RELANCE. La ministre du Travail appelle les entreprises et les salariés à reprendre une activité normale pour éviter que l'emploi n'en pâtisse. Muriel Pénicaud a aussi fourni les derniers chiffres sur le chômage partiel et annoncé une évolution des guides de bonnes pratiques sanitaires.
La page du chômage partiel doit se tourner pour laisser place à celle de la reprise d'activité. C'est ce qu'a réaffirmé Muriel Pénicaud chez nos confrères de Radio Classique ce 17 juin 2020, en faisant un point d'étape sur la situation de l'emploi et des conditions de travail en cette période de reprise post-Covid. En premier lieu, la ministre est revenue sur le dispositif de chômage partiel mis en place par le Gouvernement dès le début du confinement sanitaire à la mi-mars, en le présentant comme "ce bouclier massif qu'on a mis en place pour sauver l'emploi et éviter les ruptures de contrats massives". D'après Muriel Pénicaud, "à fin mai il y avait encore 7,8 millions de Français qui, au cours du mois de mai, ont été au chômage partiel, mais c'est moitié moins d'heures qu'en avril", ce qui fait dire à la ministre du Travail que "la décrue est vraiment manifeste, c'est vrai notamment dans le commerce et dans le bâtiment". Cette mesure symbolique aura cependant et bien évidemment un coût, qui est estimé par l'exécutif à "pas loin de 17 milliards d'euros" depuis le début de la crise sanitaire.
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"Il fallait le faire (le chômage partiel) pour protéger ; maintenant que les conditions sanitaires s'améliorent et qu'on a tous les protocoles pour travailler en sécurité, il faut vraiment que ça reparte, et j'espère qu'en juin on verra une reprise massive, parce que là ça devient dangereux pour l'emploi si on ne reprend pas plus massivement."
Partant de ce constat et au vu des circonstances, Muriel Pénicaud appelle donc les entreprises comme les salariés à reprendre une activité normale pour éviter des répercussions trop négatives sur l'emploi : "La reprise d'activité économique sera, maintenant, ce qui permettra le maintien durable de l'emploi, parce que, quand même, on est encore très loin de la normale à fin mai", a-t-elle assuré. Le temps du retour au travail à temps plein est donc venu si l'on en croit la ministre, qui a d'ailleurs été interrogée sur les récents propos d'Emmanuel Macron demandant à nos compatriotes de "travailler davantage". Selon elle, le président de la République a voulu dire par là que chaque salarié devait retourner travailler à hauteur d'une activité normale : "Un système très protecteur, il est financé comment ? Par la richesse nationale, qui est produite comment ? Par le travail de tous. (...) Tous ceux qui étaient au chômage partiel, que leur contrat soit bien réactivé ; que tous les salariés intérimaires, qu'ils trouvent des chances de recrutement ; et il faut donner sa chance à la jeunesse", a-t-elle fait valoir, faisant référence aux premières mesures annoncées pour soutenir l'apprentissage et la formation professionnelle.
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Un protocole "allégé" pour la fin juin
La ministre du Travail a également annoncé une évolution prochaine des fameux guides de bonnes pratiques sanitaires, élaborés pendant le confinement en collaboration avec les différents secteurs d'activité et branches professionnelles pour rassurer employeurs et employés sur une reprise d'activité en toute sécurité. A l'heure actuelle, 70 "guides-métiers" ont ainsi vu le jour, aux côtés d'un "protocole sanitaire de déconfinement", mais ces procédures administratives engendrent des surcoûts, notamment dans le bâtiment, et compliquent la vie quotidienne des patrons et des salariés. Considérant que les conditions sanitaires actuelles de la France sont dans "une dynamique positive" et permettent donc un assouplissement de ces règles, Muriel Pénicaud a affirmé qu'une nouvelle version du protocole est en cours d'élaboration : "(...) je suis en train de travailler ces jours-ci avec mes équipes et les partenaires sociaux sur un protocole de déconfinement allégé pour les entreprises et qui remplacera l'ensemble des guides ; ce sera beaucoup plus simple, et ça, ça devrait pouvoir arriver la semaine prochaine". Et d'insister : "Ça va permettre de travailler en toute sécurité mais de façon un peu plus simple dans les entreprises".