MAISON D'ARCHITECTE. Un chalet en bois dans la vallée de Chamonix... Rien de plus banal, mais celui rénové par l'architecte Renaud Chevallier arbore des lignes très contemporaines qui tranchent avec les traditionnels rondins de bois. Quand l'architecture de montagne se renouvelle. Visite.
D'une vieille remise, Renaud Chevallier en a fait une maison contemporaine aux lignes épurées. L'originalité, c'est son emplacement. En effet, le projet se situe en plein cœur de la très préservée vallée de Chamonix (Savoie), où le traditionnel rondin de bois est légion.
C'est sans compter sur la pugnacité de l'architecte, qui a réussi le tour de force d'intégrer de la modernité dans les lignes architecturales de la région. Son projet de chalet Piollet en est la preuve.
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Contrainte du PLU
"Comme vous pouvez imaginer, il est difficile de trouver une maison sur Chamonix et ses environs. Les biens sont rares, et surtout très chers. J'ai eu l'opportunité de trouver cette vieille remise montée sur rondins qui n'avait ni valeur patrimoniale ni architecturale. La seule contrainte qui m'était imposée : conserver les volumes. Donc impossible de la raser entièrement, ce qui aurait été plus simple", nous confie Renaud Chevallier, architecte du projet du chalet Piollet.
Partant de cette contrainte, il décide donc de travailler le volume existant, mais avec une approche très contemporaine. Ce qui est peu usuel en montagne… Après de nombreuses discussions avec la mairie de Chamonix, le projet est validé.
Mélèze non traité
"C'est le premier chalet sans avant-toit de la vallée de Chamonix, nous explique fièrement Renaud Chevallier. En outre, nous avons réussi à imposer le même matériau sur les murs et en toiture". Il s'agit ici de mélèze non traité, afin qu'il puisse se teinter avec le temps, et prendre une couleur gris-noir qui permettra, à terme, à la maison de se fondre complètement dans son environnement.
PAC en puisage
Le chalet Piollet est aussi la propre habitation de l'architecte. Pour lui, il était important d'en faire un exemple, notamment en termes de style architectural, mais aussi de démarche environnementale. Renaud Chevallier privilégie donc des matériaux de qualité et des solutions techniques qui rendent le bâtiment économe en énergie.
Ainsi, l'architecte a choisi une pompe à chaleur en puisage. Le principe : pomper l'eau de la nappe qui est à une température de 12° C, la rejeter à 8° C, et au passage, récupérer la chaleur. "Avec ce système, on n'utilise pas la ressource eau, mais uniquement sa chaleur, détaille le maître d'oeuvre. Ce qui permet d'avoir une facture de chauffage de l'ordre de 450/500 euros par an".
Super isolation
La pompe à chaleur fonctionne avec un plancher chauffant, des sèche-serviettes viennent en appoint, tandis qu'un poêle à bois trône dans le salon. "On pensait en avoir besoin en hiver, mais on s'est rendu compte qu'il fallait ouvrir les fenêtres tant la maison est bien isolée", sourit Renaud Chevallier.
En effet, côté isolation, l'architecte a préconisé 35 cm de laine de roche dans les murs et 30 cm sur le toit. Cette couverture isolante, habillée de bardage en mélèze, enveloppe ainsi l'ossature bois existante.
Effet boule de neige
Interrogé sur une éventuelle installation solaire, l'architecte nous confirme qu'en région montagneuse, cette option n'est pas encore envisageable. "Les produits ne sont pas encore bien adaptés à nos régions, à cause notamment des masques montagneux qui font varier le rayonnement".
Après onze mois de travaux, le chalet a été livré. Comment jongler avec une météo bien particulière ? "Il ne faut pas rater la bonne période. En général, on débute le terrassement vers avril/mai, on coule béton et on monte la charpente ensuite. L'idée est de mettre la maison hors d'eau hors d'air avant l'hiver. Puis durant cette saison, place au second œuvre et à la finition. Les aménagements extérieurs sont ensuite finalisés au printemps suivant. C'est globalement le rythme de construction en montagne", détaille Renaud Chevallier.
Ce projet d'avant-garde a depuis fait boule de neige. Il a inspiré l'architecture des maisons alentours, parvenant à recréer tout un quartier. "Le style architectural est désormais de plus en plus contemporain", se réjoui Renaud Chevallier.
Chambre parentale
La chambre la plus spacieuse fait face au Drus, elle a la particularité de posséder une alcôve extérieure greffée sur la façade. Cette "boite en métal" se veut être un espace détente et contemplatif face à l'une des montagnes les plus emblématiques du massif du Mont-Blanc.
Ouverture vers l'extérieur
Très ouverte sur l'extérieur, cette habitation est à l'image de la représentation de la vie que se fait l'architecte : tous les êtres humains sont des acteurs d'un théâtre quotidien.
Vue sur la montagne
Depuis le rez-de-chaussée, le jardin est accessible via une large baie vitrée qui ouvre la vue et offre un apport de lumière considérable.
Symétrie et angles
D'aspect général, le bâtiment repose sur un travail de symétrie et anguleux.
Intérieur sobre et élégant
Au rez-de-chaussée, se trouve un grand espace salon, cuisine américaine et garage. Celui-ci est un clin d'oeil aux maisons américaines des années 60/70.
A l'intérieur, les renforts de structure (pièces gris anthracite) permettent un large open space. La décoration est sur un thème blanc/noir.
Fiche technique
Programme : Réhabilitation d'une remise en maison individuelle contemporaine
Lieu ; Les Praz de Chamonix, adjacent au parcours de Golf Trent Jones (7 km du centre ville de Chamonix)
Lieu ; Les Praz de Chamonix, adjacent au parcours de Golf Trent Jones (7 km du centre ville de Chamonix)
Maître d'ouvrage et maître d'oeuvre : Chevallier Architectes
Durée des travaux : 11 mois
Livraison : 2012
Surface utile : 134 m2, R+2
Coût de la rénovation TTC : 473.000 euros