TECHNOLOGIES. Richement doté de 57 Mrds €, le Grand Plan d'Investissement a été mis en place par l'Etat et l'Europe, pour financer des solutions porteuses d'avenir. La première vague du Concours d'innovation a été dévoilée ce 12 décembre 2018, un an pile après son lancement. Elle comprend près d'une centaine de jeunes pousses au fort potentiel, dont 16 sont liées aux EnR et au stockage. Zoom.
Améliorer les batteries, anticiper la production solaire photovoltaïque, déployer des éoliennes amovibles… Autant d'idées "simples" qui nécessitent à la fois beaucoup de cellules grises ainsi qu'un certain engagement financier. Pour sélectionner les projets les plus prometteurs et les soutenir, le Secrétariat général pour l'investissement, chargé de suivre le Grand Plan d'Investissement et la mise en œuvre du Programme des investissements d'avenir, a donc lancé voilà une année, un vaste concours d'innovation à destination des startups et PME. Pas moins de 89 sociétés ont été retenues autour de plusieurs thématiques générales (santé, cybersécurité, alimentation…) dont une, portée par l'Ademe : les énergies renouvelables, le stockage et les systèmes énergétiques.
Dans cette seule catégorie, seize jeunes pousses sont finalement lauréates, dont plusieurs déjà bien connues des lecteurs de Batiactu : Deepki (solution de management énergétique pour les gestionnaires de parcs immobiliers), Dualsun (panneau solaire hybride photovoltaïque et thermique), ou encore Tiamat (batteries sodium-ion à charge ultra-rapide et longue durée de vie). Mais de nombreuses autres solutions ont été distinguées.
Une forte représentation du photovoltaïque
Plusieurs portent sur l'énergie solaire et l'autoconsommation. Comme Cythelia Energy qui a pour projet de développer une suite logicielle dédiée aux métiers du photovoltaïque (Archelios PVBIM). Cette maquette numérique pourrait contribuer à améliorer la compétitivité de cette source électrique et d'optimiser la gestion sur la totalité du cycle de vie, depuis la conception et le dimensionnement, jusqu'au démontage et au re-powering, en passant par la construction puis l'exploitation-maintenance. Ou Steadysun avec Monuter, des outils météorologiques régionaux pour prévision solaire de haute précision. Le modèle s'appuie sur les données des centrales, les données satellitaires et les images prises sur site. Autre startup retenue, Hawk pour sa solution Solarwatch d'inspection des installations photovoltaïques par drone. Cette offre se destine aux grandes centrales, d'une puissance supérieure à 1 MWc, où les opérations d'inspection par des techniciens sont généralement fastidieuses et coûteuses. L'automatisation de la tâche par des drones pourrait être garante d'une meilleure efficacité. De son côté, Voltinov imagine Be-Light, des systèmes photovoltaïques bifaces légers à déployer en toiture. Une innovation qui vise une haute qualité environnementale et s'adresse en priorité au marché de l'autoconsommation avec une courbe de production lissée sur toute l'année et non plus optimisée pour le printemps-été. La bien nommée Energies Demain se penche sur l'autoconsommation collective et prévoit de mettre à disposition des utilisateurs publics et privés, un atlas Web des sites les plus propices, par assemblage de consommateurs aux profils complémentaires (tertiaire et résidentiel). Quant à Reuniwatt, elle entend favoriser l'insertion massive (et sécurisée) d'énergie photovoltaïque dans les réseaux grâce à son projet Deep PV Forecasting, capable d'apprendre la météorologie locale aux abords d'une centrale.
Outre le vecteur électrique, la chaleur renouvelable n'a pas été oubliée. C'est pourquoi Accenta AI a été sélectionnée, pour son système comprenant un stockage des énergies thermiques du bâtiment couplé à une solution de pilotage intelligente et auto-apprenante. Un package "qui permet d'atteindre des niveaux de performance inégalés tant en efficacité énergétique qu'en décarbonation, à un coût compétitif par rapport aux énergies traditionnelles". Newheat, elle, imagine Scale&Mix, des solutions techniques pour les grandes centrales solaires thermiques, afin de les rendre "plus fiables et compétitives".
Le bâtiment connecté, l'avenir de la construction
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Le bâtiment intelligent sera une autre grande tendance des années à venir. C'est pourquoi la société grenobloise EnerBee, sera soutenue dans la création de capteurs autonomes connectés. Ils ne nécessiteront pas d'alimentation en énergie par câble ni par batterie et se contenteront de simples micromouvements d'air. Justement, sur la question des batteries, Entech-SE avance sur CSV, la "conversion intelligente pour la 2e vie des batteries" des véhicules électriques. La solution pourrait autoriser une meilleure utilisation de ce stockage, en stationnaire, à destination des smart grids pour un coût modique (0,09 €/kWh). Autre projet, celui de Fludia nommé Fusini pour "Fusion d'indicateurs non-intrusifs", qui consiste à développer un système embarqué de fusion de données énergétiques multi-fluides (Linky, Gazpar, mini-capteurs…). Enfin, Odit-e a présenté Utilit-e, un logiciel de modélisation empirique du réseau basse tension reposant sur les données collectées par des compteurs communicants. Il constituera une aide à la décision pour la planification d'impacts liés à la mobilité électrique ou à la production photovoltaïque. Voire à la production d'éoliennes particulières, celles de Kitewinder qui, comme le nom l'indique, sont "aéroportées" grâce à des cerfs-volants. Les fonds obtenus serviront cette fois à démontrer l'endurance et la performance de cette solution, avant de mettre au point des modèles plus puissants et un vol en essaim, ouvrant la voie à de déploiements offshore.
Toutes les entreprises citées profiteront de subventions et d'avances remboursables, dont le montant moyen est de 345 k€ par projet. Mais les sommes varient grandement en fonction des lauréats et vont de 263 k€ pour le moins doté jusqu'à 1,24 M€ pour le plus généreusement accompagné. Seules trois startups jouiront d'aides supérieures à 400 k€ (Tiamat, EnerBee et Deepki).