Issu d’une famille de tuiliers, Jean-Philippe Dubet a ouvert son propre atelier en région Rhône-Alpes depuis bientôt 8 ans. Aux côtés de ses quatre autres employés, il travaille à la fois faïences au mur et terres cuites au sol. Découverte de son univers en céramique avec quelques unes de ses réalisations : la rénovation des faïences murales des Champagnes Pommery à Reims ou encore l’église de Saint-Nicolas de Véroce (74).

Cinquième génération d’une famille de tuiliers, Jean-Philippe a créé son propre atelier en 2000 dans lequel il travaille avec quatre autres personnes. L’idée de départ était d’ouvrir un atelier davantage spécialisé dans la décoration. L’émail et la faïence arrive aujourd’hui en second plan derrière son activité principale : les carreaux en terre cuite pour le sol.

«Quand on naît dedans, la passion de la terre ne vous lâche pas», explique Jean-Philippe Dubet. Après l’obtention de son bac littéraire, c’est son père qui le forme à ce métier. A côté de son apprentissage, il prend des cours d’anglais pour faciliter ses contacts avec l’étranger. Ce qui se révèle positif, puisqu’on peut retrouver ses carreaux dans un magasin de chaussures à Hiroshima, commandés par un architecte japonais.

Carreaux de sols
C’est la transformation de la matière qui passionne Jean-Philippe Dubet. Il souligne le côté «empirique» de cet artisanat, comme notamment la part immaîtrisable de la cuisson. Chaque atelier utilise des terres différentes et le sien travaille l’argile de Bourgogne. Dans cette carrière, on peut distinguer deux argiles : l’une beige et l’autre rouge. La matière est utilisée pour les carreaux au sol. Elle est cuite entre 1.000 et 1.100 degrés. On peut mélanger à proportion variable l’une ou l’autre et jouer sur la cuisson pour obtenir la teinte souhaitée.

Carreaux muraux
Pour les murs, il utilise de la terre à faïence qui est de l’argile blanche provenant d’Espagne. La matière est ensuite cuite à 1.080 degrés. Pour colorer les carreaux aux murs, il s’agit d’une technique similaire aux maîtres verriers puisque c’est une vitrification. On enduit la face du carreau d’une texture à base de poudre de silice mélangée dans l’eau avec des oxydes colorants. L’émail peut être décoré soit quand il est cru – on parle de décor grand feu – ou alors lorsqu’il est déjà cuit. Cette technique s’appelle alors décor à petit feu.

Rénovation de monuments historiques
Son atelier a participé à de nombreuses rénovations de monuments historiques, parmi lesquels : la maison du patrimoine à Embruns (05), l’église de Saint-Nicolas de Veroce (74), les Champagnes Pommery à Reims, une ancienne brasserie belge transformée en musée d’art contemporain,… «Refaire à l’identique, cela impose une exigence et une recherche technique», précise Jean-Philippe Dubet. Il se rappelle à ce propos d’un projet de chantier dans une église : «J’ai ressenti une certaine émotion en tenant dans mes mains un des carreaux décorés de la fresque au sol». La pièce datait du 17ème siècle et il y était apposé l’écriture du peintre de l’époque.

«Epouser l’art roman avec la finesse de la Renaissance», c’est de cette manière que l’artisan pourrait définir son travail, qui aime particulièrement rénover les sols d’églises.

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