TOUT SAVOIR SUR... La cogénération est un principe de récupération de la chaleur issue de la production électrique, habituellement dissipée dans l'environnement. La valorisation de cette énergie thermique résiduelle permet d'optimiser les rendements globaux et l'efficacité énergétique ; les technologies, matures et performantes sont pourtant peu développées en France. Quelques explications avec Jean-Claude Boncorps, président de la Fedene, et Jérôme Maldonado, responsable des comités Gaz/fioul et radiateurs d'Uniclima.
La cogénération est un principe de production d'énergie simultané, d'électricité et de chaleur. "C'est une technologie très performante, permettant de réaliser des économies d'énergie, à l'efficacité reconnue", explique Jean-Claude Boncorps, le président de la Fédération des services énergie-environnement (Fedene). Différentes techniques existent (voir l'encadré en page 3) et on peut distinguer trois grandes catégories d'installations, elon leur puissance : la "cogénération" proprement dite qui concerne les industries ou les réseaux de chaleur communaux (1-250 MWe), la "mini-cogénération" destinée aux immeubles collectifs ou au tertiaire (200-600 kWe), et la "micro-cogénération" qui s'adresse aux maisons individuelles et aux petits bâtiments.
Exception française
Le bilan énergétique s'avère très favorable pour toutes ces différentes technologies : "Il ressort que nous avons environ 15 % d'économies d'énergie", estime Jean-Claude Boncorps. "Mais ces équipements vertueux et performants sont sous-développés en France, contrairement à ce qui se passe chez nos voisins". L'exception française tient au choix large du nucléaire qui a fourni au pays une électricité peu chère pendant des décennies. "L'obligation d'achat mise en place pour le courant électrique dans les années 1990 avec un prix garanti pour une période de 12 ans a entraîné un certain développement entre 1997 et 2002", poursuit Jean-Claude Boncorps. Environ 5.000 MW (soit l'équivalent de 3 EPR) auraient été installés en quelques années sur le territoire pour un investissement de 5 Mrds €, permettant au passage de faire baisser les prix de la vapeur et de la chaleur. Mais les contrats arrivent aujourd'hui à échéance et l'entrée dans un marché libre de l'électricité, au moment où le prix du courant est bas alors que celui du gaz (la source primaire) a augmenté, entraîne un manque de rentabilité des installations.
La cogénération en demande de soutien
"La profession demande un soutien temporaire, jusqu'à la mise en place d'un dispositif prévu par la loi Nome en 2016, afin d'éviter qu'elles ne soient démantelées. Les installations de moins de 12 MW disposent d'un prolongement possible du rachat d'électricité, mais le dispositif en vigueur n'offre aucune visibilité", explique le président de la Fedene. Pour l'instant, les dossiers sont donc bloqués, que ce soit pour des installations existantes ou des investissements dans des équipements plus performants, en attente de décisions des pouvoirs publics. Le parc diminue ainsi, inexorablement, alors qu'il pourrait être maintenu et contribuer aux objectifs français du Grenelle de l'Environnement : d'après la fédération, le parc existant permettrait d'économiser annuellement 1,7 MTep d'énergies fossiles et d'éviter l'émission de 9 millions de tonnes de gaz carbonique. "Cela revient à supprimer des systèmes de cogénération pour remettre en route des chaufferies charbon ou fioul, qui sont moins performantes… Nous avons proposé des solutions raisonnables qui permettraient de sauver la cogénération en France", conclut Jean-Claude Boncorps.
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800 installations
5 GW de puissance électrique (dont 4,6 GW sous obligation d'achat, réseaux de chaleur 2,1 GW et industrie 2,5 GW)
18 TWh/an de production électrique
24 TWh/an de production thermique
55 TWh/an de consommation de gaz