Chute des permis de construire, TVA à 5,5%, 35 heures, baisse des charges, aides à la pierre, formation, transmission d'entreprise... pour batiactu.com, Christian Baffy, le nouveau président de la Fédération Française du Bâtiment (FFB), évoque les grands dossiers du secteur.
Rencontre avec homme de conviction, militant de la libre entreprise pour tous, et dont le mandat devrait être marqué par la volonté de réconcilier les jeunes avec le bâtiment.
Batiemploi.com : Dans quel état d'esprit sont les entrepreneurs du bâtiment aujourd'hui ?
Christian Baffy : Nos entrepreneurs en ont ras le bol des contraintes, telles que celles qu'on vient de nous imposer depuis un certain nombre d'années : insécurité juridique, complexité administrative, un empilement permanent des textes... L'attitude de nos entrepreneurs aujourd'hui est de dire : " Faites tout pour nous simplifier la tâche dans l'exercice de notre métier ". Car les entrepreneurs du bâtiment sont amoureux de leur métier et ils n'ont pas envie de s'empoisonner avec des contraintes administratives.
Êtes-vous inquiet de la conjoncture pour les prochains moins ?
La situation économique est bonne. L'année 2002 devrait connaître un volume d'activité identique à celui de 2000. En revanche un certain nombre de signes nous amènent à être prudents pour 2003, et notamment une baisse relativement importante des permis de construire, puisque les autorisations de construire chutent tant au niveau du résidentiel que du non-résidentiel. Nous observons sur les 4 premiers mois de l'année une baisse de -9,7 % par rapport à l'an dernier dans le non résidentiel.
Qu'attendez-vous du nouveau gouvernement ?
Nous avons déjà rencontré plusieurs membres du gouvernement pour attirer leur attention sur le fait que, compte tenu des contraintes budgétaires auxquelles le gouvernement va être confronté dans les jours qui viennent, il devra être très vigilant à ne pas être tenté de rogner quelques milliards d'euros qui viendraient terriblement perturber notre activité. Nous leur demandons de ne surtout pas toucher à l'ensemble des budgets de la loi de finance 2002.
Au cours des trois dernières années, grâce à une suractivité, le bâtiment a créé plus de 90.000 emplois et nous devrions en créer entre 5 à 6.000 cette année. Mais nous atteignons un sommet au niveau du volume d'activité et nos entreprises se sont dotées d'un outil de production qui correspond à peu près à cette demande. J'ai demandé que le volume d'activité soit au moins maintenu à son niveau actuel. C'est pour cela que nous disons " Surtout ne touchez à rien, améliorez ce qui existe ".
Car aujourd'hui, si notre activité est bonne en 2002, cela provient d'un certain nombre de curseurs qui sont bien positionnés, notamment la TVA à 5,5 %. Il s'agit d'une réelle bonne mesure qui a su créer 50 000 emplois et transformer une activité souterraine en une activité marchande. Surtout ne touchons pas à cette mesure et faisons tout pour qu'elle soit pérennisée ! L'ensemble des ministres concernés s'accorde à dire que c'est une vrai-bonne mesure pour le monde du bâtiment qu'ils feront tout pour défendre cette mesure auprès de Bruxelles.
Il y a aussi bien évidemment, toutes les aides à la pierre. C'est notamment le prêt à taux zéro qui n'a plus toute son efficacité puisqu'en 1997, 127 000 prêts ont été accordés alors qu'aujourd'hui nous en sommes à un petit peu moins de 100.000. Cette érosion s'explique essentiellement du fait que les niveaux de revenus ont été abaissés et que la réglementation a été de plus en plus restrictive. Il est important de restaurer le prêt à taux zéro. Comme il est important aussi de maintenir les autres aides à la pierre telles que les subventions de l'ANAH, les prêts locatifs sociaux, et bien sûr de développer la politique de démolition-reconstruction. C'est une vraie réponse à tous les problèmes d'insécurité que nous rencontrons dans un certain nombre de quartiers. Une fois que nous aurons atteint notre vitesse de croisière, on devrait pouvoir, grâce à cette nouvelle convention qui a été signée avec l'ensemble des partenaires sociaux, construire environ 30.000 logements par an. Pour cela, l'argent existe, c'est l'argent du 1%. Concrètement, ce sont les 460 millions d'euros que la Foncière va récupérer auxquels s'ajoutent une somme équivalente accordée à l'ensemble des opérations HLM de démolition et reconstruction.
Enfin, le gouvernement doit continuer à tout faire pour développer le locatif privé, notamment par l'amélioration de la loi Besson. Nous redemandons la possibilité de pouvoir en faire profiter les ascendants et des descendants et nous continuerons à nous battre, notamment sur la ré-évaluation de certains plafonds de ressources, surtout dans certaines zones, dont la Région Parisienne.
Comment interprétez-vous l'absence d'un ministre du Logement ?
Nous ne l'interprétons pas défavorablement. Lorsque je l'ai rencontré, Gilles de Robien était très au fait de tous les problèmes liés au logement. S'il est notre interlocuteur, ça me convient très bien parce qu'il connaît bien les problèmes de sa ville d'Amiens et tous les problèmes de logement, tant sociaux que privés. Avoir comme interlocuteur Gilles de Robien est un gage de sécurité. Je suis optimiste.
Le fait que le gouvernement n'ait pas donné de coup de pouce au SMIC et qu'il ait l'intention de l'harmoniser vous paraît-il une bonne chose pour les petites entreprises et pour l'emploi ?
Il ne sert à rien d'aggraver les coûts de production de nos entreprises. Le problème qui me paraît essentiel est d'harmoniser les cinq SMIC actuels. Quand tout le monde sera revenu à un SMIC commun, je pense qu'il faudra voir les choses un peu différemment. Je considère que l'amélioration du pouvoir d'achat de nos salariés ne doit pas se faire au travers d'un coup de pouce magique de 1,5 à 2,5 %. Il est préférable que l'on travaille au niveau de la réduction des charges sociales salariales et patronales. Je crois que la solution est là.
Justement, sur ce chantier de la baisse des charges, pensez-vous obtenir un jour gain de cause ?
Nous avions commencé à avoir gain de cause lorsque M. Juppé avait mis en place la réduction sur les bas salaires. C'est une demande forte de notre Fédération : nous voulons une réduction des charges jusqu'à 1,8 SMIC, quelle que soit la durée hebdomadaire de travail. Nous ne pouvons pas pénaliser les entreprises qui sont passées aux 35 heures. Il est important que cette exonération soit appliquée à l'ensemble des entreprises, quelle que soit leur taille. C'est une question d'équité.
Quels assouplissement demandez-vous concernant les 35 heures ?
Nos entreprises sont fatiguées de toutes les contraintes, autant juridiques que sociales. Elles ont besoin d'être capables de pouvoir répondre aux attentes exprimées par leurs clients. Car, et c'est normal, nos clients sont de plus en plus exigeants et veulent être livrés immédiatement. Pour cela, il est essentiel que nos entreprises aient des capacités de production suffisantes. Pour pouvoir ajuster les surcroîts d'activité ponctuels, les heures supplémentaires sont pour nous une variable essentielle d'ajustement. C'est pourquoi nous allons réclamer entre 180 et 200 heures, afin que nos entrepreneurs puissent travailler davantage, dès lors que leurs clients le leur demande, à un coût raisonnable. Nous demandons que le déclenchement du repos compensateur ne puisse se faire qu'à partir, au minimum, de la 181ème heure. Vous savez qu'à partir de la 131ème heure, le repos compensateur fait que vous payez votre heure normale plus une heure complémentaire, ça fait déjà 200%, + 25% de majoration : c'est à dire qu'une heure qui coûte 15 euros avant, coûte, avec le repos compensateur 34 euros.
A la FFB, nous avons toujours dit que ce n'était pas la réduction du travail qui crée des emplois, mais c'est bien l'activité. Dans le monde du bâtiment, très peu d'entreprises ont signé un accord de réduction du temps de travail, et sans avoir réduit la durée du travail de manière effective dans nos entreprises, elles ont créé 90.000 emplois. Je suis désolée pour Mme Aubry, mais les résultats sont là. C'est ce qu'on lui avait dit à l'époque, mais elle n'avait pas voulu nous écouter. Le gouvernement est parfaitement conscient que dès lors que nous avons de l'activité, ça se traduit de manière immédiate au niveau de l'emploi. Je crois que l'un des défis essentiels de ce gouvernement sera bien de remettre la France au travail. 2,2 millions de chômeurs, c'est impensable, alors que nous recherchons de la main d'oeuvre et que nous n'arrivons pas à en trouver. Il va falloir qu'on trouve des solutions. Nous sommes actuellement en train d'y travailler, notamment comment accueillir ces jeunes qui, aujourd'hui, sont soit chômeurs, soit en emplois non marchands. Comment arriver à les remettre au travail ? C'est un de premiers défis que j'entends relever au cours de mes 3 années de mandat : comment recruter, comment attirer les jeunes, comment attirer d'autres personnes ? Nous avons aussi un autre défi : comment savoir gérer les problèmes liés à nos salariés âgés. Il faudra que nous trouvions des solutions, notamment, les transformer éventuellement en tuteurs au niveau de nos entreprises parce qu'ils détiennent le savoir et la connaissance de nos métiers.
La transmission d'entreprises vous semble-t-elle une question prioritaire pour le gouvernement ?
La transmission de nos entreprises est le deuxième défi essentiel que j'ai à relever. Car à quoi servirait d'avoir un marché et de former des jeunes si demain on laisse mourir nos entreprises ? Ce sont 100 000 entreprises, 40.000 emplois qui sont concernés dans les 10 ans. Il relève de la responsabilité des organisations patronales de prendre en considération ce problème important et de demander que les contraintes administratives et fiscales puissent être allégées au maximum de manière à faciliter au mieux la transmission. Il faut aussi que nous imaginions un certain nombre d'initiatives de façon à ce que nous soyons capables de former nos repreneurs. Nous avons un gouvernement qui semblerait un peu plus tourné vers la création d'entreprises. Mais, nous avons attiré l'attention de M. Dutreuil sur le fait que la transmission-reprise était un élément essentiel pour nos entreprises, sachant que par rapport à d'autres professions, ce sont bien nos entreprises artisanales qui structurent socialement et économiquement l'ensemble des villages et des petits bourgs ruraux. Demain matin, voir disparaître une petite entreprise, c'est voir disparaître toute l'économie d'un village et petit à petit, voir disparaître ce village. Il est vrai que tout homme politique préfère aujourd'hui parler de création d'entreprises, qui signifie création de nouveaux emplois. Mais une entreprise qui est transmise, avec quelqu'un de bien formé et de bien accompagné dans la reprise de l'entreprise créera, demain, des emplois, parce qu'il aura la volonté de faire prospérer son entreprise.
Le projet de création d'un contrat jeune 16-22 ans par le gouvernement, avec exonération totale de charges sociales, ne risque-t-il pas de porter un sale coup à l'apprentissage ?
Non. Tant au niveau scolaire qu'au niveau apprentissage, nous avons 170.000 jeunes en formation, 100.000 en voie scolaire et 70.000 en apprentissage. A niveau d'activité constant, nous avons un besoin de renouvellement de nos salariés âgés partant à la retraite de 60.000 par an. Compte tenu d'une formation moyenne de l'ordre de 3 ans, le nombre de jeunes en formation ne couvre pas tout à fait les besoins de la profession, sans parler d'accroissement d'activité. Nos entreprises ont besoin de personnel. Nous travaillons actuellement à des solutions et à des simulations que nous proposerons à François Fillon. Notre idée, c'est que l'on puisse former ces jeunes dans nos entreprises. Le fait qu'ils soient totalement exonérés de charges sociales représentera un coût beaucoup plus supportable pour nos entreprises, et un gage de réussite pour ce type de formation.
Face à ce problème de main d'oeuvre, pensez-vous qu'il soit nécessaire de recourir à une main d'oeuvre étrangère dans les prochaines années ?
Avant qu'on parle d'immigration, j'aimerai bien qu'on remette au travail ces Français qui sont actuellement accrochés au système des indemnités de chômage. Ca me hérisse le poil d'entendre certaines déclarations qui préconisent de recourir à la main d'oeuvre des Pays de l'Est. Commençons déjà par remettre les Français au travail. Ensuite, si les besoins sont supérieurs aux possibilités offertes, on pourra penser à l'immigration. Il en va de l'équilibre budgétaire de notre pays, de la moralité, du moral de nos chefs d'entreprises et de nos salariés, qui n'acceptent plus aujourd'hui de se lever à 7h00 du matin pour gagner quelques centaines d'euros de plus que quelqu'un qui va faire un peu de boulot au noir, toucher ses aides, et ne pas aller bosser.
La solution viendra des jeunes. Mais aujourd'hui, qu'est-ce qui peut les attirer vers les petites entreprises du bâtiment ?
Notre profession fait énormément d'efforts pour poursuivre l'amélioration de l'image de nos métiers. Attirer les jeunes était d'ailleurs l'une des idées premières de notre campagne " Coup de jeune du bâtiment ", lancée en 1999. Nous souhaitions que nos chefs d'entreprise aillent parler de leur métier directement aux jeunes des collèges. Car c'est à nous d'apporter la preuve que nos métiers sont valorisants, qu'on peut y faire carrière. Le bâtiment est un véritable ascenseur social. A partir d'un CAP, on peut gravir un certain nombre d'échelons et arriver à un diplôme d'ingénieur, grâce à la formation continue ou en alternance, et pourquoi pas, devenir demain patron. Nous allons continuer cette opération de fidélisation/séduction par le développement de compétences de nos jeunes, en mettant en place des systèmes de formation continue qui soient encore plus adaptés à nos entreprises. Il faut que l'on restaure certaines valeurs, notamment la valeur du travail et qu'on arrête de subventionner le temps libre. Je pense que des jeunes seront prêts à venir, dès lors qu'on leur dira qu'on ne peut gagner sa vie qu'en travaillant.
Ce qui est essentiel pour un jeune qui rentre dans nos entreprises, c'est qu'on puisse déjà bien l'accueillir. Une de mes grandes idées serait de repositionner nos métiers, repositionner le bâtiment. J'envisage pour cela de mettre en place une grande journée nationale du bâtiment, qui pourrait ressembler à la grande journée du patrimoine. Sur l'ensemble du territoire, nos entreprises ouvriraient leurs portes et celles de leurs chantiers et pourraient communiquer avec les jeunes, avec leurs parents, avec des profs de CFA... Cette journée aura lieu vers mars-avril 2003. Nous pourrons ainsi communiquer sur les salaires réels versés à nos salariés, car nous n'avons pas à en rougir. Les idées reçues sont fausses parce que nous communiquons toujours sur des minima. Au niveau national, lorsqu'on évoque le salaire moyen versé à un salarié est de 1.340 euros, cela ne veut rien dire. Nous allons pouvoir communiquer au niveau régional. En outre, un grand nombre d'entreprises développent d'autres avantages et offrent des rémunérations complémentaires : plans d'intéressement, chèques-vacances... Nous menons actuellement une négociation sur l'épargne salariale avec les partenaires sociaux. Notre volonté est d'apporter ce type de compléments de salaire pour que nos salariés comprennent bien que dès lors que la productivité est meilleure dans l'entreprise, la rentabilité est meilleure, et qu'ils peuvent ainsi participer aux fruits de l'expansion de l'entreprise.
Quelles sont les évolutions en termes de métiers et les nouveaux marchés qui se profilent pour les prochaines années ?
Au sein de la FFB, nous avons mis en place un groupe de réflexion sur l'évolution de nos métiers à 2010, mais aussi sur l'évolution de nos comportements d'entrepreneurs. Nous devons absolument introduire la notion de clientèle. Trop souvent, nos chefs d'entreprises oublient que la finalité des entreprises est bien évidemment de produire, mais que c'est avant tout de satisfaire nos clients. Il appartient à chaque chef d'entreprise de s'orienter vers cette voie. Un chef d'entreprise aujourd'hui doit être à l'écoute de ses clients. Leurs besoins évoluent. Ils souhaitent avoir de plus en plus une offre globale ou encore faire des travaux sans avoir les financements nécessaires.
Nous réfléchissons donc sur le fait que nous devons apprendre à nos clients à consommer du bâtiment, comme on nous apprend à consommer de l'électroménager, des vacances, des automobiles... Cela se voit déjà dans l'aménagement de cuisines et de salles de bains. Des plombiers font une offre globale, incluant les travaux d'installation de salles de bains, de carrelage, de plomberie... Au-delà du métier, il y aura un certain nombre de choses à intégrer pour continuer à développer le marché. On se plaint qu'on a perdu un certain montant de valeur ajoutée. Il nous appartient à nous, chefs d'entreprises, de retrouver d'autres marges en matière de valeur ajoutée et en développant d'autres activités annexes.
A propos, quel est votre parcours professionnel et comment faites-vous pour concilier vos deux casquettes de chef d'entreprise et de président de la FFB ?
Je fais quasiment 35 heures tous les 2 jours et sur 7 jours. C'est dur, mais j'ai déjà une entreprise structurée. J'ai 3 sociétés : une de taille artisanale avec 17 personnes, une autre de taille moyenne, d'une cinquantaine de personnes, et l'entreprise mère qui emploie 150 personnes. Nous sommes présents sur l'ensemble des activités du bâtiment, second-oeuvre, plombiers-chauffagistes, plâtrerie-peinture revêtements de sols.
Cette taille d'entreprise m'autorise à avoir mis en place une structure commune. J'ai un responsable de production, un responsable commercial et un responsable administratif et comptable, qui est mon épouse.
En ce qui me concerne, j'ai commencé ma carrière en 1974. Après avoir fait Sup de Co à Dijon, puis mon année de service militaire, je suis rentrée dans l'entreprise familiale, créée par mon père en 1931. J'ai deux enfants, mais ils ne reprendront pas l'entreprise. Ma fille est pharmacienne, elle a 26 ans. Mon fils a 18 ans et va passer en maths Spé et se dirige vers une école d'ingénieur. Le bâtiment n'a pas l'air de l'intéresser. A 52 ans, je commence donc à envisager la transmission de mon entreprise. Mes salariés seront donc mes repreneurs.
J'ai par exemple un jeune qui vient de terminer son école d'ingénieur par alternance. C'était un jeune qui était complètement paumé, en échec scolaire le plus total, que j'ai pris en BP, Bac Pro, BTS et il a maintenant un diplôme d'ingénieur. C'est la preuve que tout est possible dans nos métiers. Je fais donc tout pour transmettre l'entreprise à ces jeunes, qui ont aujourd'hui entre 26 et 30 ans. L'entreprise est déjà parfaitement découpée en unités, en services, mais on ira au-delà du service en créant une entité juridique distincte de façon à ce que cela fasse de petites entités de 2,3 à 3 millions d'euros et 30 à 35 personnes. Ce sont déjà des unités qu'ils dirigent, mais je veux leur donner une dimension de véritables chefs d'entreprises. Actuellement, j'ai déjà des jeunes qui passent en formation à l'Ecole supérieure des jeunes dirigeants du bâtiment, de façon à ce qu'ils aient au-delà de leur formation technique une formation de gestionnaire. C'est mon projet. Et je sais que j'en ai pour 12 ans.
Christian Baffy : Nos entrepreneurs en ont ras le bol des contraintes, telles que celles qu'on vient de nous imposer depuis un certain nombre d'années : insécurité juridique, complexité administrative, un empilement permanent des textes... L'attitude de nos entrepreneurs aujourd'hui est de dire : " Faites tout pour nous simplifier la tâche dans l'exercice de notre métier ". Car les entrepreneurs du bâtiment sont amoureux de leur métier et ils n'ont pas envie de s'empoisonner avec des contraintes administratives.
Êtes-vous inquiet de la conjoncture pour les prochains moins ?
La situation économique est bonne. L'année 2002 devrait connaître un volume d'activité identique à celui de 2000. En revanche un certain nombre de signes nous amènent à être prudents pour 2003, et notamment une baisse relativement importante des permis de construire, puisque les autorisations de construire chutent tant au niveau du résidentiel que du non-résidentiel. Nous observons sur les 4 premiers mois de l'année une baisse de -9,7 % par rapport à l'an dernier dans le non résidentiel.
Qu'attendez-vous du nouveau gouvernement ?
Nous avons déjà rencontré plusieurs membres du gouvernement pour attirer leur attention sur le fait que, compte tenu des contraintes budgétaires auxquelles le gouvernement va être confronté dans les jours qui viennent, il devra être très vigilant à ne pas être tenté de rogner quelques milliards d'euros qui viendraient terriblement perturber notre activité. Nous leur demandons de ne surtout pas toucher à l'ensemble des budgets de la loi de finance 2002.
Au cours des trois dernières années, grâce à une suractivité, le bâtiment a créé plus de 90.000 emplois et nous devrions en créer entre 5 à 6.000 cette année. Mais nous atteignons un sommet au niveau du volume d'activité et nos entreprises se sont dotées d'un outil de production qui correspond à peu près à cette demande. J'ai demandé que le volume d'activité soit au moins maintenu à son niveau actuel. C'est pour cela que nous disons " Surtout ne touchez à rien, améliorez ce qui existe ".
Car aujourd'hui, si notre activité est bonne en 2002, cela provient d'un certain nombre de curseurs qui sont bien positionnés, notamment la TVA à 5,5 %. Il s'agit d'une réelle bonne mesure qui a su créer 50 000 emplois et transformer une activité souterraine en une activité marchande. Surtout ne touchons pas à cette mesure et faisons tout pour qu'elle soit pérennisée ! L'ensemble des ministres concernés s'accorde à dire que c'est une vrai-bonne mesure pour le monde du bâtiment qu'ils feront tout pour défendre cette mesure auprès de Bruxelles.
Il y a aussi bien évidemment, toutes les aides à la pierre. C'est notamment le prêt à taux zéro qui n'a plus toute son efficacité puisqu'en 1997, 127 000 prêts ont été accordés alors qu'aujourd'hui nous en sommes à un petit peu moins de 100.000. Cette érosion s'explique essentiellement du fait que les niveaux de revenus ont été abaissés et que la réglementation a été de plus en plus restrictive. Il est important de restaurer le prêt à taux zéro. Comme il est important aussi de maintenir les autres aides à la pierre telles que les subventions de l'ANAH, les prêts locatifs sociaux, et bien sûr de développer la politique de démolition-reconstruction. C'est une vraie réponse à tous les problèmes d'insécurité que nous rencontrons dans un certain nombre de quartiers. Une fois que nous aurons atteint notre vitesse de croisière, on devrait pouvoir, grâce à cette nouvelle convention qui a été signée avec l'ensemble des partenaires sociaux, construire environ 30.000 logements par an. Pour cela, l'argent existe, c'est l'argent du 1%. Concrètement, ce sont les 460 millions d'euros que la Foncière va récupérer auxquels s'ajoutent une somme équivalente accordée à l'ensemble des opérations HLM de démolition et reconstruction.
Enfin, le gouvernement doit continuer à tout faire pour développer le locatif privé, notamment par l'amélioration de la loi Besson. Nous redemandons la possibilité de pouvoir en faire profiter les ascendants et des descendants et nous continuerons à nous battre, notamment sur la ré-évaluation de certains plafonds de ressources, surtout dans certaines zones, dont la Région Parisienne.
Comment interprétez-vous l'absence d'un ministre du Logement ?
Nous ne l'interprétons pas défavorablement. Lorsque je l'ai rencontré, Gilles de Robien était très au fait de tous les problèmes liés au logement. S'il est notre interlocuteur, ça me convient très bien parce qu'il connaît bien les problèmes de sa ville d'Amiens et tous les problèmes de logement, tant sociaux que privés. Avoir comme interlocuteur Gilles de Robien est un gage de sécurité. Je suis optimiste.
Le fait que le gouvernement n'ait pas donné de coup de pouce au SMIC et qu'il ait l'intention de l'harmoniser vous paraît-il une bonne chose pour les petites entreprises et pour l'emploi ?
Il ne sert à rien d'aggraver les coûts de production de nos entreprises. Le problème qui me paraît essentiel est d'harmoniser les cinq SMIC actuels. Quand tout le monde sera revenu à un SMIC commun, je pense qu'il faudra voir les choses un peu différemment. Je considère que l'amélioration du pouvoir d'achat de nos salariés ne doit pas se faire au travers d'un coup de pouce magique de 1,5 à 2,5 %. Il est préférable que l'on travaille au niveau de la réduction des charges sociales salariales et patronales. Je crois que la solution est là.
Justement, sur ce chantier de la baisse des charges, pensez-vous obtenir un jour gain de cause ?
Nous avions commencé à avoir gain de cause lorsque M. Juppé avait mis en place la réduction sur les bas salaires. C'est une demande forte de notre Fédération : nous voulons une réduction des charges jusqu'à 1,8 SMIC, quelle que soit la durée hebdomadaire de travail. Nous ne pouvons pas pénaliser les entreprises qui sont passées aux 35 heures. Il est important que cette exonération soit appliquée à l'ensemble des entreprises, quelle que soit leur taille. C'est une question d'équité.
Quels assouplissement demandez-vous concernant les 35 heures ?
Nos entreprises sont fatiguées de toutes les contraintes, autant juridiques que sociales. Elles ont besoin d'être capables de pouvoir répondre aux attentes exprimées par leurs clients. Car, et c'est normal, nos clients sont de plus en plus exigeants et veulent être livrés immédiatement. Pour cela, il est essentiel que nos entreprises aient des capacités de production suffisantes. Pour pouvoir ajuster les surcroîts d'activité ponctuels, les heures supplémentaires sont pour nous une variable essentielle d'ajustement. C'est pourquoi nous allons réclamer entre 180 et 200 heures, afin que nos entrepreneurs puissent travailler davantage, dès lors que leurs clients le leur demande, à un coût raisonnable. Nous demandons que le déclenchement du repos compensateur ne puisse se faire qu'à partir, au minimum, de la 181ème heure. Vous savez qu'à partir de la 131ème heure, le repos compensateur fait que vous payez votre heure normale plus une heure complémentaire, ça fait déjà 200%, + 25% de majoration : c'est à dire qu'une heure qui coûte 15 euros avant, coûte, avec le repos compensateur 34 euros.
A la FFB, nous avons toujours dit que ce n'était pas la réduction du travail qui crée des emplois, mais c'est bien l'activité. Dans le monde du bâtiment, très peu d'entreprises ont signé un accord de réduction du temps de travail, et sans avoir réduit la durée du travail de manière effective dans nos entreprises, elles ont créé 90.000 emplois. Je suis désolée pour Mme Aubry, mais les résultats sont là. C'est ce qu'on lui avait dit à l'époque, mais elle n'avait pas voulu nous écouter. Le gouvernement est parfaitement conscient que dès lors que nous avons de l'activité, ça se traduit de manière immédiate au niveau de l'emploi. Je crois que l'un des défis essentiels de ce gouvernement sera bien de remettre la France au travail. 2,2 millions de chômeurs, c'est impensable, alors que nous recherchons de la main d'oeuvre et que nous n'arrivons pas à en trouver. Il va falloir qu'on trouve des solutions. Nous sommes actuellement en train d'y travailler, notamment comment accueillir ces jeunes qui, aujourd'hui, sont soit chômeurs, soit en emplois non marchands. Comment arriver à les remettre au travail ? C'est un de premiers défis que j'entends relever au cours de mes 3 années de mandat : comment recruter, comment attirer les jeunes, comment attirer d'autres personnes ? Nous avons aussi un autre défi : comment savoir gérer les problèmes liés à nos salariés âgés. Il faudra que nous trouvions des solutions, notamment, les transformer éventuellement en tuteurs au niveau de nos entreprises parce qu'ils détiennent le savoir et la connaissance de nos métiers.
La transmission d'entreprises vous semble-t-elle une question prioritaire pour le gouvernement ?
La transmission de nos entreprises est le deuxième défi essentiel que j'ai à relever. Car à quoi servirait d'avoir un marché et de former des jeunes si demain on laisse mourir nos entreprises ? Ce sont 100 000 entreprises, 40.000 emplois qui sont concernés dans les 10 ans. Il relève de la responsabilité des organisations patronales de prendre en considération ce problème important et de demander que les contraintes administratives et fiscales puissent être allégées au maximum de manière à faciliter au mieux la transmission. Il faut aussi que nous imaginions un certain nombre d'initiatives de façon à ce que nous soyons capables de former nos repreneurs. Nous avons un gouvernement qui semblerait un peu plus tourné vers la création d'entreprises. Mais, nous avons attiré l'attention de M. Dutreuil sur le fait que la transmission-reprise était un élément essentiel pour nos entreprises, sachant que par rapport à d'autres professions, ce sont bien nos entreprises artisanales qui structurent socialement et économiquement l'ensemble des villages et des petits bourgs ruraux. Demain matin, voir disparaître une petite entreprise, c'est voir disparaître toute l'économie d'un village et petit à petit, voir disparaître ce village. Il est vrai que tout homme politique préfère aujourd'hui parler de création d'entreprises, qui signifie création de nouveaux emplois. Mais une entreprise qui est transmise, avec quelqu'un de bien formé et de bien accompagné dans la reprise de l'entreprise créera, demain, des emplois, parce qu'il aura la volonté de faire prospérer son entreprise.
Le projet de création d'un contrat jeune 16-22 ans par le gouvernement, avec exonération totale de charges sociales, ne risque-t-il pas de porter un sale coup à l'apprentissage ?
Non. Tant au niveau scolaire qu'au niveau apprentissage, nous avons 170.000 jeunes en formation, 100.000 en voie scolaire et 70.000 en apprentissage. A niveau d'activité constant, nous avons un besoin de renouvellement de nos salariés âgés partant à la retraite de 60.000 par an. Compte tenu d'une formation moyenne de l'ordre de 3 ans, le nombre de jeunes en formation ne couvre pas tout à fait les besoins de la profession, sans parler d'accroissement d'activité. Nos entreprises ont besoin de personnel. Nous travaillons actuellement à des solutions et à des simulations que nous proposerons à François Fillon. Notre idée, c'est que l'on puisse former ces jeunes dans nos entreprises. Le fait qu'ils soient totalement exonérés de charges sociales représentera un coût beaucoup plus supportable pour nos entreprises, et un gage de réussite pour ce type de formation.
Face à ce problème de main d'oeuvre, pensez-vous qu'il soit nécessaire de recourir à une main d'oeuvre étrangère dans les prochaines années ?
Avant qu'on parle d'immigration, j'aimerai bien qu'on remette au travail ces Français qui sont actuellement accrochés au système des indemnités de chômage. Ca me hérisse le poil d'entendre certaines déclarations qui préconisent de recourir à la main d'oeuvre des Pays de l'Est. Commençons déjà par remettre les Français au travail. Ensuite, si les besoins sont supérieurs aux possibilités offertes, on pourra penser à l'immigration. Il en va de l'équilibre budgétaire de notre pays, de la moralité, du moral de nos chefs d'entreprises et de nos salariés, qui n'acceptent plus aujourd'hui de se lever à 7h00 du matin pour gagner quelques centaines d'euros de plus que quelqu'un qui va faire un peu de boulot au noir, toucher ses aides, et ne pas aller bosser.
La solution viendra des jeunes. Mais aujourd'hui, qu'est-ce qui peut les attirer vers les petites entreprises du bâtiment ?
Notre profession fait énormément d'efforts pour poursuivre l'amélioration de l'image de nos métiers. Attirer les jeunes était d'ailleurs l'une des idées premières de notre campagne " Coup de jeune du bâtiment ", lancée en 1999. Nous souhaitions que nos chefs d'entreprise aillent parler de leur métier directement aux jeunes des collèges. Car c'est à nous d'apporter la preuve que nos métiers sont valorisants, qu'on peut y faire carrière. Le bâtiment est un véritable ascenseur social. A partir d'un CAP, on peut gravir un certain nombre d'échelons et arriver à un diplôme d'ingénieur, grâce à la formation continue ou en alternance, et pourquoi pas, devenir demain patron. Nous allons continuer cette opération de fidélisation/séduction par le développement de compétences de nos jeunes, en mettant en place des systèmes de formation continue qui soient encore plus adaptés à nos entreprises. Il faut que l'on restaure certaines valeurs, notamment la valeur du travail et qu'on arrête de subventionner le temps libre. Je pense que des jeunes seront prêts à venir, dès lors qu'on leur dira qu'on ne peut gagner sa vie qu'en travaillant.
Ce qui est essentiel pour un jeune qui rentre dans nos entreprises, c'est qu'on puisse déjà bien l'accueillir. Une de mes grandes idées serait de repositionner nos métiers, repositionner le bâtiment. J'envisage pour cela de mettre en place une grande journée nationale du bâtiment, qui pourrait ressembler à la grande journée du patrimoine. Sur l'ensemble du territoire, nos entreprises ouvriraient leurs portes et celles de leurs chantiers et pourraient communiquer avec les jeunes, avec leurs parents, avec des profs de CFA... Cette journée aura lieu vers mars-avril 2003. Nous pourrons ainsi communiquer sur les salaires réels versés à nos salariés, car nous n'avons pas à en rougir. Les idées reçues sont fausses parce que nous communiquons toujours sur des minima. Au niveau national, lorsqu'on évoque le salaire moyen versé à un salarié est de 1.340 euros, cela ne veut rien dire. Nous allons pouvoir communiquer au niveau régional. En outre, un grand nombre d'entreprises développent d'autres avantages et offrent des rémunérations complémentaires : plans d'intéressement, chèques-vacances... Nous menons actuellement une négociation sur l'épargne salariale avec les partenaires sociaux. Notre volonté est d'apporter ce type de compléments de salaire pour que nos salariés comprennent bien que dès lors que la productivité est meilleure dans l'entreprise, la rentabilité est meilleure, et qu'ils peuvent ainsi participer aux fruits de l'expansion de l'entreprise.
Quelles sont les évolutions en termes de métiers et les nouveaux marchés qui se profilent pour les prochaines années ?
Au sein de la FFB, nous avons mis en place un groupe de réflexion sur l'évolution de nos métiers à 2010, mais aussi sur l'évolution de nos comportements d'entrepreneurs. Nous devons absolument introduire la notion de clientèle. Trop souvent, nos chefs d'entreprises oublient que la finalité des entreprises est bien évidemment de produire, mais que c'est avant tout de satisfaire nos clients. Il appartient à chaque chef d'entreprise de s'orienter vers cette voie. Un chef d'entreprise aujourd'hui doit être à l'écoute de ses clients. Leurs besoins évoluent. Ils souhaitent avoir de plus en plus une offre globale ou encore faire des travaux sans avoir les financements nécessaires.
Nous réfléchissons donc sur le fait que nous devons apprendre à nos clients à consommer du bâtiment, comme on nous apprend à consommer de l'électroménager, des vacances, des automobiles... Cela se voit déjà dans l'aménagement de cuisines et de salles de bains. Des plombiers font une offre globale, incluant les travaux d'installation de salles de bains, de carrelage, de plomberie... Au-delà du métier, il y aura un certain nombre de choses à intégrer pour continuer à développer le marché. On se plaint qu'on a perdu un certain montant de valeur ajoutée. Il nous appartient à nous, chefs d'entreprises, de retrouver d'autres marges en matière de valeur ajoutée et en développant d'autres activités annexes.
A propos, quel est votre parcours professionnel et comment faites-vous pour concilier vos deux casquettes de chef d'entreprise et de président de la FFB ?
Je fais quasiment 35 heures tous les 2 jours et sur 7 jours. C'est dur, mais j'ai déjà une entreprise structurée. J'ai 3 sociétés : une de taille artisanale avec 17 personnes, une autre de taille moyenne, d'une cinquantaine de personnes, et l'entreprise mère qui emploie 150 personnes. Nous sommes présents sur l'ensemble des activités du bâtiment, second-oeuvre, plombiers-chauffagistes, plâtrerie-peinture revêtements de sols.
Cette taille d'entreprise m'autorise à avoir mis en place une structure commune. J'ai un responsable de production, un responsable commercial et un responsable administratif et comptable, qui est mon épouse.
En ce qui me concerne, j'ai commencé ma carrière en 1974. Après avoir fait Sup de Co à Dijon, puis mon année de service militaire, je suis rentrée dans l'entreprise familiale, créée par mon père en 1931. J'ai deux enfants, mais ils ne reprendront pas l'entreprise. Ma fille est pharmacienne, elle a 26 ans. Mon fils a 18 ans et va passer en maths Spé et se dirige vers une école d'ingénieur. Le bâtiment n'a pas l'air de l'intéresser. A 52 ans, je commence donc à envisager la transmission de mon entreprise. Mes salariés seront donc mes repreneurs.
J'ai par exemple un jeune qui vient de terminer son école d'ingénieur par alternance. C'était un jeune qui était complètement paumé, en échec scolaire le plus total, que j'ai pris en BP, Bac Pro, BTS et il a maintenant un diplôme d'ingénieur. C'est la preuve que tout est possible dans nos métiers. Je fais donc tout pour transmettre l'entreprise à ces jeunes, qui ont aujourd'hui entre 26 et 30 ans. L'entreprise est déjà parfaitement découpée en unités, en services, mais on ira au-delà du service en créant une entité juridique distincte de façon à ce que cela fasse de petites entités de 2,3 à 3 millions d'euros et 30 à 35 personnes. Ce sont déjà des unités qu'ils dirigent, mais je veux leur donner une dimension de véritables chefs d'entreprises. Actuellement, j'ai déjà des jeunes qui passent en formation à l'Ecole supérieure des jeunes dirigeants du bâtiment, de façon à ce qu'ils aient au-delà de leur formation technique une formation de gestionnaire. C'est mon projet. Et je sais que j'en ai pour 12 ans.