LABELS. Les bâtiments, qu'ils soient tertiaires ou pas, deviennent communicants avec leurs occupants. La qualité de cette "connectivité" et des services proposés confère une nouvelle valeur à ces biens immobiliers. Plusieurs labels existent pour distinguer les édifices les plus performants. Zoom.
Les technologies numériques s'infiltrent partout dans le quotidien des Français. Les véhicules, les équipements électroménagers, les espaces de travail, tout devient "smart" ou "communicant". Et le bâtiment ne fait pas exception à la règle avec l'apparition de constructions "connectées" qui collectent et transmettent des données à leurs occupants et à leurs gestionnaires. Cette connectivité est même désormais incontournable pour répondre aux enjeux de la transition en cours et génère une valeur supplémentaire aux édifices en pointe. Un marché naissant qui a vu apparaître plusieurs labels différents.
L'initiative française remonte à 2015…
D'abord créée sous la forme d'un référentiel en 2015, la marque "Ready2Services" (R2S) se transforme aujourd'hui en véritable label. Conçu par Certivéa et la Smart Buildings Alliance, ce label se destine à la fois aux constructions neuves mais aussi aux remises à niveau d'immeubles non résidentiels existants. Les deux partenaires, qui lancent officiellement la marque de qualité ce mardi 26 juin 2018, précisent qu'il est le fruit de deux ans de travaux conjoints et d'une élaboration réalisées avec l'ensemble des parties prenantes, dont l'Alliance HQE-GBC qui a intégré divers éléments à sa charte. Il repose à la fois sur un guide, "pour accompagner la filière du bâtiment à tirer pleinement parti du numérique et encourager à transformer les bâtiments en véritables plateformes de services, évolutifs, confortables et ouverts sur la ville intelligente et durable", et sur un outil de valorisation des projets les plus aboutis.
Le cadre de référence est en partie déjà inscrit dans la norme NF Logement. Il repose sur trois niveaux empilés les uns sur les autres : tout d'abord les équipements du bâtiment, capteurs et actionneurs, qui permettent de "piloter" la construction de façon automatisée ou en prenant la main à distance. Ils contrôlent le chauffage, l'éclairage naturel ou artificiel, et communiquent avec la couche IP de l'infrastructure. Au-dessus, vient se greffer la couche infrastructure, celle du réseau local qui collecte et fait remonter les données. Enfin, au plus haut, se situent le cloud et les services, dans ce qui est le cerveau du bâtiment. Ce dernier stocke et traite les données dans un data center et propose une interface utilisateur pour les traduire. La startup NodOn, qui commercialise des capteurs sans fil et sans pile, précise : "Cette architecture normée apporte une réponse aux problèmes d'interopérabilité, permet plus de flexibilité et n'impose pas d'infrastructure dédiée. L'indépendance entre les trois niveaux est essentielle et fait partie des prérequis pour déterminer si un bâtiment est bien R2S". Pour l'heure, plusieurs opérations pilotes ont déjà été menées par des acteurs de la promotion immobilière comme BNP Paribas Real Estate, Icade ou Altarea-Cogedim.
… mais une startup new-yorkaise mène déjà la course
A l'international, la startup new-yorkaise WiredScore avait créé, dès 2013, un label sur la connectivité des bâtiments tertiaires. Frédéric Motta, le directeur général de l'antenne française, explique : "L'intérêt des investisseurs pour garantir une connectivité Internet optimale sur les sites tertiaires va de pair avec les nouveaux besoins des entreprises liés à la digitalisation de la société dans son ensemble. De ce fait, la connectivité devient clé et constitue un service indissociable de la vie de bureaux, tant pour la performance de l'entreprise que pour le confort des collaborateurs". La labellisation a été déployée dans plus de 150 villes du monde et concerne plus de 1.400 immeubles, dont certains très emblématiques comme l'Empire State Building, le Shard à Londres ou les futures tours Duo de Jean Nouvel à Paris. Dernièrement, c'est à Marseille que la startup américaine a décerné des labels à plusieurs opérations dont la tour La Marseillaise, elle aussi conçue par l'architecte star. Covivio (ex-Foncière des Régions) l'a également fait attribuer à l'un de ses bâtiments. Le communiqué détaille : "Avec l'obtention du label WiredScore Silver, l'immeuble Calypso, qui totalise près de 10.000 m² de bureaux et de services, se distingue ainsi par la qualité de sa connectivité et de ses infrastructures". Dans les faits, les espaces s'avèrent flexibles : bureaux, salles de réunions, plateaux de coworking sont réservables en quelques clics, tout comme les services de conciergerie, de restauration ou d'événementiel. Le groupe annonce être engagé dans une démarche d'innovation axée sur les bâtiments intelligents et adaptables et le développement d'offres nouvelles contribuant à la satisfaction des clients. Il fera donc certifier d'autres opérations à l'avenir. La labellisation de la connectivité ne fait que commencer et elle s'intégrera à l'avenir dans les critères d'attribution de grandes certifications immobilières déjà existantes comme HQE, BREEAM ou LEED.