RÉNOVATION URBAINE. A l'occasion d'un colloque concernant l'innovation dans les opérations de rénovation urbaine, le ministre de la Ville et du Logement a évoqué les enjeux dans ce domaine, invitant les acteurs à aller plus loin que la pure et simple rénovation du bâti. Évoquant également l'importance de rendre les chantiers liés au Jeux olympiques 2024 "inclusifs". Détails.
Ces derniers mois, 5,7 milliards d'euros ont été engagés dans la rénovation urbaine, avec à la clé des dizaines de milliers de constructions et de rénovations, mais aussi la réfection de 200 écoles et 300 équipements publics. Mais le ministre de la Ville et du Logement, qui effectuait ce bilan le 6 juin 2019 lors d'un colloque de l'Agence nationale de rénovation urbaine (Anru), a affirmé qu'il fallait aller plus loin. "La rénovation du bâti, des logements, est évidemment nécessaire : mais il faut aussi développer une véritable politique de l'habitat. C'est un projet de société, de cohésion des territoires, qui vise à permettre à chacun de maîtriser son destin", a détaillé Julien Denormandie.
Ne pas refaire les mêmes erreurs qu'il y a 30-40 ans
Le ministre a milité pour une approche globale dans les projets, incluant par exemple, au-delà de la stricte rénovation, les problématiques de nature, d'environnement, de numérique ou encore de sécurité (remettre de la lumière dans un parking mal éclairé, ou éviter les voies sans issue). "Il arrive que nous devions rénover des immeubles construits il y a tout juste 30, 40 ans. Cela nous pose question, et nous rappelle que nous sommes tous responsables des choix effectués aujourd'hui : il ne faut pas refaire les erreurs commises alors pour que dans trente ans nous lancions un énième nouveau plan de rénovation urbaine...", a-t-il aussi rappelé.
C'est sur le thème de l'innovation, cher au ministre, que l'Anru avait organisé un débat autour de son réseau de start-up, PME et structures de l'économie sociale et solidaire, engagées à "déployer leur solutions d'innovation dans les quartiers sur lesquels l'agence intervient", nous informe un communiqué de presse. "Les innovateurs ont le mérite de partir de problèmes concrets rencontrés sur le terrain ; d'imaginer une solution à partir de cela", a rappelé Julien Denormandie. Mais pour dynamiser cette dimension, encore faudrait-il "inventer un système d'accompagnement de l'innovation, auprès des élus locaux, des gens de terrain". De manière, dans un second temps, à diffuser les bonnes pratiques sur tout le territoire.
"Si les chantiers des JO 2024 sont faits par des travailleurs détachés et non pas par des jeunes locaux, nous aurons un problème"
"Les Jeux olympiques constituent une opportunité massive pour développer l'innovation", a également assuré Julien Denormandie. "Nous avons d'ailleurs innové pour cela, inventant des permis de construire à double détente, pour l'infrastructure dans un premier temps, puis pour la transformation de celle-ci en logements après l'évènement."
Autant de travaux durant lesquels les jeunes locaux devront être impliqués et embauchés massivement. "Si l'on ne s'arrange pas pour que les JO soient inclusifs avec les habitants locaux, nous auront un immense problème", a prévenu le ministre de la Ville. "C'est un peu ce qu'il s'est passé à Londres ou au Brésil : nous avons vu les tensions sociales qui ont suivi. Si cela se fait par des travailleurs détachés et pas par des jeunes locaux, il y aura un problème."