Après trois années très mauvaises pour le secteur de la construction bois, les professionnels se montrent à présent convaincus de pouvoir, très rapidement, doubler leurs parts de marché sur certains segments comme le logement collectif. Explications.
"Le vrai démarrage de la construction bois, c'est maintenant." Christian Piquet, vice-président de l'Union des métiers du bois (UMB-FFB), en est persuadé. Il s'exprimait sur la conjoncture, le 6 juin 2017 à Paris, lors de la présentation de la quatrième enquête nationale de la construction bois, portant sur l'année 2016. "De 2014 à 2016, cela a été très difficile pour nous. Nous n'avons pas été bons. D'autres modes constructifs ont été plus agressifs, commercialement parlant, en développant des solutions standardisées à des prix accessibles. Nous sommes passés à côté. La crise nous a fait l'effet d'une véritable tempête, mais nous sommes aujourd'hui sur le rebond et nous allons remonter la cote très vite", a-t-il également affirmé.
Il faut dire que la construction bois n'a pas d'autres choix que celui de remonter la pente, dans la mesure où les chiffres dévoilés pour 2016 sont particulièrement mauvais. Certains d'entre eux avaient déjà été présentés le 30 mai 2017, lors d'un colloque sur la construction bois. Issus de l'interrogatoire de plus d'un millier d'entreprises intervenant sur ce marché, ces données montrent notamment que le montant généré par le marché de la construction bois s'est élevé à 1,683 milliard d'euros en 2016, en baisse de 11% par rapport à 2014. Par ailleurs, la part de marché du matériau a fondu en maison individuelle, son marché de prédilection : 9,1% en 2016 en diffus (contre 10,4% en 2014), 7,6% en groupé (11,2% en 2014). Elle progresse toutefois sur le logement collectif, passant de 2,6% (2014) à 4% (2016), et sur les extensions-surélévations (27,8% contre 20,1%).
Le bois n'a pas profité du retour des primo-accédants
Principale explication à ces chiffres décevants : le redémarrage du marché a été caractérisé par un retour des primo-accédants, marché sur lequel le bois est peu présent. "Il y a toujours cette idée reçue selon laquelle le bois est plus cher, alors que nous pouvons faire des propositions", regrette Christian Piquet.
Un chiffre, toutefois, tiré de l'étude, donne une idée du "rebond" évoqué par le vice-président de l'Union des métiers du bois. Près de 30% des entreprises interrogées prévoient d'investir à court terme, et 40% prévoient d'embaucher. Cette tendance positive s'est ébauchée dès la fin 2016. Et elle n'est pas forcément liée aux réflexions entourant la prochaine réglementation environnementale, préfigurée par le label énergie carbone (E+C-). "Cette réglementation, elle est dans nos objectifs", explique Christian Piquet. "Mais elle n'est pas encore en vigueur, elle ne nous touche pas directement aujourd'hui."
"Nous ne voulons plus être pénalisés par les réglementations"
Autre signal positif perçu par la filière, la nomination de Nicolas Hulot à la tête du ministère de la Transition écologique et solidaire. "Nous nous situons dans la continuité du travail mené avec Ségolène Royal et Emmanuelle Cosse, avec une vraie prise en compte de la construction durable", affirme Christian Piquet. Le ministre écologiste, pour rappel, sera très impliqué dans la définition de la future réglementation environnementale qui touchera la construction neuve - si, bien sûr, il reste au gouvernement. Christian Piquet se félicite d'ailleurs du fait que le bois soit devenu un interlocuteur incontournable pour les pouvoirs publics. "Auparavant, nous n'avions pas droit à la parole. Aujourd'hui, nous l'avons. Nous ne sommes pas contre les autres matériaux, chacun d'entre eux a des atouts et des inconvénients. Nous souhaitons simplement que les futures réglementations ne nous pénalisent pas - comme cela a pu être le cas par le passé -, de manière à ce que nous puissions décrocher les parts de marché qui nous reviennent."