Les professionnels de la climatisation ont mauvaise presse depuis quelques temps. Des conséquences sur la santé et l’environnement, ils n’échappent à aucun jugement. Echauffée par toutes ces critiques, la climatisation a décidé de reprendre la parole.

En plein boom économique et polémique depuis la canicule de l’été dernier, la climatisation climatise à fond. Daikin a souhaité rétablir certaines vérités en organisant le 30 juin dernier au Museum d’Histoire Naturelle une réunion d’information pour rappeler les vrais enjeux de la climatisation. « L’objet de cette conférence est de sortir la climatisation du blanc et du noir », explique Christophe Mutz, directeur marketing et corporate de Daikin France.

Un peu d’histoire pour commencer avec Jean Paris, directeur technique de Daikin qui est revenu sur les grandes étapes du marché de la climatisation avec notamment une date essentielle, 1987 : le Protocole de Montréal et la première prise de conscience des effets de la climatisation sur l’environnement. « Depuis cette date, des efforts importants ont été réalisés pour de plus grandes performances énergétiques », assure-t-il.

Parmi les intervenants lors de la réunion, Frédérique Sauer, présidente de l’AFCE (alliance froid climatisation environnement), a tenu de son côté à informer sur la contribution à l’effet de serre de la climatisation : « les conséquences indirectes prédominent à 80% avec la consommation d’énergie contre 20% directement avec l’émission de fluides frigorigènes ».
Dans son discours, Frédérique Sauer a ainsi mis l’accent sur une plus grande efficacité mais surtout sur une meilleure étanchéité des matériels climatiques : « il est important de rappeler que le taux de fuite d’un climatiseur est le même que celui d’un réfrigérateur. La climatisation résidentielle n’est pas fuyarde et ne se recharge pas tous les ans. Il est donc temps d’arrêter l’assimilation qui est souvent faite avec la climatisation automobile qui, elle, est mobile », précise-t-elle. « En principe, tout climatiseur ne doit jamais émettre de fuites. Si l’installation est faite correctement, il ne doit pas y avoir de recharge en fluide », vient renforcer Pascal Folempin, délégué général adjoint d’Uniclima (Union syndicale des constructeurs de matériel aéraulique, thermique, thermodynamique et frigorifique).

Le problème majeur finalement de la climatisation aujourd’hui au niveau de l’environnement serait dans le recyclage des matériels en fin de vie : « des fuites sont à prévoir à ce stade. Jusqu’à présent, ce n’était pas une question cruciale puisque la durée de vie en moyenne d’un climatiseur est de 10 à 15 ans. Aujourd’hui, nous sommes au début de l’obsolescence des systèmes. Nous devons concentrer nos efforts vers un meilleur recyclage », informe Frédérique Sauer.
L’UCF (union climatique de France), représentée à la réunion par son président adjoint Jean Rougnon, a souhaité rappeler le devoir des climatiseurs à informer et à éduquer les consommateurs. « Le rôle des entrepreneurs de génie climatique n’est pas de vendre des appareils mais de rechercher un confort et des résultats. Le conseil au client dans le choix d’énergie et le choix de matériel est donc essentiel », déclare Jean Rougnon.
Dans cette démarche d’information, une étiquette énergie de A à G selon un COP (coeff de performance) européen figurera sur l’ensemble des climatiseurs à partir de 2005.
« Déjà au Japon, le COP est devenu un argument commercial assez fort ; le nouvel enjeu étant celui qui sortira le meilleur COP du marché », commente Christophe Mutz.
Concernant l’éducation du consommateur, Frédérique Saur a notamment relevé un point essentiel dans l’utilisation des climatiseurs. « La consigne d’une climatisation à température constante de 21 degrés est une erreur. Et pas seulement pour des raisons énergétiques mais aussi pour des questions de santé. Quelques soient les conditions climatiques, la différence de température entre l’extérieur et l’intérieur doit être de 5 à 7 degrés maximum », précise-t-elle.

La question santé est venue clore le programme de la réunion avec l’intervention de Patrick Métais, médecin gériatre, chef du service gériatrie à l’hôpital de Neuilly. « Derrière toute cette activité de climatisation, il y a des hommes », a-t-il rappelé avant de faire part de son expérience pendant la canicule : « rappelons quand même que la canicule, véritable catastrophe de santé publique, a été vécue cette été comme une « médecine de guerre ». Il faut aussi savoir que le danger de mortalité se situe au début de la canicule pendant les premières 48 heures. Alors oui, il faut utiliser des systèmes de climatisation et tout autre moyen pour aider les personnes âgées à combattre la chaleur ».

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