Créé pour la première fois en 1898, le concours d'architecture des façades pourrait être à nouveau relancé à Paris. Le Conseil de Paris a approuvé cette proposition. Une bonne idée pour Patrice de Moncan, historien de l'architecture de Paris à condition de ne pas se limiter à la façade.
Lancé en 1898 par la ville de Paris "pour rompre avec ce qui leur semblait à l'époque une surabondance d'uniformité haussmannienne", le concours d'architecture des façades a ensuite été abandonné dans les années 1930, puis relancé dans les années 1990 avant d'être à nouveau abandonné. Il pourrait être relancé une nouvelle fois. Le groupe UDI-MoDem du Conseil de Paris a en effet fait cette proposition jeudi 4 mai 2017 afin de "relancer l'exigence d'esthétisme" dans l'architecture parisienne et éviter la banalisation. Un projet qui sera prochainement soumis au vote du Conseil de Paris mais est déjà approuvé par l'exécutif socialiste.
Ce concours, qui récompensait chaque année les plus belles façades d'immeubles réalisées dans l'année à Paris, a ainsi "offert à Paris de véritables joyaux" d'Art nouveau comme le Castel Béranger d'Hector Guimard dans le XVIe ou l'immeuble Lavirotte dans le VIIe, indique un communiqué. Il s'agit de "stimuler la créativité des architectes et relancer l'exigence d'esthétisme", a précisé le président du groupe Eric Azière devant la presse, relate l'AFP, en pointant la "banalisation et l'uniformisation" qui menacent la capitale. "Car depuis des décennies, l'urbanisme parisien s'est tristement laissé envahir par des projets immobiliers au style, lignes et formes qui ne se distinguent pas de ce que l'on pourrait trouver dans n'importe quelle métropole du monde", estime le groupe.
"Analyser la façade n'est pas suffisant", Patrice de Moncan
"Dire que rien ne se passe à Paris, qu'on ne construit plus rien d'intéressant à Paris depuis 15 ans, c'est faux", réagit Patrice de Moncan, historien de l'architecture de Paris, qui a lui-même été membre du jury de ce concours dans les années 90. "Ce concours est une très bonne idée pour la préservation patrimoniale et pour que les nouvelles réalisations soient faites pour avoir elles aussi une valeur patrimoniale, mais il ne faut pas être réducteur", nous a-t-il confié et d'expliquer que : "analyser la façade n'est pas suffisant, il faut aussi s'intéresser à l'intérieur des bâtiments ainsi qu'à l'ensemble des constructions". "Le patrimoine de Paris est magnifique et il faut aussi bien s'intéresser au logement social que privé, à la rénovation qu'au neuf en passant par la réhabilitation des immeubles", complète-t-il.
A l'origine, Patrice de Moncan, qui a écrit de nombreux ouvrages sur l'architecture et le patrimoine de Paris, rappelle justement que le concours remettait un prix pour des constructions neuves, un pour des ravalements respectant la pierre et l'immeuble, un pour une réhabilitation respectueuse également de son environnement. "Ce genre de concours motive les gens à respecter le patrimoine", reconnaît-il enfin.