CONCEPTION. Un webinaire sur les matériaux écologiques et les couts de construction a été l'occasion pour un architecte toulousain, Luc Larnaudie, d'expliquer sa méthode pour équilibrer les bilans.

Chez Scalène Architectes, le Mob (pour "mur à ossature bois") est devenu non plus l'exception, applicable à quelques projets triés sur le volet ou démonstrateurs, mais un mode constructif basique. A tel point qu'il représente la moitié des projets. Le mur à ossature bois ne présente plus, aujourd'hui, "de contrainte ni normative ni technique, car nous connaissons nos points de vigilance, à commencer par l'étanchéité à l'air". C'est le co-dirigeant de l'agence, Luc Larnaudie, qui le raconte, à l'occasion d'un webinaire sur les matériaux écologiques et leur coût, organisé par M Capital, société d'investissement, le 30 mars.

 

L'architecte, qui a fait ses armes auprès du couple Lacaton et Vassal qui vient de remporter le prestigieux prix Pritzker, avant de fonder son agence avec son frère, considère que si les modes constructifs plus vertueux en termes environnementaux sont effectivement plus chers (de l'ordre de 10%), l'équation économique est tout à fait tenable, à condition de respecter quelques principes.

 

 

Une seule obsession : optimiser la matière

 

Le premier est simple : il faut optimiser la matière. Penser en volume plutôt qu'en surface, pour économiser. "Ce la doit être une obsession", avance Luc Larnaudie. Optimiser la matière veut dire "mettre le bon matériau au bon endroit" : le plancher béton, par exemple, présente de bonne qualité d'inertie. Et toujours, la façade Mob. Et lorsque le bois n'est pas exposé aux éléments, pas besoin de le recouvrir d'un bardage.

 

 

L'économie de matière se retrouve aussi dans la forme du bâti : là, la nécessaire compacité impose de proposer au client des choses différentes de ce qu'il avait imaginé. Mais elle permet d'améliorer le confort et la qualité d'usage des bâtiments : hauteur sous plafond plus généreuse, espaces communs qualitatifs…

 

Équilibrer les bilans en anticipant

 

Si la matière doit être l'obsession première, il existe d'autres moyens de pallier les surcoûts engendrés par les modes constructifs responsables. Ainsi, ils peuvent être compensés "par une optimisation des bilans, par exemple en réduisant les temps d'immobilisation des capitaux investis", et en agissant plus largement sur la temporalité des projets qui est "une clé importante des bilans, à laquelle nous architectes sommes assez peu sensibilisés en général".

 

 

Qui dit bilan dit dépenses et… recettes. L'architecte est formel : un projet plus vertueux et plus qualitatif peut être mieux valorisé par le promoteur, qui y retrouvera son compte. D'autant que la concurrence est moins rude lorsqu'on monte en gamme, en tout cas pour le logement. "Des quatre pièces de 100 mètres carrés avec terrasse sur le toit, on en a fait, ils sont partis extrêmement vite. Le modèle économique existe".

 

Se mettre autour de la table dès l'amont

 

De ces "cinq, six dernières années" de développement de cette méthode, Luc Larnaudie tire une certitude : il faut "mettre tout le monde autour de la table dès le début". Des assureurs, "pour s'assurer qu'ils suivront même si ce n'est pas habituel", aux bureaux de contrôle, qui "sont considérés comme des partenaires, pas de simples correcteurs". Si "tout le monde participe aux choix vertueux", alors le modèle fonctionne.

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