Le groupe de BTP Vinci s'est engagé dans une stratégie qui met l'accent sur la réduction de l'empreinte écologique et la croissance verte. Il dévoile tout un arsenal de mesures et de solutions destinées à mieux respecter l'environnement et la biodiversité. Explications avec Philippe Robart, directeur Ingénierie et Innovation de Vinci Construction France.
La construction du bâti et son usage sont les premiers émetteurs de carbone et d'immenses pourvoyeurs de déchets. Vinci développe une politique environnementale qui vise à réduire cette empreinte, être acteur de la croissance verte et à innover pour la nature. "C'est un problème qui nous concerne au tout premier plan. Il s'agit de répondre aux besoins du développement économique tout en changeant de paradigme, car le changement climatique est là", résume Hugues Fourmentraux, le président de Vinci Construction France. Perméabilisation des sols, captage du CO2, lutte contre les îlots de chaleur, maintien du patrimoine biologique… les thématiques sont multiples.
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"Placer le bon matériau au bon endroit"
Philippe Robart, le directeur de l'Ingénierie et de l'Innovation du groupe, dévoile comment Vinci Construction France entend réduire son impact et améliorer sa performance environnementale : "C'est consommer moins de kWh, produire moins de déchets… Nous allons veiller au respect les 10 critères de la charte du label Attitude Environnementale par l'ensemble de nos chantiers d'ici à 2017". Le spécialiste cite l'exemple de l'initiative ReValo, menée avec Véolia, qui consiste à optimiser la gestion des déchets de chantier sur les opérations de rénovation, ces dernières représentant plus de 56 % de l'activité du bâtiment. "Sur un chantier ordinaire, les déchets représentent 0,5 % du chiffre d'affaires. Le taux de déchets mélangé est élevé, 80 %, à cause d'un mauvais tri, ce qui entraîne une perte de valeur et ce qui diminue le taux de charge des camions à seulement 40 %", évoque-t-il. Philippe Robart signale également le développement de cantonnements et bases de vie en bois, à basse consommation, nommés Sylvabox, ou la mise à disposition d'armoires numériques BIM, munies d'écrans grand format, pour les collaborateurs d'un chantier afin d'économiser le papier et l'encre.
Du côté des projets de construction à proprement parler, Vinci met en avant certains programmes vertueux, dont le premier immeuble de bureaux en bois à être labellisé Bâtiment biosourcé au Havre. "Il est recyclable à 80 %, il a été livré en moins de 12 mois et il est démontable pour des questions de recyclabilité du foncier", précise le directeur de l'ingénierie et de l'innovation. Il poursuit : "Le prochain défi est le label BBCA avec une division par deux des émissions de carbone". En clair, passer d'une tonne de CO2 par mètre carré construit à 500 kg. Le groupe de BTP explique s'appuyer sur les logiciels Elodie (CSTB) et Nova Equer (Ecole des Mines) pour réaliser ses bilans carbone. "L'important est le bon emploi de matériaux et des combinaisons béton-bois-métal. Construire massivement en bois poserait des problèmes de ressource et des questions de confort d'été dans le sud du pays. Il faut faire attention aux solutions pertinentes et placer le bon matériau au bon endroit", relate Philippe Robart.
Sauvegarder les sols, les espèces végétales et animales
La préservation et le renforcement de la biodiversité figurent parmi les priorités nouvelles des urbanistes. Vinci Construction France déclare utiliser l'outil Biodi(v)strict de diagnostic et d'aide à la décision. "Il faut aménager la ville avec l'idée de durabilité, d'autonomie des écosystèmes, de fonctionnalité des espèces", explique Nathalie Frascaria-Lacoste, professeur d'écologie à AgroParisTech. Le secret ? Maintenir l'hétérogénéité des habitats et favoriser la multiplicité des espèces pour que la biodiversité se maintienne d'elle-même. Cinq indicateurs sont donc scrutés pour chaque projet : la perméabilité du sol à l'eau, la proportion d'espaces verts, la diversité des strates végétales, la diversité des habitats naturels et leur connectivité, c'est-à-dire l'espace entre ces différents espaces. Vinci Construction France montre l'exemple avec le travail effectué sur le campus Condorcet où des terrains vagues bétonnés laisseront la place à 27.000 m² d'espaces verts.
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Le directeur de l'Ingénierie et de l'Innovation de Vinci Construction France signale également la réflexion qui est menée sur la réversibilité des usages, avec le bâtiment Conjugo ou sur la mutualisation des usages et des productions d'énergie renouvelables à l'échelle des îlots ou des quartiers. Le groupe de BTP avait dévoilé, lors du Mipim, son démonstrateur Treed It qui sera achevé à Marne-la-Vallée en 2018. Quant aux EnR, le géant des travaux publics annonce un partenariat avec SunPartner afin de développer des fenêtres photovoltaïques reposant sur la technologie de capteurs solaires transparents Wysips.
Vinci Construction devrait déployer peu à peu toutes ces solutions et initiatives au niveau national afin de tenir ses engagements de développement durable.