Les souffleries aérodynamiques, loin de s'essouffler malgré l'essor de la modélisation numérique qu'elles complètent et valident, fêtent leur centenaire en France. Apparues avec les balbutiements de l'aéronautique, elles sont aujourd'hui indispensables aussi bien à l'aérospatiale et aux télécommunications, qu'à l'automobile ou au génie civil. Une exposition parisienne retrace les évolutions de ces équipements scientifiques d'exception implantés partout sur le territoire.
La soufflerie Eiffel installée à Auteuil, propriété du CSTB depuis 2001, fêtait l'an dernier ses 100 ans. Pour souffler ses 101 bougies, la mairie du 16e arrondissement a décidé d'accueillir, pendant une dizaine de jours (voir encadré), une exposition rétrospective portant sur les différents équipements de ce type que compte la France et sur leur évolution au cours du dernier siècle. Car l'aérodynamique, apparue avec les premières recherches des pionniers de l'aviation, est une discipline commune à de nombreux secteurs industriels et les souffleries connaissent de nombreuses applications, encore aujourd'hui au temps du tout numérique. Le laboratoire Eiffel œuvre notamment pour l'aérodynamique des véhicules mais également pour l'aéraulique industrielle ou pour l'ingénierie du bâtiment.
Les souffleries françaises…
L'exposition, ouverte gratuitement au public, présente les maquettes utilisées lors de ces tests, réalisés à l'époque en bois et désormais en fibre de verre, métal ou mousse, qui sont des objets de haute technologie. L'expérimentation, les méthodes de mesure et la modélisation numérique, indissociables, sont expliquées sur les panneaux de la salle des fêtes de la mairie. Diverses souffleries françaises sont évoquées, dont la grande soufflerie aéronautique S1MA de Modane, héritée des Allemands en 1945 qui permet d'atteindre des vitesses de vent de 1.100 km/h (mach 1) dans une veine de 200 m². D'autres équipements installés sur le même site en Savoie sont même capables de générer des vitesses encore bien supérieures, comme la soufflerie supersonique S2 (mach 3,1) ou la soufflerie S4 à rafales, alimentée par un réservoir de 29 m3 d'air comprimé à haute pression (270 bars) qui, une fois relâché, entraîne un écoulement hypersonique atteignant mach 12 ! La soufflerie automobile S2A de Montigny-le-Bretonneux est, quant à elle, munie d'un tapis roulant permettant de reproduire les mouvements de roulement des véhicules jusqu'à une vitesse de 240 km/h.
Pour le bâtiment, outre la soufflerie Eiffel, le CSTB présente son autre équipement dédié à l'étude des écoulements aérodynamiques : la soufflerie climatique Jules Vernes de Nantes. Cette dernière permet de reproduire diverses conditions comme la pluie ou la neige sur des maquettes d'ouvrages de génie civil. Y sont étudiés les profils des tabliers de ponts avec leurs superstructures (afin d'éviter de rencontrer le phénomène de résonnance vibratoire sous l'effet du vent qui avait mené à la ruine du pont de Tacoma en 1940 aux Etats-Unis), ou les effets de l'accumulation de neige sur de grandes couvertures. Les essais menés ont notamment permis de mettre au point les écrans brise-vent de ponts destinés à assurer la sécurité des véhicules les traversant.
… toujours stratégiques
Plus que jamais d'actualité, les souffleries continuent d'évoluer, notamment grâce aux progrès de la métrologie avec l'avènement du laser qui ont ouvert la voie à la mesure des champs d'écoulement par images de particules (PIV). Une méthode encore expérimentale voilà 15 ans et désormais d'usage courant. Les grands équipements revendiquent encore leur place dans la recherche de réponses aux défis environnementaux grâce à des réponses industrielles plus pertinentes au point de vue économique et écologique.
Exposition à la Mairie du 16e arrondissement, 71 avenue Henri Martin ;
du vendredi 5 avril au samedi 13 avril 2013 ;
de 10h00 à 17h00 (19h30 le jeudi) et de 09h00 à 12h30 le samedi ;
entrée libre