CONJONCTURE. Le ministère de la Cohésion des territoires a publié les chiffres de la construction de logements et de locaux pour l'année 2019 : 449.400 habitations ont été autorisées l'année dernière, en recul de 2,3% par rapport à 2018, et 410.300 ont été mises en chantier, soit une baisse de 1%. Les surfaces professionnelles se portent en revanche particulièrement bien. Les promoteurs immobiliers ont réagi à ces statistiques.

Le ministère de la Cohésion des territoires a publié ce 28 janvier 2020 les chiffres de la construction de logements et de locaux arrêtés à fin décembre 2019, et englobant donc toute l'année dernière. Concrètement, le cru 2019 est moins bon que celui de 2018 : 449.400 logements ont été autorisés à la construction en 2019, soit une baisse de 10.500 unités (-2,3%) par rapport à l'année 2018 ; 410.300 logements ont été mis en chantier, ce qui représente un recul de 4.100 unités (-1%) en comparaison à 2018. Sur le dernier trimestre 2019 (octobre à décembre), les autorisations de logements se redressent cependant nettement (+12,3%, après -5,8%), et les logements collectifs ou en résidences profitent d'un rebond important (+19%, après -12,6%). Les logements individuels, pour leur part, continuent leur progression, avec +3,8% après +4,3%. Quant aux mises en chantier du 4e trimestre 2019, elles accusent une diminution de 2,5% après +3,1%. Un retrait qui concerne aussi bien les logements collectifs ou en résidences (-3,3% après +3,2%) que les logements individuels (-1,2% après +2,9%).

 

Dans le détail des chiffres communiqués par le Gouvernement, on note que 123.400 logements ont été autorisés sur la période octobre-décembre 2019, en hausse de 8,7% en comparaison à la même période un an plus tôt. Ces statistiques comprennent 34.600 individuels purs (+10,1%), 13.100 individuels groupés (+2,5%), 63.500 collectifs (+3,7%) et 12.300 logements en résidences (+50%). Du côté des mises en chantier, les individuels purs se sont élevés à 30.300 unités lors du 4e trimestre 2019, enregistrant +2,5% ; les individuels groupés se sont chiffrés à 12.200, en recul de 0,6%, les collectifs à 72.300, se repliant de 6,2%, et les logements en résidences à 10.400, augmentant de 1,2%.

 

Auvergne-Rhône-Alpes, Pays-de-la-Loire et Centre-Val-de-Loire tirent les chiffres vers le haut

 

Sur le plan géographique, d'importantes disparités continuent à s'observer entre les régions françaises. A l'échelle de la France métropolitaine, 434.600 logements ont été autorisés à la construction en 2019, soit une baisse de 2,3% en comparaison à 2018, et 396.700 unités ont été mises en chantier, en recul de 1,2%. Les départements et régions d'Outre-Mer (hors Mayotte), quant à eux, ont autorisé 14.800 logements en 2019 (-1,3%) et mis en chantier 13.600 unités (+4,9%).

 

Les plus mauvais chiffres ont été enregistrés par la Corse, qui a vu ses logements autorisés fondre de 19,5% l'année dernière, pour un total de 5.100 unités. Ses mises en chantier se sont également élevées à 5.100, mais ont pour leur part représenté un bond de 19,5%. Dans le peloton de queue, les Hauts-de-France font aussi pâle figure, avec une chute de 14,6% de leurs autorisations de logements, à 25.400 unités. Leurs mises en chantier ont stagné (0%), à 24.200 unités. L'Île-de-France réalise elle aussi un mauvais score, avec seulement 82.100 logements autorisés et 80.400 commencés, soit des diminutions respectives de 10,3% et de 2,7%. Du côté des évolutions positives, l'Auvergne-Rhône-Alpes a enregistré en 2019 un total de 65.200 logements autorisés (+5%) et de 56.100 commencés (-0,4%). Les Pays-de-la-Loire s'en sortent très bien également, avec une progression de 7,8% de leurs autorisations (29.900) et une hausse de 5,2% de leurs mises en chantier (27.000). Mais c'est la région Centre-Val-de-Loire qui affiche les meilleurs scores : 12.200 logements autorisés et 11.400 commencés, ce qui représente respectivement +11,4% et +17,7%.

 

Des taux d'annulation et des délais avant mise en chantier plus faibles que d'habitude

 

Sur le 4e trimestre 2019, l'Administration prévoit en outre un taux d'annulation de mises en chantier de 11,2% pour les logements individuels autorisés, un chiffre plus faible que la moyenne de long terme (12,1%). Ce taux grimpe toutefois à 12,8% pour les logements collectifs ou en résidences, mais reste là encore inférieure à sa moyenne depuis décembre 2010 (14,7%). Niveau délais, le ministère table sur une moyenne de 6,1 mois avant les ouvertures de chantiers de logements individuels autorisés sur les trois derniers mois de l'année. C'est un peu plus que le délai moyen observé depuis décembre 2010 (5,8 mois). Dans le collectif et les résidences, le délai moyen avant mise en chantier passe à 11,2 mois, en retrait par rapport à la moyenne de longue période (12,1 mois).

 


L'évolution des mises en chantier de logements depuis 2015

 

Les chiffres du Gouvernement sur les logements commencés depuis 2015 ont été révisés à la fin du mois de décembre 2019 :

 

- 2015 : 343.400 unités
- 2016 : 378.300 unités
- 2017 : 428.600 unités
- 2018 : 414.400 unités

 


Très bonnes performances des locaux non-résidentiels

 

Les surfaces professionnelles ont aussi droit à leurs statistiques : durant les trois derniers mois de 2019, leurs autorisations à la construction ont représenté 10,7 millions de m², les mises en chantier 7,8 millions de m², soit des hausses respectives de 5,7% et de 7,1% par rapport au dernier trimestre 2018. Sur l'ensemble de l'année 2019, quelque 42,2 millions de m² de locaux non-résidentiels ont ainsi été autorisés (+7,1% en comparaison à 2018), pendant que 28,4 millions de m² ont été mis en chantier (+7,2%).

 

Plus précisément, 10,6 millions de m² ont été autorisés entre octobre et décembre 2019 (+5,7% comparés à la même période un an auparavant), dont 1,6 million de m² de bureaux (+5,4%) et 526.000 m² de locaux destinés à l'artisanat (+3,2%). Sur un an, les bureaux ont représenté 5,9 millions de m² autorisés (+5,3%), et les surfaces dédiées aux artisans 1,9 million de m² (+2,2%). Sur le plan des mises en chantier, le 4e trimestre de 2019 a vu au total 7,8 millions de m² commencés, en hausse de 7,1%, dont 1,2 million de m² de bureaux (-3,4%) et 301.000 m² de locaux pour l'artisanat (+8,5%). De janvier 2019 à décembre 2019, environ 3,9 millions de m² de bureaux ont été commencés, en recul de 1%, et 1,2 million de m² de locaux pour les artisans, ce qui représente une envolée de 24,1%.

 

Satisfecit du Gouvernement, qui réaffirme sa mobilisation sur la rénovation

 

Aux yeux de l'exécutif, les chiffres de la construction du 4e trimestre 2019 permettent une "stabilisation" sur toute l'année, notant au passage "la baisse des recours contentieux". Le ministère de la Ville et du Logement assure travailler "étroitement" avec les acteurs du secteur et les collectivités territoriales, "notamment pour simplifier les règles et optimiser le foncier afin d'y construire plus de logements". Mais le Gouvernement fait aussi le lien avec l'autre enjeu incontournable : la rénovation du bâti. Estimant que la simplification des aides "a permis de les rendre plus accessibles aux Français et [de] faciliter la rénovation pour les plus modestes", l'exécutif mise beaucoup sur le dispositif Ma Prime Rénov', dont Batiactu avait détaillé toutes les spécificités ici. Il estime par ailleurs que l'Agence nationale de l'habitat (Anah) a enregistré des "résultats exceptionnels" : l'année dernière, l'organisation a financé les travaux de rénovation de 155.000 logements, ce qui représenterait quasiment le double du niveau de 2017. Enfin, le Gouvernement s'engage dorénavant à publier tous les trimestres "des données sur l'ensemble de la rénovation".

 

"Ces résultats valident la stratégie du Gouvernement de stabiliser les aides sur le long terme pour donner de la visibilité au secteur et de faciliter la construction avec la loi Elan, en particulier en luttant contre les recours abusifs", a estimé le ministre de la Ville et du Logement, Julien Denormandie. "Les annulations de permis de construire ont nettement baissé. Nous poursuivrons, aux côtés des professionnels, les travaux pour réécrire les règles de construction en 2020 et pour optimiser le foncier disponible, afin de proposer aux Français une offre de logements de qualité et abordable. En parallèle, nous accélérons aussi la rénovation des logements."

 


Les promoteurs immobiliers attirent l'attention sur le segment du collectif

 

Dans un communiqué, la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) a réagi à la publication des chiffres gouvernementaux sur la construction de logements en 2019. Estimant que les baisses de permis de construire et de mises en chantier "sont sauvés par un mois de décembre atypique", l'organisation souligne que la hausse importante du logement collectif "est en trompe-l'oeil", expliquant que "la référence la plus pertinente reste l'année 2018". Ramenés à ces points de comparaison, les progressions des permis de construire ne seraient plus que de 3,7% pour les logements collectifs ordinaires et de 2,5% pour les individuels groupés. "On peut donc plus parler d'un T4 2019 en légère inflexion pour le collectif", affirme la FPI, qui ajoute que le niveau de construction de 2019 "reste en-deçà des bonnes années 2016-2018".

 

Plus largement, les promoteurs remettent donc en question l'interprétation des chiffres communiqués par l'exécutif et sa politique du logement : "Le marché fonctionne aujourd'hui à rebours de la volonté du Gouvernement de lutter contre l'artificialisation et d'encourager la densification et la reconstruction de la ville sur elle-même", dénonce la fédération, qui ajoute qu'il y a eu "beaucoup moins de projets de logements collectifs" lancés en 2019 que lors des années précédentes. Pour les professionnels, la baisse des mises en chantier "est donc devant nous". "Avec 450.000 logements autorisés et 410.000 logements commencés en 2019, la France reste un pays bâtisseur et il faut s'en réjouir", a pour sa part déclaré Alexandra François-Cuxac, présidente de la FPI. "Mais il ne faut pas se dissimuler pour autant que les chiffres du logement collectif, en baisse sensible par rapport à la période 2016-2018, restent décevants. Nous peinons toujours à lancer des programmes dans les villes, où les besoins de logements sont les plus criants."

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