SMART CITY. Un rapport sur le sujet doit être remis ce mois-ci au ministre du Logement, Julien Denormandie, par la Mission sur l'accélération de l'innovation dans le logement, lancée en début d'année.
"La construction hors site va révolutionner l'acte de construire." Rien de moins, et c'est Bouygues Immobilier qui le dit, par la voix de son directeur général du développement international, Laurent Tirot, qui participait à une table-ronde sur la ville intelligente organisée jeudi 24 octobre par le magazine Grand Paris Développement et la ville d'Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). De fait, Bouygues Construction, via sa filiale Dragages Singapore (Bouygues Bâtiment International), a construit les plus hautes tours en modulaire béton au monde, sur le chantier de Clement Canopy à Singapour.
D'autres grands noms du BTP français ont mis un pied dans la construction hors site, en créant des structures ad hoc ou en rachetant des sociétés spécialisées. Eiffage a ainsi fondé en 2008 Eiffage Construction Industries, qui a par exemple conçu des chambres préfabriquées pour la chaîne hôtelière Eklo. Saint-Gobain a de son côté acquis en 2017 Scotframe, une société écossaise spécialisée dans les kits pour maisons préfabriquées.
Un rapport doit être rendu au ministre du Logement ce mois-ci
Mais si la construction hors site est devenue "une obligation à Singapour", selon Najoua Arduini, "on peine (en revanche) à y arriver en France", nuance la directrice du développement du promoteur GA Smart Building, soulignant le faible nombre d'acteurs. "La France reste globalement en retard dans ce domaine", pointait également une étude publiée en mai, réalisée par Xerfi MCI pour le compte de Batimat et Gimélec. Un retard dont les raisons "sont avant tout culturelles", d'après cette étude, qui cite comme principal obstacle au développement de la construction hors site dans l'Hexagone la difficulté de passer d'une "logique de chantier, pour l'heure très prégnante, à une logique d'industrialisation."
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Le hors site désigne en effet une méthode de construction délocalisée du chantier, réalisée en usine ou en atelier. Avec, à la clé, une réduction des nuisances, notamment acoustiques ; une diminution des délais de construction, la météo n'étant plus un problème ; un abaissement des risques de malfaçons et une amélioration des conditions de travail. Autant d'avantages grâce auxquels la construction hors site engendrerait 50% à 70% de gains de productivité par rapport aux chantiers classiques, selon l'Observatoire Construction Tech publié en juin.
Le gouvernement en est conscient : le ministre du Logement, Julien Denormandie, a lancé en début d'année une mission sur l'accélération de l'innovation dans le logement, dont les travaux portent notamment sur le développement d'une filière de construction hors site en France. La publication d'un rapport sur ce sujet est prévue sur ce mois-ci, d'après le profil LinkedIn de Vincent Pavanello, cofondateur de Real Estech et rapporteur de cette mission.