TROIS QUESTIONS À. Pour pouvoir tourner au vent, les grandes éoliennes doivent être fermement ancrées dans le sol. L'ampleur de ces travaux de génie civil n'est pas forcément perçue. Benoît Pueyo, le dirigeant d'Omexom Renewable Energies, nous apporte son éclairage.

Batiactu : Quel est le déroulement d'un chantier d'installation d'une éolienne et quelles sont les techniques utilisées ?
Benoît Pueyo :
Nous intervenons dès que les autorisations administratives ont été obtenues - et cette phase assurée par nos clients est en général beaucoup plus longue que la phase de construction - et dès que le client dispose du financement de son projet. Les premiers travaux consistent en général à aménager des pistes et plateformes d'accès aux futures éoliennes, pour permettre la réalisation des travaux de fondation et de montage. Suivent la réalisation des fondations, puis les travaux de génie électrique : réseaux enterrés (20.000 volts et fibre optique) et l'installation du poste de livraison qui assure la connexion entre le parc éolien et le réseau public d'électricité.

 

En fonction du nombre d'éoliennes, cette première phase de réalisation des infrastructures dure de 2 à 8 mois. Une seconde phase de montage des éoliennes par leur fabricant, intervient ensuite. Puis elles sont raccordées et mises en service. Cette deuxième étape dépend du délai de livraison des machines et prend, en général, une semaine par éolienne. Le nombre de personnes mobilisées est très variable, et il est de l'ordre d'une à plusieurs dizaines de personnes au pic de l'activité.

 

Batiactu : Quelles sont les nouvelles techniques employées et les difficultés rencontrées lors de ces opérations ?
Benoît Pueyo :
Comme tout chantier en extérieur, les principaux facteurs de risque sont les intempéries. En ce qui concerne l'innovation, à l'échelle d'un parc éolien, elle intervient principalement dans trois domaines. Tout d'abord l'amélioration de la méthodologie : les experts doivent répondre à des défis spécifiques de gestion de délais de plus en plus serrés. Pour cela, les équipes ont mis au point des solutions permettant de gagner un temps précieux sur les chantiers. Comme lors du coulage des semelles, qui se font généralement en une fois, et de nuit. Cette activité nocturne permet de bénéficier de températures plus optimales, mais aussi de pouvoir mieux gérer la rotation des camions toupies sur le site, sans impacter la circulation et risquer d'encombrer les voies d'accès.

 

L'orchestration des corps de métiers ensuite, où les principales évolutions à attendre consistent à intégrer au réseau électrique la part toujours croissante d'énergies intermittentes. Pour y parvenir, les fabricants d'éoliennes déploient de nouvelles technologies, et les énergéticiens facilitent le pilotage des centrales éoliennes par le gestionnaire réseau. Troisièmement, la puissance installée au mètre carré augmente. Des efforts vont porter sur l'amélioration de l'efficacité des éoliennes, en développant des modèles plus grands ou en travaillant sur le profil des pales.

 

Batiactu : Quel est le profil du marché français des travaux de génie civil lié aux éoliennes ?
Benoît Pueyo :
Le marché est composé de nombreux acteurs privés mais nous ne disposons pas d'informations chiffrées précises*. Mais la France est le premier marché pour Omexom, un réseau qui rassemble 250 entreprises spécialisées et 12.000 experts répartis dans une quarantaine de pays. En 2014, nous avons, par exemple, installé deux fois plus de puissance éolienne dans le monde qu'en 2013. En France, nous avons contribué à installer 20 % des nouvelles capacités, soit 1.700 MW.

 


* L'enquête annuelle de France Energie Eolienne mentionne 1.150 emplois dans le secteur du "génie civil et électrique" en 2014.

 

Découvrez l'intérieur d'une éolienne dans notre reportage vidéo :


 

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