ETUDE. La productivité de la construction française "sous-performe" celle des autres secteurs d'activité, selon l'Observatoire de la Construction Tech.
Peut mieux faire sur le front de la productivité. Tel est, en substance, le message adressé au secteur de la construction par la troisième étude de l'Observatoire de la Construction Tech, publiée ce jeudi 27 juin par le salon Batimat et le groupement des entreprises de la filière électro-numérique française (Gimelec). D'après ce travail réalisé avec le cabinet Xerfi, la productivité de la construction française "sous-performe" celle des autres secteurs d'activité. Avec, en particulier, un différentiel cumulé de productivité entre l'industrie et la construction de 127,3% depuis 1995.
A titre de comparaison, l'écart est de 39,6% seulement au Royaume-Uni. "La France n'est pas une exception mais l'écart de productivité avec l'industrie y est le plus élevé sur 20 ans parmi les pays européens", souligne l'Observatoire. Une contre-performance en partie liée à "la structure du secteur (français) et à son mode de fonctionnement", la construction comptant nombre de petites entreprises et utilisant des méthodes difficiles à reproduire à l'échelle industrielle, explique l'étude.
Le hors-site permettrait 50% à 70% de gains de productivité
Mais cette situation n'est en rien irrémédiable, selon l'Observatoire, qui identifie une piste principale de gains de productivité, à savoir l'industrialisation du secteur et sa transformation digitale. Afin de s'adapter aux évolutions démographiques, sociales et à la révolution numérique, qui nécessitent de construire plus vite et pour des coûts moindres, celui-ci "doit notamment s'inspirer des méthodes utilisées dans l'industrie", conseille l'étude.
"Lean management" (gestion de la production sans gaspillage), BIM (building information modeling), hors-site sont autant de techniques que la construction devrait encore davantage s'approprier, préconise le rapport, chiffres à l'appui. La construction hors-site permettrait par exemple de réaliser 50% à 70% de gains de productivité par rapport aux chantiers classiques, grâce à la diminution des délais et à la réduction des risques de malfaçon. Quant aux technologies numériques, elles ont engendré 2,5% de gains de productivité par an au cours des dix dernières années dans l'industrie, d'après Capgemini. Qui estime ces gains à 7% par an d'ici à 2023. "Qu'en serait-il de la construction?", se prend à rêver l'Observatoire.
Le secteur français de la construction pourrait bientôt commencer à refaire son handicap. "Un mouvement est en train de s'opérer", constate l'Observatoire. Un peu plus de la moitié - 51% exactement - des professionnels interrogés déclaraient utiliser des outils numériques, notamment le BIM, dans leurs projets de construction, début 2018, contre seulement 27% deux ans plus tôt, selon le Plan transition numérique dans le bâtiment. "Les choses changent, la FFB (Fédération française du bâtiment) fait désormais du lean management l'un de ses axes privilégiés pour augmenter la productivité dans le bâtiment", salue également l'étude.