"Trop c'est trop" : les façadiers lancent un cri d'alarme. Les professionnels du secteur dénoncent des pratiques privilégiant les entreprises étrangères. La "réalisation des façades vitrées et murs rideaux de la tour Saint Gobain, par une entreprise turque, est l'exemple de trop". Jean-Luc Marchand, Délégué général du SNFA, s'en explique.
"Que la réalisation des façades vitrées de la Tour Saint Gobain, dans le quartier de la Défense, soit confiée par Vinci à une entreprise turque" passe mal chez les façadiers français. C'est l'exemple de trop pour le SNFA. Après La tour Carpe L'organisation professionnelle représentative des concepteurs, fabricants et installeurs de menuiseries aluminium a donc décidé de pousser un cri de colère dans un communiqué de presse envoyé ce lundi. Jean-Luc Marchand, son Délégué général, nous livre son point de vue sur la situation.
Batiactu : Pourquoi êtes-vous en colère ? Qu'est-ce qui vous a poussé à rédiger ce communiqué ?
Jean-Luc Marchand : Ce qui nous a motivés, c'est que notre métier et nos entreprises françaises, qui travaillent sur les façades et ossatures vitrées des immeubles, sont de plus en plus soumises à des opérations réalisées par des entreprises générales. Ces dernières ont des pratiques qui les amènent à choisir des solutions toujours moins chères. C'est donc tout un marché qui nous échappe. On va tuer notre filière !
Batiactu : Pourquoi mettre en avant la construction de la Tour Saint Gobain ?
Jean-Luc Marchand : La tour Saint Gobain est un exemple parmi d'autres. Dans ce cas, comme dans d'autres, les entreprises générales de construction font appel à des entreprises étrangères dont les prix ne peuvent être concurrencés par aucun façadier français. Ces entreprises ont des systèmes de fabrication qui ne sont pas identiques à celles de nos entreprises françaises. C'est donc un nouvel exemple qui fait suite à beaucoup d'autres, qui, on l'a vu, peuvent très mal se terminer. Je pense notamment à une autre tour du quartier de la Défense, dont les façades avaient été réalisées par une entreprise chinoise. A l'époque déjà, nous avions ralé. Le chantier s'est avéré être une catastrophe. Et les façades avaient été mastiquées pour faire face à des fuites. Et il y a eu d'autres ! Nous avons donc l'impression que l'expérience ne sert à rien.
Batiactu : Qu'est-ce qui vous met le plus en colère ?
Jean-Luc Marchand : Le niveau des prix pratiqués. Ils sont irréalistes pour faire vivre nos entreprises. Je regrette de voir se développer, dans les marchés de la fenêtre, aussi bien dans le neuf que la rénovation, des achats privilégiant l'étranger. Et les entreprises généralistes ne confient même plus la responsabilité de poser aux entreprises spécialisées. Trop c'est trop. On marche sur la tête !
Batiactu : C'est-à-dire ?
Jean-Luc Marchand : Si nous n'avions pas la capacité, nous comprendrions. Mais nous avons en France les meilleurs spécialistes européens. Pour la Tour Saint Gobain, dont le groupe a pourtant une filière glace, c'est un comble. Cet exemple est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Les façadiers sont en colère et nous voulons dénoncer les pratiques des entreprises généralistes qui n'ont plus de limite. Il faut comprendre que c'est le concept même de l'entreprise spécialisée capable de concevoir, fournir et installer qui est remis en cause. Ce cri de colère a pour objectif de dénoncer des pratiques mais surtout de provoquer une prise de conscience et le retour au bon sens d'avoir recours à une filière française constituée de PME performantes.
A l'heure où nous écrivons ces lignes, Saint Gobain, comme le groupe Vinci n'ont pas encore pu nous répondre, ce dernier ayant une actualité un peu chargée ce jour.