inscrit dans un contexte de ralentissement de la croissance à 1,6% cette année, dû à une consommation des ménages en berne.

 

 

Les TPE subissent de plein fouet le phénomène

 

La Coface souligne notamment que le tassement de l'activité observable dans le secteur de la construction se répercute sur le nombre de procédures de redressement judiciaire : à lui seul, le bâtiment représente 27% du nombre total de défaillances. Après avoir atteint un sommet en octobre 2017, les permis de construire reculent ces derniers mois, ce qui pénalise l'ensemble des principaux segments d'activité : les travaux de maçonnerie générale et de gros œuvre de bâtiment connaissent une hausse de 3% des défaillances d'entreprises, ceux de peinture et vitrerie +11%, les travaux d'installation électrique et la construction de maisons individuelles +14%.

 

Les TPE réalisant moins de 500.000 euros de chiffres d'affaires se retrouvent en première ligne pour affronter ce retournement de situation, à l'inverse des sociétés de plus grande taille. L'étude pointe aussi du doigt un paradoxe : le taux de défaillance et la profitabilité des entreprises sont en constante augmentation ; néanmoins, leurs performances s'avèrent décevantes à l'international, ce qui se traduit dans les faits par le creusement du déficit commercial. La Coface avance malgré tout un élément de réponse : les sociétés choisissent de ne répercuter qu'en partie les gains de compétitivité enregistrés sur les prix entre 2014 et 2016, de manière à augmenter leur taux de marge. Seul point positif pour la construction : le taux de marge ainsi que le solde commercial du segment des matériaux de construction se sont améliorés.

 

Neuf régions sur treize dans le rouge

 

 

Au niveau géographique, neuf régions sur treize ont enregistré un accroissement des défaillances d'entreprises par rapport au troisième trimestre 2017. L'Ile-de-France occupe la première place, avec 2.402 procédures de redressement judiciaire amorcées, soit une progression de 5,8%, tandis que la Corse voit son taux bondir de 28,8%, mais pour n'atteindre "que" 94 défaillances. Les Pays de la Loire, la Bourgogne-Franche-Comté, Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) et Auvergne-Rhône-Alpes sont épargnées par le phénomène. La région PACA connaît notamment de bonnes performances, une situation qui s'explique principalement par le dynamisme du secteur local de la construction, où les défaillances chutent de 24%.

 

D'après son modèle prévisionnel, la Coface table sur un retrait de 3,4% des défaillances d'entreprises sur toute l'année 2018. Pour 2019, l'organisation prévoit cependant une augmentation timide, de l'ordre de 0,8%. Elle estime en effet que la poursuite du ralentissement de la croissance, causé par des contraintes d'offre persistantes, et qu'un climat international toujours moins serein devraient continuer à impacter les sociétés. Par ailleurs, il est à noter que le grand nombre de créations d'entreprises observable ces dernières années engendrera vraisemblablement des redressements supplémentaires : on estime aujourd'hui que les chances de survie d'une structure sont à peine supérieures à 50% après cinq ans d'existence.

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