Suite aux dispositions prises concernant la banque Dexia, la Fédération nationale des travaux publics alerte sur le fait que 45% des besoins de financement local ne pourront être assurés par le nouvel établissement des collectivités locales qui doit en résulter et qui ne devrait être mis en place qu'à partir de juin 2012. Le Président Bernasconi parle d'une suppression de quelque 10.000 emplois permanents. Explications.
« Risque de panne sèche sur le crédit », tel est le cri d'alarme de Patrick Bernasconi, président de la FNTP, suite à l'annonce des dernières avancées concernant le démantèlement de la banque Dexia.
En effet, les récentes dispositions, révélées par le quotidien Le Monde, laissent entrevoir un schéma dans lequel la Caisse des dépôts (CDC) devient un actionnaire minoritaire de Dexma (entité de refinancement de Dexia) pour environ 35 % du capital, aux côtés de l'Etat qui entre au capital pour 25 % environ, et de la Banque postale à 5 %. Le solde reste entre les mains de Dexia (35 %). A l'issue duquel une nouvelle banque des collectivités locales devrait naître. Mais, s'inquiète la FNTP, celle-ci ne devrait être mise en place, « dans une hypothèse optimiste », qu'au deuxième semestre 2012. Et surtout, elle de pourra pas « répondre aux demandes d'emprunts des Sociétés d'économie mixte, des syndicats d'eau et d'électrification, ni de faire du financement de projets (PPP) ou d'assurer les crédits à court terme des collectivités ». Soit environ 45% des besoins de financement local et un gap d'un montant de 12 Md€.
Les TP en ligne de mire
Par conséquent, le secteur des travaux en lien avec les collectivités - rappelons que le secteur des TP dépend à 45% des commandes effectuées par ces dernières - devrait être impacté, et l'activité pourrait chuter de 10 à 20% dans les mois à venir, estime la FNTP. Qui brandit le chiffre de 10.000 emplois permanents supprimés. Si la Fédération prévoyait déjà des difficultés liées à l'instauration de cette nouvelle banque, elle avait ainsi envisagé, en décembre dernier, une baisse d'activité de 1%, à 40.3 Md€, en 2012. Patrick Bernasconi avait également rappelé que si les grands projets d'infrastructure, tels les LGV ou travaux de concessions autoroutières, porteraient l'activité, le désengagement de l'Etat - dont les crédits de développement et d'entretien des infrastructures routières, par exemple, régressent de 16% - pourrait être un lourd préjudice.
La FNTP pose donc trois interrogations, qui pourraient « lever l'hypothèque » sur l'activité et l'emploi dans les TP : la CDC pourra-t-elle répondre à la diversité des besoins des collectivités locales ; quid des 10 Md€ d'emprunt dont ont besoin les SEM, les syndicats d'eau et d'électrification ; le montage de la future banque est-il le plus efficient ? A suivre…