La filiale Colas Rail du groupe Bouygues, a déposé plainte en France pour des paiements suspects effectués au profit d'intermédiaires locaux, dans un pays non précisé. Une façon d'anticiper une affaire Lafarge-bis ?
Colas Rail a pris les devants : la filiale du groupe Bouygues, spécialisée dans la construction et l'entretien d'infrastructures de transport ferroviaire, vient de révéler qu'un audit interne puis une enquête externe avaient mis en évidence des paiements suspects réalisés par une de ses filiales étrangères, au profit de consultants locaux. Une "situation inacceptable" qui a conduit Colas à porter plainte - en France - et à dénoncer les contrats avec ces consultants, tout en interdisant tout nouveau versement. Des sanctions disciplinaires auraient déjà été prises en interne.
Totale coopération avec la justice française
Le groupe explique avoir également "engagé des discussions avec une entreprise locale reconnue" afin de lui transférer, avec l'accord du client final, "le contrat de construction dont l'exécution a démarré". Une solution qui ne devrait pas avoir, selon le communiqué, "d'impact économique significatif" pour lui. Afin de faire la lumière sur ces versements inadaptés, en euros et en monnaie locale, Colas et Colas Rail annoncent apporter leur pleine coopération aux autorités judiciaires et avoir modifié leur dispositif de contrôle interne et leurs démarches de conformité.
L'entreprise, qui ne dévoile pas la région du monde où ont eu lieu ces malversations, souhaite éviter l'embarras que connaît le groupe cimentier Lafarge dont des employés locaux en Syrie avaient accepté de verser des droits de passage à des factions armées. Ceci afin de continuer à faire fonctionner l'usine de Jalabiya alors située en zone de conflit. Une fâcheuse décision qui a entraîné l'ouverture d'une enquête judiciaire en France pour financement indirect de groupes terroristes (Daesh, Front al-Nosra ou autre).
L'activité ferroviaire de Colas dispose de filiales en Grande-Bretagne, Belgique, Roumanie, au Venezuela, Chili, dans tous les pays du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie) ainsi qu'en Egypte et Malaisie. Elle a généré un chiffre d'affaires de 967 M€ en 2016, soit 9 % de l'activité du groupe.