CONSULTATION. Le Conseil économique, social et environnemental (Cese) a présenté ce mercredi 11 juillet 2018, un projet d'avis d'accélération du déploiement de la nature en ville. Ce document contient entre autres, des préconisations sur les politiques publiques du logement et d'aménagement du territoire.
"J'aimerais que, systématiquement, l'on se pose la question de comment faire de la nature et du logement", déclare à l'AFP, la consultante environnement et biodiversité au Conseil économique, social et environnemental (Cese), Annabelle Jaeger. Cette problématique faisait l'objet du projet d'avis "la nature en ville : comment accélérer la dynamique ?" qui a été présenté à l'assemblée plénière du Cese. Au cœur de ce document, 22 préconisations pour permettre le développement de la biodiversité dans les villes.
Le Cese s'attarde notamment sur la politique du logement et l'aménagement du territoire. "Remettre sur le marché une partie des trois millions de logements vacants, conditionner les aides à la rénovation et à la prise en compte de la nature et intégrer des objectifs de réintroduction de la nature en ville dans le cadre du plan "cœur de ville", dédié à 222 villes moyennes" sont les principales suggestions du Conseil. Il cible notamment "la dichotomie entre la volonté de densifier la ville et également d'y faire de la place pour la nature apparue au long des auditions". Cependant, Annabelle Jaeger constate, auprès de l'AFP, que lorsque la question entre faire du logement ou faire de la nature se pose, le choix se porte vers l'immobilier. Autre alerte : le projet de loi relatif à l'Évolution du logement, de l'aménagement et du numérique (Elan) "pourrait ne pas aller dans le bon sens. Son objectif d'induire un "choc de l'offre" par le neuf vise à construire plus, en mobilisant plus de terrains intra et extra muros donc moins de nature périurbaine et intra urbaine. Par ailleurs, la méthode proposée visant à diminuer les normes dont celles environnementales ou en rendant purement consultatif l'avis de l'architecte des bâtiments de France (ABF) dans des sites sensibles ne permettra pas de prendre en compte les enjeux de nature à leur juste mesure".
Les exemples de Muttersholtz et Fribourg
Afin d'intégrer la biodiversité dans les politiques publiques, le Cese met en avant la solution du recyclage foncier : "Élaborer un dispositif pour recycler le foncier des friches industriels urbaines au profit d'opérations intégrant de la renaturation". Le paysagiste Thierry Laverne, cité en exemple par le Cese, a ainsi réfléchi à une nouvelle manière d'aménager le territoire existant. Ce dernier a réuni l'ensemble des acteurs publics et privés, pour penser un mélange des zones et des biens et imaginer la manière la plus efficace d'utiliser les espaces. "De ce point de vue, le rôle des acteurs et actrices du portage foncier à long terme, tels que les Établissements publics fonciers (EPF), mérite d'être mentionné. Certains EPF ont effectivement pu bâtir de véritables stratégies de lutte contre l'étalement urbain, orientation qu'il importe d'harmoniser au travers des différents établissements en s'inspirant des plus volontaires ou des plus efficaces", précise le Conseil.
"Les espaces naturels, verts ou friches sont des espaces rares et précieux ! Il nous faut les gérer tels quels. Nous avons fait le choix de poser les limites de constructibilité de notre plan local d'urbanisme pour en rester à l'enveloppe urbaine et en jouant sur les marges de manœuvre : dents creuses, logements vacants", explique pour sa part Patrick Barbier, maire de la ville de Muttersholtz, dans le Bas-Rhin, élue capitale française de la biodiversité. Ce dernier ajoute : "Si Muttersholtz est une petite commune (2.063 habitant en 2015 selon l'Insee), il est possible de penser une ville dense et intégrant la nature, c'est le cas de Fribourg, en Allemagne, où le logement collectif, sur plusieurs étages, intègre l'accès aux espaces verts. Les voitures sont rangées en silo à l'extérieur pour libérer ces espaces". L'ensemble du projet a été présenté et adopté en assemblée plénière du Cese, ce mercredi 11 juillet 2018, en présence du ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot.